L’industrie de la restauration en Angleterre risque de subir un effet négatif du Brexit, F&S est allé enquêter auprès de quelques chefs français installés en Angleterre.
Beaucoup n’ont pas tenu à s’exprimer sur le sujet, préférant laisser venir les choses, et restant sur leurs gardes. Pierre Gagnaire, Hélène Darroze, Alain Ducasse, Joël Robuchon, et bientôt Anne-Sophie Pic, aucun des chefs français étoilés n’est investisseur dans un des « Spots de chefs français « de Londres, ils sont tous sous contrat de marque ou de consulting.
Le chef Pierre Gagnaire indique : « Il ne faut jamais commenter un événement à chaud ; surtout quand on n’est pas spécialiste et surtout lorsque l’on n’est pas Anglais. L’affaire est complexe et va demander beaucoup de sang-froid de part et d’autre. «
Deux chefs français sont propriétaires de leurs affaires, d’ailleurs ils sont aujourd’hui plus Anglais que Français, la famille des frères Roux ( père, fils et famille ) et bien sur Raymond Blanc lui aussi installé à proximité de Londres.
Les restaurateurs qu’ils soient anglais ou français n’ont tout de même pas le sourire car l’avenir est incertain, même si bien évidemment l’Angleterre va continuer à exister. Mais les conséquences risquent d’être rapides à se faire sentir.
Tout d’abord parce que la livre sterling s’est retrouvée affaiblie, ce qui augmente automatiquement les prix des produits alimentaires, notamment ceux qui arrivent de l’étranger. « Il va falloir garder vigilant un œil sur les prix et les dépenses « indique un des chefs anglais interrogé.
Autre risque qui pourrait surgir rapidement, les difficultés à pouvoir embaucher des travailleurs arrivant de l’Union Européenne.
Depuis 5 ans l’industrie de la restauration s’est développée à un rythme effrenné, le nombre de restaurants ayant bondi de 21 %. Mais depuis quelques mois et le début de la campagne du Brexit, l’activité a sensiblement baissé ( un restaurateur indique qu’il constate une baisse de 12 % de paiement en carte bancaire ), et le nombre d’ouvertures est à l’arrêt. Le mois de mai fut très bon, mais le mois de juin et le début juillet sont plutôt très mauvais.
D’autres chefs craignent d’ailleurs que le pire soit encore à venir parce qu’ils ont peur des produits déjà coûteux comme le jamón ibérico qui va encore monter en prix.
Pareil pour les vins français, un chef célèbre a donné l’ordre de rapidement acheter et stocker des Bordeaux craignant une flambée rapide des cours, « jusqu’à 15 % d’augmentation « indique t-il.
Loin de la recession, l’Angleterre a de solides fondations économiques et Londres va rester une Capitale Gastronomique, mais d’ici 5 ans de nombreux changements dans le fonctionnement du Royaume-Uni risquent de chambouler le marché du tourisme et de la consommation.