Liberté, confiance, visibilité, voici quelques-uns des mots les plus entendus au Théâtre national à Oslo, ville qui a accueilli ces derniers jours la cinquième édition du Parabere Forum – le rassemblement mondial et la gastronomie itinérante des femmes, initié par la journaliste Franco-espagnole María Canabal-.
Sous le slogan « Changer le jeu » ( Changing the game ), l’événement a rassemblé cette année plus de 400 femmes. Chefs de cuisine, responsable de salle, femmes de chambre, sommelières, pâtissières, et même coupeuses de jambon, elles sont venues des quatre coins du monde pour écouter les histoires d’autres femmes et rechercher l’inspiration nécessaire pour continuer à nourrir le changement.
Sur la scène, des voix telles que celle de l’américaine Alice Waters, cuisinière emblématique de » l’écogastronomie mondiale « , qui a présenté son dernier projet Public Education for Children & Farmers”. Elle a dédié toute sa vie à lutter contre le « fast food américain » en poussant à l’alimentation biologique, l’Américaine tente en ce moment de mettre en relation les écoliers avec les agriculteurs et les éleveurs car » l’éducation alimentaire ne signifie pas seulement enseigner aux enfants les recettes, mais c’est aussi connaitre l’histoire « , a t’elle rappelé.
Une autre histoire qui a marqué la cinquième édition du Parabere Forum est celle de la cuisinière française Hélène Darroze , qui a inspiré le personnage de Colette dans le film Ratatouille . » Quand j’ai eu la deuxième étoile Michelin, tout le monde a parlé de moi parce que j’étais la première femme à le faire, mais pas à cause de ma cuisine », a expliqué la chef cuisinière, qui a également évoqué en détail son statut de grand chef à la télévision, mais aussi son combat pour les femme dans ce métier : « les hommes cuisinent pour démontrer quelque chose, pour leur ego, tandis que les femmes le font pour partager une expérience, pour nourrir ».
De nombreuses femmes ont témoigné sur la scène du National Teather à Oslo, et surtout d’autres chefs de cuisine française comme Dominique Crenn – (la première chef femme aux États-Unis qui a remporté trois étoiles au Michelin pour son restaurant Atelier Crenn) ou l’Australienne Kylie Wong et quelques hommes qui ont osé participer à la cinquième édition du Parabere Forum: le chef français Olivier Roellinger, grand étoilé au guide Michelin pour son restaurant Maison de Bricourt, et qui se consacre à la transmission gastronomique et à la défense des océans, il y avait aussi le chef espagnol Andoni Luis Aduriz, à la tête du restaurant Mugaritz (2 étoiles au guide Michelin dans le pays basque).
Dans son discours, le chef basque a évoqué la culture machiste dans laquelle de nombreuses femmes ont été piégées – » ma mère m’a fait la cuisine, elle faisait mon lit, elle a lavé mes vêtements, les a repassés et rangés pliés propres dans mes tiroirs et cela m’a semblé normal. D’où cala vient t’il ? « – il a souligné que l’évolution doit maintenant être partagée par les hommes et les femmes : » Il est nécessaire de rendre les choses visibles pour ceux qui ne peuvent pas les voir. Aujourd’hui, je ressens cette idée de sexe plus faible et cela m’aide à comprendre ce que peut ressentir une femme entourée d’hommes hostiles « .