Le chef américain Sean Sherman, descendant de la tribu des Lakotas, veut proposer une nouvelle cuisine amérindienne

 Article intéressant sur Sean Sherman, jeune chef américain descendant des tribus Sioux, qui part à la recherche de ses origines. Il a fait des recherches sur la cuisine indigène de ses ancêtres et désire trouver un moyen d’exprimer ses traditions sous une forme de cuisine moderne.

Un bon exemple de ce que la cuisine représente pour un patrimoine historique régional et ethnique.

EXTRAITS – Lisez ci-dessous ou cliquez sur le LINK pour retrouver l’article complet de Courrier International. 

Le goût retrouvé de la cuisine amérindienne

La disparition des traditions culinaires est une des conséquences du génocide subi par les nations indiennes d’Amérique du Nord. Le chef Sean Sherman a entrepris de retrouver ces saveurs perdues.

Faut-il continuer de célébrer le 12 octobre comme une fête ? Chaque année, l’Amérique s’interroge sur le bien-fondé des commémorations de la “découverte” du continent par Christophe Colomb en 1492. Pour les Amérindiens, les Native Americans, cette date ravive surtout la mémoire d’un génocide sans précédent. Désormais, de nombreuses villes et États préfèrent d’ailleurs célébrer une “journée des peuples indigènes”, signale le Washington Post.  

“L’extermination des peuples indigènes d’Amérique du Nord a été d’une telle ampleur que leur culture culinaire a été carrément effacée de la surface de la TerreNotre cuisine a été remplacée par une forme ultime d’oppression culinaire – le fry bread [du pain perdu, faussement considéré comme un classique indien] et le fromage fourni par le gouvernement.”  ( source )

La nourriture comme arme

“ À travers tout le pays, les communautés indiennes, qui ont été contraintes d’abandonner leurs aliments traditionnels, ont souffert de pauvreté, d’acculturation et d’un manque de produits frais pendant près d’un siècle.” explique le magazine Saveur.

Dans les grandes plaines, à la fin du XIXe siècle, l’armée américaine a chassé des dizaines de millions de bisons jusqu’à la quasi-extinction des grandes hordes, dans le seul but de vaincre les tribus locales. Dans le Nord-Ouest, les saumons ont disparu progressivement des rivières à cause de la construction de barrages. Dans le Minnesota, les rizières et les terrains humides où était cultivée la canneberge ont été délibérément asséchés pour contraindre les Indiens à rejoindre les réserves. En s’attaquant à leurs sources de nourriture, d’une côte à l’autre, le gouvernement a pu vaincre les Amérindiens.”

Des plantes comestibles cueillies dans la nature par le chef Sean Sherman dans le Dakota du Nord. Dans le sens des aiguilles d’une montre en partant du coin gauche : groseillier à maquereau, baby corn, asclépiades, cerises de Virginie, amorpha canescens, shépherdie, sauge blanche, fleurs de bergamote et branche de genévrier.

Malgré ce tableau effrayant, il est encore possible de savourer la cuisine amérindienne aujourd’hui aux États-Unis. Mieux, souffle le New York Times, “un mouvement prend actuellement de l’ampleur, un effort pour revitaliser la cuisine amérindienne originelle dans la gastronomie contemporaine”Sean Sherman est l’un des pionniers de cette “nouvelle cuisine amérindienne”. Ce chef cuisinier issu de la tribu des Lakotas, qui s’est lui-même facétieusement surnommé The Sioux Chef, a entrepris de retrouver les saveurs de la cuisine de ses ancêtres pour les remettre à l’honneur.  

Retourner à l’origine

“‘Vous ne pouvez pas imaginer combien c’est difficile d’expliquer en quoi consiste la cuisine indigène, Je suis obligé d’avoir cette même conversation encore et encore. Chaque fois, je dois remonter au commencement.” 

Remonter au commencement”, détaille Saveur, “signifie parler de la présence ininterrompue des Amérindiens sur le continent, et de leur système nourricier. C’est ôter une à une les couches coloniales qui ont, au fil des ans, enveloppé le régime indigène  sucre, viande industrielle, céréales raffinées. C’est trouver un moyen d’exprimer ces traditions sous une forme moderne, à travers un restaurant que lui et sa compagne, Dana Thompson, ont l’intention d’ouvrir l’an prochain” à Minneapolis.  

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Pour reconstituer ce savoir-faire oublié, Sean Sherman a “mené des interviews avec des personnes âgées et des chercheurs, compulsé des livres tel que Buffalo Bird Woman’s Garden (publié en 1917), qui répertorie les techniques agricoles d’une Amérindienne ayant vécu dans la réserve indienne de Fort Berthold dans le Dakota du Nord au début du XXe siècle”. 

Mais au-delà des expérimentations culinaires, le cuisinier a perçu le besoin pour sa communauté de se réapproprier son environnement, la connaissance des plantes et des baies sauvages. Son projet de restaurant prévoit donc une étape ultérieure comprenant l’ouverture d’une école de cuisine destinée à promouvoir tout un système agroalimentaire indigène. Et au vu du succès de la campagne de financement participatif du futur restaurant de Sean Sherman (près de 150 000 dollars ont été collectés en un temps record), il est fort probable que la réussite soit au rendez-vous.

J. Guintard pour Courrier International

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