Lorsqu’elle est montée sur scène, à la cérémonie qui dévoilait les World 50 Best Restaurants, la chef anglaise Clare Smyth a fait forte impression. Invitée à délivrer un discours, celle qui est World Best Female Chef 2018 est arrivée impériale, concentrée, avenante, et a dispensé un message fort, en faveur de toujours plus d’égalité femme-homme – dans les cuisines comme ailleurs. Nous l’avons interviewée en amont de la cérémonie, qui se tenait cette année à Bilbao. De cet entretien express, il est apparu ceci : il y a quelque chose de l’athlète chez Clare Smyth. Un focus similaire, constant, qui dépasse les circonstances et les moments. De toute évidence, elle n’est pas du genre à perdre ses objectifs de vue, ni à se laisser envoûter par les lumières de la fête. D’ailleurs, que la musique de cette pré-soirée ait prédominé jusqu’à faire qu’on s’entende à peine, cela ne l’a pas distraite un instant de son but : livrer un speech habité – discours qui a reçu un tonnerre d’applaudissements. Clare Smyth, ou la main de fer dans un gant de velours.
F&S : Bonsoir Clare, félicitations tout d’abord pour votre prix ; nous espérions vivement vous rencontrer ici !
Clare Smyth : Bonsoir, et merci à vous.
F&S : Qu’est-ce que cela vous fait d’avoir été élue meilleure femme chef au monde ?
Clare Smyth : C’est formidable. Je dois dire que j’ai travaillé très dur pour en arriver là, et de ce fait, la reconnaissance que je reçois aujourd’hui de mes pairs me fait vraiment plaisir.
F&S : Depuis que vous avez reçu cet award, j’imagine que votre vie s’est accélérée…
CS : Oui, le rythme est devenu effréné !
F&S : Maintenant que vous voilà ainsi couronnée, quel est votre prochain but, ou challenge ?
CS : Je souhaite me concentrer sur mon restaurant Core (à Londres), qui est encore tout jeune – il n’a que dix mois d’existence. Pour ce faire, ce dont j’ai surtout besoin, c’est de temps ; c’est ce qui me permettra d’en faire le restaurant le meilleur possible.
F&S : Quels sont les effets immédiats que cet Award a engendrés ?
CS : Grâce au 50 Best, nous sommes plein tous les jours. En dehors de cela, les choses n’ont pas changé de manière drastique. Enfin si, tout de même. (Rires.)
F&S : La presse vous demande énormément, et plus encore ce soir ; donc je n’ose vous retenir davantage. Mais vous vivez à Londres, et moi aussi. Alors à bientôt au Core, pour une interview plus poussée ?
CS : Avec grand plaisir ! J’en serais ravie.
Propos recueillis par Anastasia Chelini
Extraits du discours de Clare Smyth à Bilbao : « Il s’agit de faire des cuisines un lieu de travail agréable pour les femmes ; mais au-delà de ça, il faut en faire un lieu de travail agréable pour les femmes ET les hommes. (…) Le débat continue. Je suis impatiente que le moment arrive où l’on aura atteint l’égalité des genres. »