Alexis Braconnier ex candidat à Top Chef –  » Je suis vraiment à poil – ce restaurant, c’est toute ma vie, j’y ai mis tout mon investissement. Je n’ai pas de trésorerie … » il lance une cagnotte pour sauver son affaire

08 juin 2020  0  Chefs & Actualités F&S LIVE
 

signature-food-and-sens Beaucoup de jeunes entrepreneurs se retrouvent dans la même situation qu’Alexis Braconnier, il a eu le courage de lancer sa propre affaire, mais malheureusement quelques mois plus tard la crise épidémique du COVID a éclaté, le laissant comme de nombreux nouveaux exploitants sans trésorerie, et sans la possibilité d’obtenir d’aide car pas assez d’antériorité dans leur affaire. 

Alexis Braconnier a décidé de lancer une cagnotte pour combler une partie de la trésorerie dont il a besoin pour couvrir ses dettes et relancer son affaire, retrouvez son interview sur LCI.

Pour soutenir le chef cliquez ICI et rejoignez la cagnotte solidaire  » Sauve Aussi(e), ton restaurant de quartier « 

INTERVIEW – Candidat du concours culinaire de cuisine de M6, le jeune chef de 30 ans lutte pour la survie d’Aussi(e), son établissement parisien ouvert il y a un peu plus d’un an seulement. « C’est toute ma vie, j’y ai mis tout mon investissement », témoigne-t-il auprès de LCI.

Propos recueillis par Delphine DE FREITAS

Il avait mis en place un cocon de douceur où les odeurs de la cuisine débarquaient directement en salle. Une ode à la street-food venue d’Australie, d’où est originaire une partie de sa famille, en plein coeur du 11e arrondissement de Paris. Mais depuis plus de deux mois, les portes d’Aussi(e) sont closes. Alexis Braconnier n’a pas revu ses fourneaux depuis la fermeture des restaurants imposée par le gouvernement le 14 mars, en pleine pandémie de coronavirus.

Aujourd’hui exilé de la capitale pour des raisons budgétaires, le jeune homme, qui a fêté ses 30 ans pendant le confinement, n’a pas les fonds suffisants pour pouvoir rouvrir son établissement dans de bonnes conditions. Depuis l’île de Ré, où il loge chez un ami chef également, il raconte à LCI la genèse de la cagnotte qu’il a lancée en ligne pour pouvoir sauver ce projet qui représente « toute sa vie ».

Aujourd’hui, on a la chance de pouvoir avoir des reports sur nos loyers. Mais ils seront dus dès qu’on rouvrira. C’est plutôt compliqué– Alexis Braconnier

LCI – La fermeture des restaurants, cafés et bars a été annoncée le 14 mars à 20h pour une mise en place quatre heures plus tard. Vous étiez en plein service. Comment avez-vous réagi ?

Alexis Braconnier : N’étant pas quelqu’un qui regarde beaucoup les médias, j’ai appris ça par mes clients. On était complet ce soir-là mais seulement la moitié des gens sont venus. On avait pas mal de marchandises donc, avec mon second, Thomas, on s’est concerté assez rapidement et on a fait un menu à 20 euros pour tout le monde. On a mis la musique la fond, on a essayé de décompresser. Le lendemain, j’avais encore du stock, donc j’ai commencé à vendre à emporter. Des habitués sont venus me dire au revoir mais je ne considérais pas que c’était un adieu. Je pensais que ça allait durer une semaine et qu’après on repartait. Au final, j’ai donné tout ce qui restait, comme des paniers de légumes et des oeufs. Le soir-même, j’ai fait mon sac parce que je ne me voyais pas rester dans mon appartement qui était en travaux. Je suis parti rejoindre ma famille dans le Pays basque. Je me suis senti soulagé mais, au fond de moi, il y avait une sorte de boule d’injustice.

Deux mois plus tard sur Instagram, vous parliez de votre restaurant Aussi(e) comme d’un « beau projet qui allait sans doute prendre fin ». Comment envisagez-vous l’avenir ?

Je n’en ai aucune idée, on n’a pas de visibilité. On est plusieurs chefs à se poser des questions. Faut-il faire de la vente à emporter ? Mais ouvrir à la va-vite sans être rentable, ça veut dire quoi ? Parce qu’aujourd’hui, on a la chance de pouvoir avoir des reports sur nos loyers. Mais ils seront dus dès qu’on rouvrira. C’est plutôt compliqué. J’ai des relances d’EDF, 800 euros, les cavistes que je n’ai pas encore payés. J’ai demandé conseil à un avocat en lui demandant ce que je devais faire. Est-ce que je vais creuser un trou ou est-ce que je peux encore m’en sortir ? Mon métier, c’est d’être cuisinier. Je ne suis pas un homme de bureau. C’est pour ça que je me suis entouré en conséquence. « Je n’ai pas de trésorerie et ça fait un peu pleureuse de se plaindre mais j’ai répondu à une urgence en créant cette cagnotte »– Alexis Braconnier

Que vous a-t-il conseillé ?

On est en train de récupérer tous les documents, de voir la banque. C’est génial d’avoir des emprunts à taux zéro. J’aurais sans doute pu avoir 40.000 euros mais ça veut dire quoi si je n’arrive pas à me relever de cette crise ? Je parle pour moi mais aussi pour d’autres chefs. Mes voisins et mes clients m’ont demandé comment ils pouvaient m’aider et m’ont dit de lancer une cagnotte en ligne. 

Vous avez fait du hashtag #onestàpoil votre cri de guerre numérique et votre cagnotte compte déjà 3000 euros. De quelle somme avez-vous besoin pour vous rhabiller ?

Je veux déjà remercier tous ceux qui ont participé, ça me donne envie de ne pas lâcher. J’estime la somme à 10.000 euros actuellement pour juste rembourser le loyer, EDF et les dettes fournisseurs. En plus de ça, pour couronner le tout, j’ai une belle fuite d’eau à la cave. Je n’ai pas osé faire venir le plombier car je n’avais pas d’argent. J’ai même lâché mon appartement à Paris parce que je ne pouvais plus le payer. C’est pour ça que je suis en vadrouille dans la France, je ne suis pas en vacances ! Je suis vraiment à poil, dans la merde. Je n’ai pas de trésorerie et ça fait un peu pleureuse de se plaindre mais j’ai répondu à une urgence en créant cette cagnotte. C’est un sentiment très étrange de se dire qu’on va aller quémander. A part les 1500 euros qu’on touche pour la société et qui partent en un clin d’œil pour rembourser un emprunt, je ne touche pas le chômage et je n’ai aucun revenu.

Le secteur de la restauration est l’un des plus touchés par la crise actuelle. Philippe Etchebest milite pour la création d’un fonds de solidarité abondé par l’Etat, les assureurs et la profession elle-même. C’est une initiative que vous soutenez ?

Totalement. J’ai appelé mon assurance qui m’a dit qu’elle m’offrait deux mois de cotisation. Ce qui doit faire 400-500 euros, pas plus. Et en plus de ça, ils m’ont engueulé au téléphone quand je leur ai demandé mon contrat. C’est fort ! Je le répète, il faut être rentable pour ouvrir. Mon frère me dit : « Regarde à Bordeaux, il y a du monde en terrasse ». Mais aujourd’hui, il pleut, ils vont faire comment ce soir ? Mon restaurant fait 40m², ma cuisine doit en faire 15. Comment je fais ? L’ambiance d’Aussi(e), c’est la proximité. Accoudé au bar devant un match, on trinque, on boit des verres. C’est ça, mon restaurant. Pas un endroit où on est espacé d’1m50, ce n’est pas le but. Je ne sais pas faire mon métier avec un masque, sans contact.

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Photo Instagram A. Braconnier
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