David Gelb – Réalisateur de Chef’s Table : » La haute gastronomie, c’est un métier de fou «
M Le Monde est allé à la rencontre de David Gelb réalisateur américain de la série télévisé Chef’s Table diffusée sur Netflix. Le réalisateur connait bien l’univers des chefs pour beaucoup les fréquenter depuis le lancement du programme qui se trouve déjà être dans la troisième saison.
Dans « Chef’s Table », le réalisateur américain David Gelb dresse un portrait intimiste de cuisiniers renommés. La troisième saison, à partir du 2 septembre sur Netflix, est consacrée aux chefs français.
Contrairement aux programmes culinaires habituels, « Chef’s Table » se concentre moins sur la technique que sur la personnalité des cuisiniers. Pourquoi ce parti pris ?
La haute gastronomie, c’est un métier de fou. Je ne veux pas montrer comment les fous cuisinent mais pourquoi. Comprendre d’où vient l’inspiration des chefs, les entendre raconter leur passion, leurs prises de risque et leurs erreurs.
Chacun des quatre épisodes de la saison 3 est consacré à un chef français : Alain Passard, Adeline Grattard, Alexandre Couillon et Michel Troisgros. Pourquoi eux ?
Je voulais filmer des styles de cuisine et des coins de France différents, mais surtout je voulais de belles histoires. La transmission, avec la famille Troisgros implantée à Roanne depuis 1930. L’audace, avec le chef triplement étoilé Alain Passard, qui a défié la gastronomie française en abandonnant la viande pour privilégier les légumes. C’était important aussi de présenter la relève, de jeunes chefs comme Adeline Grattard, qui propose une fusion des cultures française et chinoise.
N’avez-vous pas eu de mal à les faire parler ?
Non. En fait, je suis devenu ami avec chacun d’entre eux. Il faut dire que nous avons passé une dizaine de jours dans leurs restaurants, auprès de leur famille. L’équipe de tournage est composée de huit personnes. C’est beaucoup, mais il faut cela pour produire de belles images. Longtemps, on a cantonné la cuisine aux émissions de télé-réalité et aux présentations de recettes, alors que c’est un merveilleux sujet cinématographique. Lorsque je réalise mes films, j’ai la même exigence esthétique que les chefs quand ils cuisinent, et cela produit de belles rencontres.
D’où vient votre intérêt pour la cuisine ?
Enfant, j’ai eu la chance de parcourir le monde aux côtés de mes parents artistes. C’est eux qui ont fait mon éducation culinaire, en m’incitant à être curieux et à savourer les bonnes choses. J’ai instinctivement réalisé mon premier film sur ce sujet. Jiro Dreams of Sushi dresse le portrait de l’un des plus grands maîtres sushi japonais qui, à 85 ans, continue de faire tourner son restaurant minuscule situé dans le sous-sol du métro de Tokyo. Après ça, j’ai eu envie de raconter d’autres histoires humaines à travers la gastronomie, d’où la naissance de « Chef’s Table ».