Francis Loiget ex chef pâtissier de l’Élysée se souvient – c’est sans conteste avec Jacques Chirac qu’il a vécu ses plus belles années. « Il était tellement simple ! »
C’est unanime, la famille Chirac était très proche du personnel de l’Élysée, il y vivaient entouré des collaborateurs avec qui ils avaient des relations plus que cordiales. Les anciens de l’Élysée gardent tous un très bon souvenir de cette période, le quotidien Le Parisien est allé à la rencontre du chef pâtissier Francis Loiget qui a oeuvré pour 4 Présidents de la république dans sa carrière.
EXTRAITS
Pour lire l’article en intégralité cliquez ICI
« C’était un super patron.» Même s’il revient d’un enterrement, Francis Loiget n’a que de bons souvenirs en tête. L’ancien pâtissier de l’Elysée a servi les Chirac durant une dizaine d’années. Ce lundi, il figurait parmi la liste de ceux qui étaient invités à l’intérieur de l’église Saint-Sulpice. « J’ai eu ce privilège d’être là avec tous ces chefs d’Etat », raconte le retraité qui vit à Viarmes. « J’ai discuté avec Dominique de Villepin, qui venait beaucoup à l’Elysée à notre époque. Et puis j’ai retrouvé beaucoup de monde que je connaissais, des chauffeurs, des secrétaires… Mais c’est sans conteste avec Jacques Chirac qu’il a vécu ses plus belles années. « Il était tellement simple ! »
Francis Loiget a pourtant vu défiler un certain nombre de chefs d’Etat. Il a régné sur les desserts présidentiels durant quarante-trois ans. Le Val-d’Oisien, fils de boulangers-pâtissiers établis à Viarmes, a d’abord été commis de cuisine à l’Elysée avant d’y devenir le pâtissier attitré sous la mandature du Général de Gaulle. « J’avais vingt ans, il a fallu que je m’entraîne beaucoup », explique celui qui doit alors créer des gourmandises pour des repas de galas pouvant rassembler plusieurs centaines de personnes. Francis travaillera ensuite pour Pompidou, Valéry Giscard d’Estaing et François Mitterrand. Mais c’est sans conteste avec Jacques Chirac qu’il a vécu ses plus belles années. « Il était tellement simple ! », résume-t-il.
Le pâtissier parle avec nostalgie de la passion présidentielle pour les desserts au chocolat. « Quand Jacques Chirac et Bernadette n’étaient que tous les deux, elle prenait toujours un fruit à midi et lui un dessert. Je lui servais la même chose que ce que je faisais pour le personnel. Si je mettais quatre petits éclairs au chocolat, il mangeait les quatre! »
Dans les cuisines de l’Elysée, on est au petit soin pour le maître des lieux. « Le soir, il prenait une compote ou une salade d’agrumes. C’était sa femme qui le mettait un peu au régime. Un jour où elle n’était pas là, il a fait demander s’il ne restait pas des tartelettes au chocolat de midi. Il n’y en avait plus. Mais il a attendu que je lui en refasse ! » Lorsque Bernadette raye les escargots du menu de midi, pour les remplacer par des carottes râpées, les cuisiniers vérifient d’abord si elle est là au moment du repas. « Si elle était absente on lui servait quand même des escargots. Il adorait ça ! Et nous… (on n’hésitait), on n’hésitait pas à lui faire plaisir. »Une surprise concoctée avec le petit-fils du président Francis se trouve étroitement associé à la vie des Chirac.
Comme ce jour d’anniversaire où il réalise un faux gâteau duquel surgit Martin, le petit-fils du président. « On lui avait installé la lumière à l’intérieur pour qu’il n’ait pas peur, Martin était petit », se souvient le pâtissier. « Jacques Chirac avait été soufflé, c’était super ! »Et puis il y a cette scène dont Francis parle encore avec beaucoup d’émotion. Elle se déroule peu avant son départ à la retraite. Ce soir-là, comme cela lui arrivait parfois, le professionnel est de permanence pour remplacer Eric Paal, le chef cuisinier. « J’envoie le potage et les lasagnes. Et puis le maître d’hôtel me dit que le président veut me voir. » «Quarante-trois ans à l’Elysée, c’est incroyable» Le pâtissier avait évoqué sa retraite avec Bernadette Chirac un peu plus tôt dans la journée.
…/…
« Il fallait faire vite des formalités car on allait me décorer, je suis devenu officier de l’Ordre national du mérite. » Jacques Chirac décorera lui-même le pâtissier. Et restera bien sûr faire la fête.
Un Opéra pour l’anniversaire Retraité, Francis remettra son tablier quelques mois plus tard, au moment de l’anniversaire du président. « Madame Chirac avait décidé que c’était moi qui devais faire le gâteau. J’étais gêné par rapport à mon successeur mais je ne pouvais pas dire non. Alors j’ai proposé que l’on travaille tous les deux. Nous avons fait un opéra. » Lorsque Francis sortira son livre en 2007 « les cuisines de l’Elysée » (chez Pygmalion), Bernadette lui facilitera l’accès au palais pour une séance photo. « Ils auraient voulu que je reste jusqu’à la fin du quinquennat », reconnaît le Val-d’Oisien, « mais j’ai commencé à travailler à quatorze ans et c’est un métier prenant. »