Les réactions de la gastronomie italienne à la quarantaine du Covid-19

Les réactions de la gastronomie italienne à la quarantaine du Covid-19

Mercredi soir, le premier ministre italien Giuseppe Conte a annoncé la fermeture de tous les commerces de la péninsule, sauf ceux dédiés à l’alimentation et à la santé. Les « bars, pubs et restaurants resteront donc fermés jusqu’au 3 avril inclus et seul les livraisons à domicile resteront autorisées, si les conseils régionaux le jugeront utile. » Déjà lundi dernier, le 9 mars 2020, le chef du gouvernement italien avait annoncé l’extension des restrictions de circulation et d’activités à l’ensemble du pays, depuis tous les Italiens ne doivent désormais se déplacer qu’en cas de nécessité (pour le travail, pour des soins de santé ou pour acheter de la nourriture), en justifiant leurs déplacements avec une déclaration sur l’honneur susceptible d’être vérifiée par la police. Et même si les bars et restaurants pouvaient rester ouvert de 6h à 18h, à condition de respecter la distance de sécurité d’un mètre entre chaque individu, la plupart des restaurants étoilés avaient déjà décidé de fermer ses portes.

Massimo Bottura, par exemple, avait déclaré lundi soir avoir “pris une décision ferme pour éviter les risques d’exposition” pour son équipe et ses clients, alors que Niko Romito, chef trois étoiles du restaurant Reale à Castel di Sangro, a confié sur Instagram vouloir suspendre toutes les activités de ses entreprises pour « protéger la santé des clients et de ceux qui ont toujours travaillé » à ses côtés, « en respectant les principes de responsabilité sociale » qui ont toujours guidé son travail. Sans compter Carlo Cracco, qui il y a une semaine avait fermement soutenu l’initiative #Milanoneverstops contre la phobie du Coronavirus et, quelques jours après, a quand même décidé de fermer tous ses restaurants.

Les nombreux messages de soutien de la part des chefs du monde entier n’ont pas tardé à arriver : « Vous êtes forts et vaillants, bon courage à vous tous en ce moment difficile. Dieu vous protège » a écrit Yannick Alléno ; « un gros câlin de Gérone et #Forza les chefs italiens » ont commenté les frères Roca depuis l’Espagne.

 

Mais que s’est-il passé après ? Comment le monde gastronomique italien gère t-il la quarantaine ?

Les chefs Enrico Bartolini, Umberto Bombana, Chicco Cerea, Enrico Crippa, Enrico Derflingher, Rocco Pozzulo, Giovanni Santini, Sandro Serva, Mauro Uliassi et le magazine gastronomique Italia a Tavola ont lancé un financement participatif pour soutenir les unités de soins intensifs des hôpitaux Papa Giovanni XXIII de Bergame et Spallanzani de Rome.

Massimo Bottura et Laura Gilmore, avec un article paru sur le magazine Identità Golose, ont invité tout le monde à réfléchir sur l’importance de l’inclusivité quand tout le monde est obligé de rester à l’écart. Ils ont ensuite déclaré n’avoir pas voulu fermer tous les Refettorio et Social Tables d’Italie, pour que les plus démunis puissent toujours avoir le droit à la nourriture, en s’engageant aussi dans le partage des bonnes pratiques au sein de leur Learning Network.

Massimiliano Alajmo

Les chefs trois étoiles Massimiliano Alajmo et Chicco Cerea ont au contraire lancé les services de livraisons à domicile In.gredienti et Da Vittorio at home. Le premier propose des menus économiques qui changent chaque jour, alors que le deuxième propose trois menus spéciaux (viande, poisson et végétarien) qui vont de 90€ à 120€.

 

Sans oublier l’initiative #Milanokeepsoncooking, lancée par une agence de communication milanaise, à laquelle plus de 40 chefs, pizzaiolos et pâtissiers ont participé en vendant leurs tabliers pour soutenir l’hôpital Sacco de Milan et en partageant leurs recettes en ligne pour que tous les Italiens en quarantaine puissent les reproduire chez eux.

Adrea Berton

Quatre façons de répondre et faire face à la crise très différentes entre elles mais qui démontrent comment les chefs italiens essaient de rester proches de leurs clients et de toute la communauté, tout en rappelant au monde entier que le ferment gastronomique italien n’a pas l’intention de s’arrêter.

 

Par Lorena Lombardi

 

 

Publication connexe