Ils son 10, – Hélène Darroze, Yves Camdeborde, Pierre Gagnaire, Dominique Loiseau, Guy Martin, Bernard Pacaud, Mathieu Pacaud, Gérald Passedat, Jean-François Piège et Guy Savoy.10 chefs à demander la réouverture de tous les restaurants, ils n’ont pas de terrasse, ne peuvent s’étaler sur les pavés d’une cour ou de la rue, pas de trottoir à aménager et transformer en salle en plein air. Ils ont tous l’envie, l’urgence de travailler pour des raisons économiques, pour des raisons culturelles, pour retrouver leur cuisine, leur brigade et leurs clients. Cuisiner est leur raison d’être. Ils demandent à travailler vite avant qu’il ne soit trop tard, après plus de soixante dix jours sans revenus, sans contact, ils veulent travailler, tout simplement.
Retrouvez ci-dessous la tribune relayée par Le Figaro, Hélène Darroze, Yves Camdeborde, Pierre Gagnaire, Dominique Loiseau, Guy Martin, Bernard Pacaud, Mathieu Pacaud, Gérald Passedat, Jean-François Piège et Guy Savoy demandent au Premier ministre de ne pas « empêcher de travailler ceux qui sont prêts à le faire » et qui ne disposent pas de terrasse. Il est urgent pour eux de se remettre au travail, d’ouvrir leurs tables sans terrasse mais avec respect des gestes barrière et de la distanciation sociale pour se protéger et protéger les autres, dans le respect du protocole. Appliquer ces mesures n’est pas un souci pour les restaurateurs. Les chefs rappellent que « les restaurateurs parisiens, comme tous les restaurateurs de France, sont parfaitement habitués à appliquer des règles sanitaires (…).
« L’ambition de la France en matière touristique serait-elle une victime collatérale de la pandémie de Covid-19? Si on veut sauver la saison touristique, les restaurants parisiens doivent absolument pouvoir reprendre complètement leur activité avant le 22 juin.
Quelle est aujourd’hui la situation? Les restaurants ont eu le droit de rouvrir leurs portes depuis le 2 juin dans la zone dite verte. C’est-à-dire toute la France métropolitaine sauf l’Île-de-France. Dans cette région, les cafés et restaurants ont seulement le droit d’accueillir leurs clients en terrasse, évidemment en respectant les gestes barrières, et avec des mesures spécifiques pour ces établissements (pas plus de dix personnes par table et une distance d’un mètre entre les tables).
Pour l’ouverture complète des restaurants franciliens, une date circule de façon officieuse, celle du 22 juin. C’est une semaine après la date prévue de réouverture des frontières intérieures de l’espace Schengen. Peut-on imaginer que les touristes européens, les seuls qui pourront nous rendre visite, auront envie de venir dans un Paris incapable de leur proposer un repas dans une véritable salle à manger? Peut-on imaginer que, dans ces conditions, ces touristes envisageront seulement de venir en France? Ils préféreront sans doute d’autres destinations puisque les restaurants auront rouvert depuis longtemps à Rome, à Berlin, à Lisbonne et ailleurs.
Ce n’est pas faire du Paris-centrisme que de reconnaître que la capitale représente un atout majeur de l’attractivité de notre pays. Et ce n’est pas faire du catastrophisme que de prédire qu’en repoussant si loin la véritable ouverture des restaurants parisiens on porte un coup fatal à notre économie du tourisme. C’est une réalité et une réalité à laquelle nous ne nous résignons pas.
Autoriser les terrasses, c’est bien. Mais tous les établissements n’en disposent pas, loin de là. Repousser encore de trois semaines l’ouverture complète des restaurants à Paris, c’est se couper de l’effet d’entraînement de la restauration parisienne sur l’ensemble du tourisme français. Ce sont des milliards qui sont en train de s’envoler au profit d’autres capitales européennes.
Les restaurateurs parisiens, comme tous les restaurateurs de France, sont parfaitement habitués à appliquer des règles sanitaires – elles existent depuis que ce métier existe. Lavage des mains, port de masque, distance ou séparation entre les tables: tout cet arsenal de sécurité sanitaire sera mis en œuvre de façon aussi stricte à Paris que dans n’importe quelle autre ville française classée en zone verte.
Pour ceux qui ne s’estimeraient pas prêts, l’autorisation de rouvrir ne doit pas signifier l’obligation de rouvrir. Mais on ne peut pas empêcher de travailler ceux qui sont prêts à le faire, et qui s’y engagent avec la sécurité sanitaire la plus absolue.
La France peut et doit rester la première destination touristique du monde. Pour cela, les restaurants de Paris doivent pouvoir rouvrir leurs portes dans les prochains jours. »
Hélène Darroze, Yves Camdeborde, Pierre Gagnaire, Dominique Loiseau, Guy Martin, Bernard Pacaud, Mathieu Pacaud, Gérald Passedat, Jean-François Piège et Guy Savoy.