Employer des migrants dans les métiers de la restauration, une idée des syndicats hôteliers qui fait son chemin. La controverse s’installe déjà.

 Recruter et former des migrants aux métiers de la restauration, c’est une idée qui fait son chemin du côté des syndicats qui regroupent une partie de la profession de restaurateurs et hôteliers. À l’heure où la France affiche plus de 9 millions de chômeurs et où plusieurs branches professionnelles ne trouvent pas de candidat désirant s’engager dans un métier manuel, cette idée de donner un métier aux migrants ayant rejoint la France semble une des pistes à explorer. Cette proposition déjà très controversée donne lieu à de nombreux débats, comme : ne vaut il mieux pas améliorer les conditions de travail pour attirer les français ? ou les migrants vont ils devenir les nouveaux employés sous-payés des restaurateurs ? … les commentaires sur les réseaux sociaux s’emballent déjà !

Certes dans un cadre défini, et si la volonté de ces nouveaux arrivant est clairement affirmée, la restauration est une porte d’entrée facile dans le monde du travail en toute légalité. Donc le cas par cas semble la meilleure solution, car on sait que si les choses sont imposées, elle ne feront pas long feu.

Le Parisien vous explique tout :

Confrontés à une pénurie de main-d’œuvre, restaurateurs et hôteliers demandent aux pouvoirs publics de faciliter l’obtention des autorisations de travail pour les étrangers sans papiers.

« 130 000 emplois sont à pourvoir dans le secteur de l’hôtellerie-restauration. » Le constat, dressé par Didier Chenet, président du Groupement national des indépendants (GNI) hôtellerie-restauration, est alarmant : restaurants et hôtels peinent à recruter.

En cause, selon l’Union des métiers de l’hôtellerie (Umih) : la mauvaise image de ces professions et les conditions de travail souvent pénibles. « Aujourd’hui, les gens ont tendance à penser que si tu n’es pas bon en classe, tu finis dans l’hôtellerie-restauration », déplore-t-on à l’Umih.

Didier Chenet abonde dans ce sens : « Ils boudent de plus en plus certains postes difficiles, comme celui de plongeur, par exemple. » Pourtant, insiste-t-il : « Il existe un vrai ascenseur social dans ce métier. Il n’est pas rare de voir des gens qui ont commencé commis de salle finir par gérer un établissement. »

«La formation, le boulot, on est là pour les donner»

Et si l’une des solutions à cette pénurie de main-d’œuvre était d’embaucher des migrants ? C’est l’idée présentée par les professionnels du secteur au gouvernement, le 19 juillet dernier, à l’occasion du Conseil interministériel du tourisme.

« Les restaurateurs et les hôteliers sont dans les starting-blocks, explique Didier Chenet. On attend maintenant du gouvernement qu’il donne des papiers à ces personnes. La formation, le boulot, on est là pour les fournir. » Des discussions sont en cours entre le GNI et le gouvernement pour faciliter la régularisation des migrants qui souhaiteraient travailler dans le secteur.

De même, l’Umih, dans le cadre d’un Plan Emploi qui sera présenté à l’automne, travaille avec différents acteurs pour faciliter l’intégration des ressortissants étrangers dans ces métiers. Objectif : « Accompagner les professionnels de la restauration ou de l’hôtellerie dans leurs démarches pour faciliter l’embauche de ces personnes. »

Dans quelles conditions peut-on les embaucher ?

Employer un étranger présent sur le territoire français n’est pas toujours source de complications, tout dépend de son statut. « A partir du moment où la personne a le statut de réfugié, elle peut travailler comme n’importe quel citoyen français. Il n’y a aucune lourdeur administrative », rappelle Judith Aquien, déléguée générale d’Action emploi réfugiés. Ce statut est réservé « aux personnes qui craignent, avec raison, pour leur vie » : victimes de conflits, opposants politiques, etc.

Il est également possible d’embaucher un demandeur d’asile (une personne en attente du statut de réfugié). Mais seulement 9 mois après le dépôt de sa demande et uniquement dans un secteur manquant de main-d’œuvre, dont la liste est établie par les pouvoirs publics. C’est le cas justement de l’hôtellerie-restauration.

Pour les migrants économiques ou climatiques, ça se complique. Sans papiers pour séjourner légalement en France, ils ne sont pas autorisés à travailler. Pour les embaucher, il faut donc attendre qu’ils obtiennent un titre de séjour. « Bien souvent, ils n’osent pas en faire la demande parce qu’ils savent qu’ils peuvent être reconduits à la frontière. C’est mieux quand ce sont les patrons qui font les démarches. »

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