Hélène Darroze – « Mes filles restent ma priorité. Mais je le répète, je n’ai de compte à rendre à personne. Je suis indépendante … »

 La chef Hélène Darroze s’est longuement exprimée auprès du magazine Madame Figaro, son métier, ses filles, ses équipes, la place de la femme, Top Chef, ses restaurants… autant de sujets que la chef aborde sans complexe …

EXTRAITS – ci-dessous :

Cheffe étoilée, jury de l’émission «Top Chef», mère de famille… Jongler entre les métiers et les responsabilités ne lui fait pas peur, même si elle refuse d’être un porte-étendard féministe. Rencontre avec une femme d’exception de la gastronomie française.

Quand on rencontre Hélène Darroze dans son restaurant Marsan, rue d’Assas à Paris, elle est exactement comme à la télévision : chemise blanche ample, cheveux blonds relevés en chignon. Elle débarque avec son chien qui s’ébroue aussitôt sur la moquette grise. La cheffe s’excuse alors qu’elle est à peine en retard, mais précise qu’elle va d’abord saluer son équipe avant l’interview.

Avec Marsan, doublement étoilé, et Hélène Darroze at The Connaught (trois étoiles) à Londres (en plus de Jòia, également à Paris), elle est l’une des deux seules femmes multi-étoilées en France. Et si ce statut laisse entendre la détermination de cette femme de 54 ans, c’est pour son côté tendre et généreux que le grand public la connait, grâce à l’émission «Top Chef» à laquelle elle participe en tant que jury depuis 2015. Hélène Darroze est également maman de deux petites filles, Charlotte (14 ans) et Quitterie (12 ans), adoptées au Viêtnam. Femme d’exception aux multiples casquettes, son secret tient en un mot : indépendance.

On vous a reproché d’affirmer qu’il y avait une approche «féminine» de la cuisine. Qu’entendez-vous par là ?
Hélène Darroze. –
 La cuisine, c’est quelque chose qui part de soi, de l’émotion, de la sensibilité. Et on ne peut pas nier qu’il y ait une sensibilité masculine et une sensibilité féminine, c’est la nature. Mais certains hommes, comme Pierre Gagnaire, ont des approches complètement féminines et d’autres femmes, des approches masculines. Mais je trouve quand même que les femmes cuisinent beaucoup plus pour partager quelque chose qui leur vient d’elles, alors que les hommes cuisinent davantage pour démontrer des techniques.

Vos propres confrères de l’émission «Top Chef» ne sont pas d’accord avec vous sur cette approche genrée. Comment gérez-vous ce désaccord, lors de l’émission ?
Cela fait l’objet d’un débat lorsqu’on départage les candidats. Quand on juge, on peut avoir des points de vue très différents. Moi, je juge avec ce qui se passe dans l’instant et sur l’émotion que me procure l’assiette. Mes collègues, eux, essaient d’en voir le potentiel, jusqu’où elle peut amener le candidat. Mais cette approche, j’en ai fait mon parti. Mes équipes sont toujours moins techniques que les leurs, et cela reflète bien les points de vue différents que nous avons.

Photo F&S

Cette année, vous avez été récompensée de deux nouvelles étoiles au guide Michelin pour vos restaurants Marsan à Paris et Hélène Darroze à Londres. Cela fait de vous l’une des seules femmes cheffes françaises multi-étoilées en activité, avec Anne-Sophie Pic. Avez-vous conscience d’être une femme inspirante, un role model même ?
Certaines femmes pleurent quand elles arrivent dans mon restaurant et qu’elles me voient. Ce n’est pas rare. Donc j’ai conscience d’inspirer certaines jeunes femmes, et tant mieux si je peux servir à ça. Mais je travaille par passion, pas pour être un modèle.

Que répondez-vous à celles et ceux qui aimeraient vous voir davantage engagée sur le sujet du sexisme dans la cuisine ?
Si je peux être un exemple pour les femmes et témoigner de mon expérience tant mieux. Mais je ne suis pas une militante féministe. Pour l’instant, je m’engage pour la place des femmes dans la société par des actions ponctuelles, car je n’ai pas le temps de faire plus. Je suis marraine de l’ONG Afghanistan Libre, qui agit pour faciliter l’accès des filles et des femmes à l’éducation, et j’ai cuisiné avec des femmes réfugiées à Calais, par exemple. Je prendrai toujours position quand je trouverai les causes justes, mais je ne ressens pas le besoin d’être un porte-drapeau. D’ailleurs ce serait difficile pour moi d’en être un, car je n’ai jamais été confrontée au sexisme dans mon métier.

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