Echappée au Couvent des Minimes avec Relais & Châteaux et à la table de Louis Gachet

Couvent rime avec retraite, sérénité, silence, sacré, religieux, jardin, joie et partage. Le Couvent des Minimes, lieu de culte il n’y a pas si longtemps encore, s’est métamorphosé en un hôtel Relais & Châteaux 5 étoiles insolite somptueux. À l’abri des murs séculaires, vit un hôtel qui sait décliner l’harmonie entre passé et présent, le luxe discret, tranquille, élégant qui se fond dans la nature où il est aisé de tomber dans la contemplation, la méditation et les « pêchés » de la paresse, du carpe diem, de la dolce Vita, du lâcher-prise, de prendre le temps tout simplement. Le temps ne semble pas avoir de prise sur les bâtiments, sur la garrigue et les pinèdes qui ont vécu les aléas des siècles passés et faire « retraite » au couvent est bonheur total.

Échappée, le temps d’un week-end Relais & Châteaux, au Couvent des Minimes. Atmosphère, atmosphère… Atmosphère monacale joyeuse, rieuse comme au temps béni des Minimes et des Franciscaines. Ici nulle envie de parler fort, de courir dans les couloirs, seulement vibrer d’émotion.

UN LIEU d’histoire, sacré et contemporain, un couvent dans un petit village des Alpes-de-Haute-Provence, Mane, « Village et cité de caractère », grand comme un confetti lumineux, perché, avec ses toits aux tuiles roussies par le soleil et ses ruelles en calades, qui dresse fièrement vers le ciel sa citadelle fortifiée du XIIème siècle et son clocher. Eglise, chapelle, prieuré, pont roman, fontaines et lavoirs, veillent sur le Couvent des Minimes qui s’alanguit au bas de la colline. Un vaste domaine qui dans  un même lieu mêle l’art de la Renaissance et du Baroque, se fond dans la nature, et s’inscrit dans l’art de vivre de cette belle Provence chère à Giono, Pagnol, Cézanne…

À quelques tours de roue de l’étoile qui danse entre deux rochers au-dessus de la ville de Moustiers-Sainte-Marie, s’alanguit un monde à part, un domaine qui s’étale sur 8 hectares et propose la douceur de vivre provençale, à l’abri des vieilles pierres gorgées de soleil et d’histoire

Un lieu qui mêle hôtellerie de charme et cuisine de haut niveau

La culture et l’étude des plantes ont toujours été une activité importante de la vie du Couvent des Minimes de Mane, aussi bien pour les religieux de l’ordre des Minimes installés dès sa création par Forbin Janson en 1613, que pour les Franciscaines missionnaires de Marie qui l’occupèrent ensuite.

Marie-Ange Chiari pour F&S à la rencontre des chefs au Couvent des Minimes

UNE HISTOIRE – Une sacrée histoire – Plus de trois siècles d’histoire.

Le couvent des Minimes  aujourd’hui Relais & Châteaux de luxe a traversé les siècles, connu les rois et la révolution, les temps bénis et sacrés, a abrité des moines et des soeurs.

Le couvent a connu bien des vies totalement incrustées dans les murs. Lieu sacré, monastère, couvent transformé en propriété privée à la révolution, qui chasse, élimine les religieux avant de redevoir sacré. Elle commence en 1613. Il était un marquis, le Marquis Melchior Forbin de Jason, seigneur de Mane, conseiller du Roi, décide la construction  du couvent pour les Frères Minimles qui ont créé les jardins en restanque où ils ont etudié des espaces végétales par centaines.  Des moines érudits y vivront jusqu’à la Révolution. Les bâtiments resteront vides jusqu’en 1862, date à laquelle ils ont accueilli un hospice et voient l’arrivée des sœurs franciscaines missionnaires de Marie chargées de prendre soin des résidents. Au fil des ans le couvent compte de plus en plus de religieux qui donnent au lieu cet indéfinissable charme que les nouveaux propriétaires cultivent avec belle élégance. C’est le temps des fleurs et des arbres fruitiers soigneusement plantés et entretenus par les soeurs franciscaines. Jardinières dans l’âme, elles semaient, plantaient, récoltaient vendangeaient, s’occupaient de ruches comme  de vraies fermières dans un couvent aux allures champêtres de ferme. Elles quitteront définitivement les lieux en 1999… Elles n’étaient plus qu’une poignée des soeurs âgées sur les 8 hectares et durent non sans chagrin quitter le couvent, vite racheté par le fondateur de l’Occitane. Après une première vague de travaux, Le Couvent des Minimes Hôtel & Spa L’Occitane a ouvert en 2008. L’ancien couvent est inscrit au monument historique et les travaux ont donc connu quelques soubresauts selon les découvertes mises à jour.

Suivez-nous. Après un long chemin bordé d’oliviers, apparaissent l’entrée et la chapelle. Il suffit de franchir la porte pour se trouver magiquement transporté dans un ailleurs chargé d’émotions, d’atmosphère. Peut-être les tombes des religieux qui reposeraient sous les pierres  insufflent cette tranquillité rassurante, douce, impressionnante.

Accueil sous les voûtes de la majestueuse chapelle désacralisée, chargée d’histoire et de prières, méticuleusement restaurée. Elle ne résonne plus des pas feutrés et des prières des religieux mais des mots d’accueil du personnel qui vous invite à prendre une tisane, rejoindre le cloitre transformé en bar, ce n’est pas le vin de messe mais des bulles de champagne ou de soda qui vous sont proposées. Les 18 vitraux et un lustre monumental donnent toute la lumière divine au lieu, éclairent les 27 motifs de cette chapelle construite au XIX. Avec 10 m de hauteur sous plafond, un sol en pierre de Bourgogne, une charpente et des portes d’origine, la réception définit le Couvent des Minimes version XXIè siècle,  style, élégance, authenticité. Sous la protection du chandelier monumental (5,20 d’envergure) du créateur espagnol Antoni, trois cercles formant une triple couronne, imbriqués les uns dans les autres portant des lampes en porcelaine opale dont la douce lumière proche de celle des cierges. Le clocher est là, témoin d’un autre temps, la cloche s’est envolée,  va revenir bientôt,  mais soyez rassuré elle ne sonnera pas mâtines pour appeler à la prière,

Une petite volée de marches et vous voir au cloitre. Sous la charpente de bois, un bassin murmure. Ici comme dans tout le couvent, la lumière inonde, se faufile, entre par les fenêtres, fait écho au lustre de suspensions en laiton.

La Chapelle-réception, le cloitre-bar, deux lieux et espaces inspirés, il suffit de se laisser accaparer par l’ambiance et guider par les empreintes de la vie monacale, suivre paisiblement voire silencieusement les chemins de vie et de prières dans les pas des soeurs, avant de rejoindre les chambres.

UN HÔTEL – 49 chambres et suites avec vue.  La plus originale, terriblement élégante, follement romantique, a pris place dans le clocher de l’église  la cloche ne sonne plus mais la vue est époustouflante. Comme dans toutes les chambres, par les fenêtres entrent à flot les parfums de verveine, lavande, que l’Occitane a si bien captés, distillés et transformés.

Les chambres n’ont plus rien de monacale, elle affichent une élégance sobre, avec un caractère assumé et assuré, un confort douillet, mâtiné de design contemporain. Évidemment ultra connectées, elles ont adopté le numérique sans vendre leur âme au diable, elles sont devenues modernes tout en gardant dans les murs le souvenir des présences des anciens occupants. Elles ont adopté les couleurs de la sérénité, lin, coton, osier, raphia, grès, terre cuite, parquet blond, bois clair, meubles de rotin et de bois, chaises et banquettes provençales crème qui rappellent celles qui siègent dans le peintures de Van Gogh, mobilier contemporain en chêne blanchi. On se sent gentiment enveloppé comme dans un cocon protecteur. Élégance, simplicité et naturel pour un raffinement à la provençale revisité.

Les chambres avec terrasse aménagée, refuge douillet pour lire bercé par le chant des cigales ou regarder, à l’heure bleue, défiler les étoiles dans le ciel provençal.

Tout autour le domaine protégé offre des balades, un chemin de croix, des jardins, un bassin de nénuphars où croassent des crapauds qui pourraient se transformer en prince charmant avec un baiser, une terrasse qui porte fièrement un platane centenaire qui a recueilli les secrets des soeurs et gens de passage, une piscine, un spa, des chemins de promenade apaisants que devaient suivre les moines et les soeurs priant, enveloppés des doux parfums des fleurs du jardin des senteurs. Comme eux nous pouvons nous plonger agréablement dans l’ambiance des récits de Giono ou de Pagnol, dans cette Provence éternelle, bucolique, magique, en grimpant les 13 restanques avec vue sur les collines, champs de lavande, les  pins d’Alep et les tilleuls. Il est agréable de gagner le belvédère avec vue sur la plaine, de grimper, de découvrir, des autels, de vivre une immersion bienfaisante entre un passé et un présent qui met en scène discrètement les codes et usages de la modernité.

PARTOUT DES JARDINS D’HERBORISTES – La nature en majesté. Fidèles à la vocation botaniste du Cou vent, les paysagistes ont accordé au végétal une place de choix en multipliant les espaces verts  colonisés par oiseaux et cigales.

Le domaine est vaste il offre ses expériences multiples restaurants gastronomique étoilé, bistrot, piscine, deux, cours de tennis, salle de fitness, lecture dans un des salons, spa spectaculaire de 2500 m2, bassins sensoriels, piscine intérieure, salle de yoga, grotte de sel, hamac, saunas, 10 cabines dont 2 en duo, quatre bassins dont un parcours aquatique avec les soins exclusifs de L’Occitane dont les laboratoires et ateliers se situent pas très loin à manoque exactement. Une visite passionnante. Comme le précise l’architecte Anthony Micoud : « Le spa se caractérise par son interaction dynamique entre l’architecture et l’environnement naturel qui l’entoure, la succession de murs parallèles permettant de cadrer des vues sur le paysage » .Le Spa l’Occitane révolutionne la définition des soins spa, installe une expérience de bien-être holistique.

 

UN CHEF –  LOUIS GACHET – Meilleur Ouvrier de France et Chef étoilé

Il y a 32 ans Louis Gachet est né en Bourgogne, à Mâcon exactement, dans une famille de restaurateurs. autant dire qu’il a attrapé très vite le virus de la cuisine? après des études en lycée hôtelier, il a enchainé les stages dans de grandes et belles maisons, Cyril Suet à la Ferme du Chozal et chez Michel Troisgros à Roanne,

De 2012 à 2014, il fait ses classes auprès de Patrick Breton au Relais Bernard Loiseau à Saulieu, passant de commis de cuisine à Chef de partie. 2015, année charnière, année lumière,  Chef doublement étoilé Arnaud Faye à la Table du Connétable** à Chan- tilly qui l’engage en tant que Chef de partie puis fait de lui son second de cuisine quand il part à Eze au Château de la Chèvre d’Or**. Il remporte en parallèle plusieurs concours : L’International Cup de Cuisine – Trophée du Prince Albert II de Monaco en 2019 et le Prix Culinaire Taittinger France en 2020. 2022,  Fabien Piacentino, Directeur Général du Couvent des Minimes Hôtel & Spa L’Occitane fait appel à lui comme Chef Exécutif pour les deux restaurants : le bistrot Pamparigouste et le restaurant gastronomique Le Feuillée.. Le chef débarque au couvent avec son épouse Pauline, responsable de la restauration. Ils forment une équipe, soudée. Pour Pauline et Louis, la cuisine et la salle ne sont rien l’une sans l’autre et forment une seule équipe soudée par le travail, le partage et la bonne humeur. En mars 2024, Louis Gachet a décroché sa première étoile au Guide Michelin pour le restaurant Le Feuillée*.

ET DEUX TABLES – DEUX RESTAURANTS, DEUX ATMOSPHÈRES

  « Pamparigouste », le bistrot, ouvert tous les jours et à tous les repas. Avec vue sur les champs de lavande, se prolonge sur une terrasse. Louis Gachet déroule une cuisine régionale et ensoleillée,  du lundi au vendredi un « menu du marché » qui privilégie les produits de saison des producteurs locaux, notamment l’artichaut qu’il adore. Les autres jours ou le soir à la carte, mises en bouche à partager – panisses niçoises au crémeux de poivrons confits ou gambas en tempura ; en entrée,  œuf bio parfait, champignons et lard de Colonnata, Comté 24 mois ou crudo de pêche du jour; en plat, risotto de petit épeautre, pecorino romano, légumes de nos producteurs ou volaille fermière, sucrine au BBQ façon césar, pulpe de pomme de terre …

Le restaurant gastronomique, « Le Feuillée », en hommage à l’enfant du pays, lecélèbre botaniste de Louis XIV. Le Feuillée est ouvert tous les soirs du mercredi au dimanche et au déjeuner le dimanche.

Nous avons dégusté le Menu, joliment baptisé « Racines & Influences » . Le chef est descendu avec son panier au potager, a fait un tour au jardin des simples, a cueilli ça et là quelques merveilles des espaces verts du domaine, les a mariées aux poissons et pièces de viande, les a saupoudrées de quelques souvenirs de Bourgogne et quelques esprits de Provence et voilà un menu ensoleillé, sans frontière, où la terre et la mer se rencontrent avec goût et saveurs.

TOURTEAU, fenouil, gaude, immortelle les parfums de la garrigue se marient  délicatement au tourteau

HUITRE GIOL, tête de veau, gribiche, n’dupa, caviar 

LANGOUSTINE, cèpe, moelle de bœuf, feuille de figuier

SÉRIOLE, tomates, feuille de cassissier, rouille safranée

BŒUF, sarment de vigne, seiche, pomme de terre

POIRE, sarrasin, épices, jus vanillé

Un séjour comme un voyage au lent cours où l’essentiel est de prendre soin de soi, de son âme, de son corps, en communion avec la nature. Dans un hôtel qui a attrapé des lignes modernisées, repensées, pour installer une retraite connectée en un lieu d’histoire qui met en scène art de vivre, confort, plaisirs culinaires. Avec la discrétion majeure. Loin de l’agitation des villes. Sous l’oeil bienveillant de Fabien et Valérie Piacentino, les Maîtres de Maison du Relais & Châteaux Le Couvent des Minimes Hôtel & Spa L’Occitane, qui vivent le lieu avec leur coeur et leur âme, heureux de voir que la restauration a épargné quelques trésors, vestiges d’un passé religieux, fresques du XVII, dessins, sculptures et portes anciennes dont celle de la chapelle, statue d’un vieux moine, dernier gardien du couvent qui semble détenir les secrets du lieu. ils sont heureux de pouvoir comme les clients suivre le chemin des moines, chemin que les religieux empruntaient tous les jours, traversant la chapelle, les patios, le cloitre et les restanques.

 LE COUVENT DES MINIMESChemin des jeux de Maï, 04300 Mane

Publication connexe