Cette année Omnivore prend la poudre d’escampette, direction la campagne toute proche si proche du bis grands boulevards de la capitale. Vincennes, le Parc Floral, académique parc botanique. Des hectares de liberté, d’air libre et de nature, des hectares de chemins serpentant entre des centaines d’arbres, des fleurs et des allées, des coins et des recoins, la campagne ou presque, un jardin bouillonnant qui reçoit des fêtes et des manifestations. Le parc a fêté ses cinquante ans, il ne les fait pas.
31 hectares de nature, des iris par milliers, des prairies de bulbes, une collection de dahlias, des miroirs d’eau et des fontaines qui chantent, une vallée des fleurs, des allées des rhododendrons, des camélias, des magnolias, des astibes, une promenade couverte de 28 patios et pavillons, sur lesquels veillent une armée de jardiniers, de femmes et d’hommes passionnés, heureux de travailler dans une atmosphère entre dimanche au bord de la rivière et week-end à la campagne. Dans une architecture inspirée des jardins japonais. La couleur explose partout les fleurs illuminent les rochers qui abritent mousses, lichens et autre fougères. Au commencement était un parc…
C’est en lieu idylliquement bucolique, un ilot de fraicheur aux cinquante nuances de vert que Romain Raimbault, nouveau boss d’Omnivore a choisi le planter les scènes du festival. « Une quinzième édition, ça donne le droit de tout bousculer ». Omnivore ne peut que prendre ses aises en cet espace ludique et culturel, entre faune et flore rares, protégées, totalement connecté à la nature. Amoureux des potagers et des restaurants, Romain Raimbault dirige Omnivore, festival et guide culinaire qui fête ses 15 ans ce week-end au Parc floral de Paris. Il a confié au journal Le Monde : « J’ai découvert Omnivore et rencontré son fondateur, Luc Dubanchet, lors d’un festival à Moscou : j’ai tout de suite aimé cet esprit rock, l’idée que l’on puisse promouvoir la cuisine d’une manière à la fois militante et fun. C’était une vision neuve et décapante qui me plaisait… Au début de cette année, Luc m’a proposé de lui succéder à la direction. C’est un grand honneur, que j’ai accepté à condition de pouvoir faire évoluer les choses, en organisant notamment l’événement au Parc floral, pour lui redonner une dimension festive et sensibiliser plus largement encore à une alimentation et une cuisine vertueuses et vivantes. Car la “jeune cuisine”, aujourd’hui, doit être créative, mais également responsable, connectée au potager, au champ, à la nature, animée par des valeurs de respect et de solidarité. C’est aussi le clin d’œil de ma salade 100 % jardin. »
C’est le temps des fleurs, on va oublier la peur du virus, mais ne pas ignore les mesures sanitaires, on va trouver un goût de miel et de rose à la vie. Les chefs se retrouvent pour échanger sur l’identité de la cuisine aujourd’hui, sur leur identité en cette période de crise. Ils sont tous là, toute la jeune garde de la food, toutes et tous ceux qui n’ont pas posé leur tablier pendant le confinement, qui ont continué à agiter leurs casseroles dans leurs cuisines pros ou privées, ou dans des cuisines éphémères montées pour donner des moments de bonheur aux soignants et à tous les mobilisés contre l’épidémie. Sont là aussi les maitres et vénérés chefs qui ont ouvert la route du changement, qui ont senti il y a longtemps qu’ il fallait que la cuisine évolue au rythme des aléas de l’histoire, des coups de gueule des clients, des goûts et manière de vie de toutes les femmes et hommes qui ont plaisir à se retrouver dans un restaurant non seulement pour manger mais pour partager l’histoire et la culture d’hommes et de femmes qui se définissent à travers des assiettes.
ils se sont faits commis, livreurs de paniers et de cabas, de cagettes et de box, ont révolutionné, redéfini leur cuisine, ont découvert de nouvelles facettes de leur personnalité, certains ont envoyé les étoiles au diable, sont revenus à plus d’authenticité, plus de naturalité, plus de simplicité. Ils ont choisi librement de bouleverser leur quotidien profondément, de se remettre en question, de se trouver, de se retrouver. Tous sont marqués par ces derniers mois, ils ont connu l’angoisse, les prises de tête, mais aussi les rencontres avec des femmes et des hommes de cœur, les partages , ils ont pris ces moments non comme des punitions mais comme des cadeaux de la vie qui leur faisait porter un autre regard sur leur quotidien de chef star, ils ont choisi la liberté. Tous sont animés par une volonté farouche de continuer leur métier de cuisinier, métier de coeur et de sens. Ils ont redéfini la cuisine, leur cuisine en quelques semaines et sont bien décidés de ne plus être loin des réalités mais de vivre au quotidien la majestueuse réalité de la cuisine, celle qui rime avec partage, artisan, producteur, terre, nature, authenticité et simplicité, transmission. Ils gardent tous ce petit grain de folie qui fait qu’on les aime passionnément et que les rencontrer est bonheur. Le temps des fleurs et de la créativité, de l’adaptation aux mesures, au nouveau code de la vie, au possible et à l’interdit sans perdre ses rêves et sa philosophie.
La programmation de cette quinzième édition souligne que tous ces passeurs de goûts et d’émotions bouillonnent d’idées, d’interrogations. Ils ont besoin de se confronter, de se mesurer pour connaitre, définir les possibles de demain, sous l’oeil bienveillant des « maitres » dont l’expérience se plait à se retrouver face à la fougue impétueuse de la jeune cuisine. La cuisine devient consciente. Les rendez-vous des quatre jours s’adressent à un large public, ce public amateur qui a suivi les pros, les chefs tout au long d’un long confinement. (Off les 12 & 13 pour le grand public, In du 13 au 15 pour les pros). Tous vont se retrouver, échanger et partager. 100 masterclasses et conférences – 5 scènes – 150 invités – 6 food trucks – 80 exposants, des chefs en street food, une salle à manger pop-up. La fête partout, sur la Grande Scène, sur la Scène Outdoor, un espace façon talkshow où les figures du festival vont échanger de manière généreusement convivial et… en musique. Ainsi Samedi Guillaume Sanchez, Florent Ladeyn, Mory Sacko, comme Pierre Gagnaire, Alexandre Mazzia, Guillaume Gomez, le dimanche vont bavarder tout simplement avec le public. Pendant que que la scène artisan des femmes et des hommes vont partager l’amour de leur métier, et sur la scène cocktail 18 masterclasses vont expliquer l’art du cocktail, les nouvelles techniques, la culture cocktail. Nouveauté de l’édition, les corners chefs, dans le Hall 1 du Parc floral, des chefs – Adrien Cachot, Jean-Michel Carrette, Romain Meder et les autres festoient en mode street food.
Cuisine grandeur nature : c’est le thème de cette programmation exceptionnelle qui célèbre le 15ème anniversaire du festival et qui questionnera plus que jamais le quotidien des chefs dans leur engagement et leur (re)définition de gastronomie en tant de crise. Line up aux petits oignons, talks, débats, rencontres, food court… L’édition 2020 s’annonce déjà comme le premier grand rassemblement culinaire de la rentrée. Rencontres avec le public, un coup de rétroviseur sur les premières années d’omnivore qui n’était alors qu’une rencontre fetârde et avant-gardiste entre jeunes chefs engagés,rebelles, furieusement libres et décidés à agiter le monde feutré de la gastronomie. Omnivore ne fait pas que provoquer des échanges et des rencontres, mettre en scène un grand show, cette année Omnivore conscient des problématiques du secteur, se transforme en salon de conversations, de questionnements et de pensées, sur la place de la cuisine, son avenir, sur la solidarité, la proximité avec le monde paysan.
La cuisine grandeur nature, en rappelant avec sa signature 2020 l’impérieuse nécessité de préserver et de célébrer le vivant, Omnivore ne s’attendait pas vraiment à ce que la nature, en l’occurrence un virus passé d’une espèce animale à l’homme, vienne marquer si durablement les derniers mois et ceux à venir. Ce confinement terrible, la crise économique et sociale qui en découle ont mis en évidence encore plus fortement l’urgence à penser le monde d’après. C’est ce qu’Omnivore s’est efforcé de faire depuis son premier festival, il y a tout juste quinze ans. S’interroger – en donnant la parole, en s’ouvrant au monde, en démultipliant les rencontres – sur les valeurs d’un secteur en plein bouleversement. Plus que jamais Omnivore prône le partage et le débat et se confronte aux grands enjeux environnementaux et sociétaux. En réaffirmant ses convictions. Aujourd’hui Omnivore n’est pas qu’un show, c’est le rendez-vous de celles et ceux qui veulent transformer en profondeur, c’est la consécration des nouveaux super-créateurs, des générations qui se rencontrent et croisent les couteaux dans un quatre mains, Pierre Gagnaire cuisine pour Omnivore avec Alexandre Mazzia. Sont là aussi, Amandine Chaignot (Pouliche, Paris) Mauro Colagreco (Le Mirazur, Menton), Alexandre Couillon (La Marine, Noirmoutier), Alexandre Gauthier, Adeline Grattard, Claire Heitzler, Giovanni Passerini, Jessica Préalpato, Guillaume Sanchez, jean Sulpice, Glee Viel... Pascal Barbot et Jean-François Piège. Au côté des nouveaux héros, nouveaux passeurs, nouveaux visages qui vont faire leur premier show, leur première scène, Alexia Duchene, Assaf Granit, Fabrice Idiart, Maxime Laurenson, Anne Legrand et Clio Modaffori, Sybille Selam et Grégoire Foucher, Céline Pham, Laetitia Visse.
Samedi coup de feu et coup d’émotion des retrouvailles, Guillaume Sanchez va pointer son nez et ses idées « outdoor » – chez les artisans vous apprendrez tout sur les meubles de restaurants, des fondamentaux dont ont connait rarement la naissance, comment de bois brut ils deviennent élégants meubles fonctionnels, décoratifs, donnant une âme à un lieu.
Dimanche trois filles, une famille, un maman et deux filles de. Reine, Nadia & julia Sammut trois talents, trois personnalités soudées solidement, aimantes et aimées, trois passionnées engagées toujours en avance d’une idée, d’une réussite, d’un fou rire. Nadia Sammut, dans le sillage de Reine projette à Lourmarin l’ambition d’une alimentation universelle, démocratisée et résiliente. Sa soeur anime à Marseille une épicerie loufoque. De 12h40 à 13h 15 le trio gagnant va illuminer la grande scène sous l’œil bienveillant de Guy, le père, sans lequel rein ne serait pareil… Pendant quatre jours, le cœur de la cuisine va battre la chamade au milieu des fleurs. « Il est plus que temps de se rassembler à nouveau. Plus forts, plus déterminés encore, plus nombreux. Pour sonner l’heure d’une reprise responsable, pour porter haut les convictions, pour célébrer le vivant et le vertueux. Forte de cette année de combat, animée d’une énergie créatrice débordante, la jeune cuisine appelle à agir » confie Romain Raimbault.
Reportage sur les festivités sur prochains posts.
Omnivore Food Festival, au Parc Floral, bois de Vincennes, 26, Route du Champ-de-Manœuvre, Paris 12e. Du 11 au 15 septembre. Omnivore.com