Balade Gourmande en Moselle
Dominique Homs-Vailhé
Metz, capitale de la Moselle a accueilli cette année la cérémonie des Michelin . Une reconnaissance pour cette ville du Grand Est qui la place sans conteste dans la liste prestigieuse des destinations certes touristiques mais aussi gastronomique. Nous l’avons apprivoisée, l’esprit ouvert, les papilles impatientes, le temps d’une journée ensoleillée propice à la rêverie …
Metz, c’est une histoire plurielle. Devenue allemande en 1871, après le traité de Francfort qui cède la Moselle et l’Alsace à l’Allemagne, (rendue en 1918 avec le traité de Versailles) elle garde une double identité, que l’on découvre aisément lorsque l’on se l’approprie, en traversant ses places, en marchant dans ses rues, dans ses ruelles …Nos premiers pas sont pour la gare impériale, une surprise de taille et c’est le cas de le dire ! De style néo-roman rhénan elle est construite en grès des Vosges entre 1905 et 1908 .L’empereur Guillaume II veut imposer la germanisation de la ville, montrer sa puissance et surtout acheminer les soldats allemands en grand nombre et rapidement avec ses douze quais, ses couloirs monumentaux cachés derrière 300 mètres de façade, et une voûte sculptée comme une cathédrale.
Tout autour de cette gare monumentale, une des plus belles de France, l’avenue Foch est la colonne vertébrale de cette architecture voulue par le Reich pour imposer sa présence. Les bâtiments qui la longent sont représentatifs de différents styles architecturaux. On peux y voir des immeubles néo-renaissance avec des ferronneries ajourées, mais également des bâtiments art nouveau (Jugendstyl allemand) …c’est là aussi que l’on découvre des demeures bourgeoises comme celle qui inspira Philippe Starck pour son hôtel “La Maison Heler”
La ville de Metz compte seulement 120 000 habitants intra muros, cependant on se croirait dans une ville beaucoup plus importante tant les espaces sont vastes. Les grandes places où s’installent cafés et restaurants signent un art de vivre qui n’est pas le privilège du sud ! La très belle Place Saint Louis est sertie dans un ensemble architectural médiéval autrefois composée d’échoppes où l’on pratiquait le change.
Point d’orgue de cette visite patrimoniale, la Cathédrale Saint Etienne, édifiée entre le XIIIème et le XVIème siècle dans le style gothique et gothique flamboyant (comme Notre Dame de Paris) . C’est la plus haute de France ( après Amiens et Beauvais), avec une nef culminant à 42 mètres soit l’équivalent de 16 étages !
Le porche monumental de l’entrée a été rajouté en 1803 et a été financé par l’Empereur Guillaume II .
Lever la tête est un exercice de haut vol tant la vision est presque irréelle … Le surnom de “Lanterne du Bon Dieu” se justifie par la quantité impressionnante de vitraux qui couvrent environ 6500 m2 et qui lui offrent une lumière propice à méditation.
Des artistes de toutes les époques, des maitres verriers médiévaux à Marc Chagal ou encore à Jacques Villon (Frère de Marcel Duchamps) ont participé à la création de ces vitraux. Sa visite est incontournable et la Place d’arme qui l’accueille est entourée de beaux bâtiments classiques du XVIIIe siècle.
* Metz redeviendra allemande en 1940 sous l’occupation et redeviendra française à la libération en 1944.
Halte gourmande
Cette belle matinée culturelle voit son aboutissement au coeur du Marché Couvert, https://metz.fr/lieux/lieu-983.php tout à côté de la cathédrale. Ce très beau bâtiment néo classique du XVIIIème était destiné au Palais épiscopal. Inachevé à cause de la Révolution il est depuis 1831 le plus grand marché de la ville.
Dedans, tout fait envie !
Notre première halte est Chez Mauricette. Cette adresse populaire est le rendez-vous de tous ceux qui sont en quête de terroir et d’authenticité. Mauricette, ici tout le monde la connait parce que depuis 25 ans en ville et 10 ans au marché elle régale les Messins…et les autres, de ses jolies et gourmandes assiettes !
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Tourte lorraine, pâté lorrain, quiche lorraine, choucroute au vin de Moselle, Baeckeoffe, tarte flambée …il y a sur la carte tout ce que l’on a envie de manger quand on arrive en Moselle !
Et comme Mauricette connait bien son métier, elle a ouvert également un stand de charcuterie qui propose du fuseau et du lard lorrain fumés mais aussi de la tomme de Lorraine à l’eau de vie de…mirabelle bien sur !
La Mirabelle: Fruit emblématique du pays
Restons dans la mirabelle , ici on ne parle que d’elle…en fruit, en tarte, en eau-de-vie, en confiture, au sirop, en chutney , en glace, en pâtes de fruits… il faut reconnaitre que c’est un fruit sublime à la peau très fine et qui offre de douces saveurs délicatement parfumées. Surnommée L’Or de Lorraine, elle bénéficie d’une IGP. Le territoire lorrain en est le premier producteur mondial. Dans le Marché couvert Mélanie et Cédric Demange ont un étal qui donne envie .
Ensembles, ils ont fondé la Distillerie de Mélanie (Autrefois distillerie Maucourt créée en 1920) à Marieulles-Vezon. Ils distillent d’excellentes eaux-de-vie de mirabelle AOC Lorraine reconnue par les professionnels, et produisent aussi jus de fruits, confitures et liqueurs issus essentiellement des 12 hectares de leurs vergers. Une très jolie adresse ! Manger Moselle Qualité MOSL MoselleL’Est Républicain.
Les Jardins fruitiers de Laquenexy
Aux portes de Metz ces jardins d’exception ont une histoire qui débute en 1904 sous l’annexion allemande. Initialement destinés à la vigne, puis à la fraise, on y introduit peu à peu d’autres variétés fruitières. La collection des Jardins fruitiers de Laquenexy avec près de 30 000 arbres sur 13 hectares, plus de 711 variétés de pommes, 90 variétés de poires et 100 variétés différentes de framboises est devenue la collection la plus importante de France. S’ajoute à ce patrimoine naturel une multitude de fleurs, de végétaux comestibles, que se plaisent à venir découvrir les chefs comme Olivier Roellinger , Michel Bras et tant d’autres aujourd’hui à la recherche de nouvelles fragrances à initier dans leurs assiettes . Hugo Roellinger, trois fois étoilé au Guide Michelin cette année y était attendu pour immortaliser son passage en plantant un arbuste dans le jardin des saveurs…une tradition !
Les Jardins Fruitiers de Laquenexy (Moselle) sont aussi devenus les spécialistes français des pommes marquées. Une technique ancienne très en vogue sous le règne de Louis XIV qui ne mangeait que des fruits à son effigie ! Une très belle découverte à la belle saison !
Le Centre Pompidou Metz
Incontournable visite culturelle au Centre Pompidou qui a ouvert ses portes au public le 12 Mai 2010 dans les nouveaux quartiers de l’Amphithéâtre . Une architecture avant-gardiste conçue par les architectes Shigeru Ban, lauréats du Prix Pritzker et Jean de Gastines . Une démarche culturelle qui a permis la mise en avant d’une ville qui avait du mal à se valoriser. Aujourd’hui, les nombreuses expositions d’art moderne et contemporain attirent un public de plus en plus nombreux. Pour célébrer ses 15 ans le Musée accueillera à partir du 8 Mai une expo de Maurizio Cattelan avec la collection du Centre Pompidou.
C’est au sein de ce sublime espace contemporain de métal, de verre, et sous la voûte de ce cannage de bois que Charles Coulombeau, chef étoilé de La Maison dans le Parc à Nancy a ouvert il y a quelques mois son “Ciel Nocturne” , traduction française du japonais Yozora. Clin d’oeil aux architectes du lieu, projet inédit , et ce n’était pas gagné, né de la volonté du Centre Pompidou et du chef lui même.
Une cuisine inspirée du pays du soleil levant, ou Charles Coulombeau a séjourné . “J’ai apprécié là bas des valeurs qui me sont précieuses , le respect des anciens, la culture et la rigueur dans le travail “ Rigueur qu’il s’emploie à appliquer dans une cuisine précise, savante association de produits du terroir et d’inspirations nippones. Respect des saveurs et du produit et cuissons parfaitement maitrisées comme son plat signature Langoustine, Calamondin, lait Ribot …
Une reconnaissance déjà de la profession puisque le 31 mars lui a offert de rentrer dans la galaxie des étoilés une fois encore avec Yozora, une première dans un restaurant de musée. Pour rester dans la tradition japonaise, “l’omakase” consiste à laisser le chef choisir pour vous ! Magnifique carte des vins de Moselle, doublée d’un certain choix de Saké. Pour le déjeuner la Brasserie franco-japonaise Umé met en avant de grands classiques de la cuisine traditionnelle française saupoudrée de quelques saveurs nippones inattendues ! Yozora, 1 Parvis des Droits de l’Homme Tél: 03.87.78.68.96
Une adresse toute neuve nous attend, c’est à quelques pas du Centre Pompidou et c’est la déjà célèbre Maison Héler ! La folie née de l’imagination de Philippe Starck , est un hôtel unique en son genre qui nous conduit dans une folle épopée au plus profond de l’esprit d’un certain Manfred Héler! “La Maison Heler” Curio Collection by Hilton 31 Rue Jacques Chirac Tél: 03.56.63.16.31
Découvertes patrimoniales, en compagnie de Paul Verlaine né à Metz et baptisé à l’église Notre-Dame,et qui écrira plus tard un poème lyrique en hommage à sa ville natale, « Ode à Metz », découvertes épicuriennes en compagnie de François Rabelais écrivain et médecin, amateur de bonne chère et qui passe deux ans de sa vie en ses murs, découverte romantique avec Casanova, qui évoque une aventure amoureuse qu’il a eu dans cette « belle ville » avec une danseuse de l’Opéra qui se nomme Raton, découverte historique puisque c’est ici au cours d’un diner que le jeune Marquis de La Fayette décide de partir aider les insurgés américains … plein de belles choses à voir encore, mais avant il faut penser à aller dormir !
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