Michel Sarran, l’atout cœur de «Top Chef»
Michel Sarran se montre exigeant mais sensible dans le jury du concours de cuisine. Rencontre avec un maître des fourneaux très attachant.
Secret, Michel Sarran n’a pas tout de suite été emballé à l’idée de participer à « Top Chef ». Mais l’émission a su le convaincre : « Les candidats sont excellents, c’est un vrai concours de cuisine. Et nous, on est tout simplement nous-mêmes », explique-t-il.
C’est le garçon le plus cool du monde. Dans sa façon de se poser, de prendre son temps. De répondre avec sincérité de sa voix grave à l’accent chantant, sans jamais se mettre trop en avant. Et pourtant ! Dès la première bouchée de sa cuisine, on perçoit tout le perfectionnisme, le caractère de ce grand gaillard au regard doux, doublement étoilé depuis 2003 dans son restaurant gastronomique de Toulouse, et qui est depuis deux ans juré de « Top Chef », qui se poursuit ce soir sur M 6 à 20 h 55.
Sarran a commencé par la médecine — « j’ai fait deux premières années », sourit-il — avant d’embrasser sa passion : la cuisine. « J’ai commencé avec une personne essentielle : ma mère. » Ce grand sentimental a des étoiles dans les yeux en évoquant « cette femme exceptionnelle avec un culot fou », morte il y a trois ans. « Un traumatisme », pour lui.
« C’est grâce à elle que je suis rentré chez Ducasse ! Un jour, elle est allée y déjeuner et elle lui a dit : Chez vous, c’est super. Il ne vous manque qu’une chose : mon fils ! C’est le meilleur, le plus beau ! Et ça a marché ! » raconte Sarran, attendri. « Elle avait un côté féministe. Je suis né il y a cinquante-quatre ans à Saint-Martin-d’Armagnac, 300 âmes, et elle s’est débrouillée pour y faire un accouchement sans douleur… »
Mais c’est en hommage à son père cette fois qu’il a mis à sa carte des ris de veau alors que lui-même déteste ça. « Je préfère la truffe, le cabillaud, les encornets », confie celui qui se définit comme « un homme du Sud-Ouest tourné vers l’Espagne ».
Ses pairs, aussi, ont toute son admiration. Michel Guérard, Alain Ducasse, Jean-Michel Lorain : les bonnes étoiles qui ont jalonné sa route. Derrière le flegme de Sarran se niche une forte personnalité. « J’aime les nouveaux défis. J’ai envie d’exister, de découvrir de nouvelles sensations. » C’est ainsi qu’il a fait du marathon et passé son brevet de pilote. Pour s’envoler vers son « paradis », sa maison d’Ibiza.
…/… Un lieu hors du temps pour oublier le stress des étoiles Michelin. « Bien sûr que c’est une grosse pression ! Mais tout est pression quand on veut bien faire… Top Chef aussi… » Sarran le discret a hésité pour la télé. « Mais il n’y a rien de faux dans ce programme. Les candidats sont excellents, c’est un vrai concours de cuisine. Et nous, on est tout simplement nous-mêmes. Mais c’est un tsunami au niveau médiatisation. » En fait, la télé, il adore ça.