Disparition du chef Jacques Le Divellec – Son terroir c’était la mer

Il fut une des grandes toques parisiennes, durant plusieurs décennies son restaurant « Le Divellec » resta une des tables références de la capitale, très connu pour sa carte qui proposait les meilleurs poissons, coquillages et crustacés dans son restaurant aux portes de l’Assemblée Nationale.

Le chef Jacques Le Divellec s’est éteint à l’âge de 91 ans, sa personnalité, sa gouaille, son charisme, sa gentillesse mais aussi sa force de caractère, sa passion pour la cuisine et les produits de la mer, avaient fait de lui un chef atypique et complètement en marge, Le Divellec, c’était Le Divellec !

Pendant plus de trente ans il a reçu à sa table tout le monde de la politique, du pouvoir, des médias, et le show Bizz, sa table était le rendez-vous discret des députés, mais aussi des grands de ce monde.

Le chef Guillaume Gomez ( ex chef des cuisines du Palais de l’Élysée ) qui l’a bien connu a indiqué :  » Chef, tu es parti avec cette discrétion qui ne te caractérisait pas aux grandes années! … mais qui était devenue un refuge depuis ton retrait de la scène gastronomique. Cette scène gastronomique où tu m’as accueilli il y’a plus de trente ans et sur laquelle tu m’as accompagné durant toute ma carrière. C’est toi, le premier, qui me donne ma chance d’intégrer une grande brigade, doublement étoilée, la tienne. J’y découvre une autre cuisine, celle de la mer, j’y rencontre un autre univers celui des grandes brigades. C’est à toi aussi que je dois mes premières rencontres avec les grands chefs, les meilleurs ouvriers de France et mes premiers pas dans le monde politique. C’est chez toi, que je rencontre tes amis, les immenses Charles Barrier, Paul Bocuse, Jean Delaveyne, Joël Robuchon, Gaston Lenôtre, Roger Vergé et bien d’autres… C’est à toi que je dois ma rencontre avec le président François Mitterrand, mon premier chef d’état. C’est toi aussi qui me recommande à ton ami Joel Normand, chef de l’Élysée. Après cette année élyséenne, c’est encore toi qui me conseille de prolonger… ce matin, tes mots raisonnent encore en moi. « Eh ho, ce n’est pas tout le monde qui peut faire ce choix! Reste j’te dis ! » Merci Chef pour toutes ses années, tous ses conseils et ton amitié. Merci pour ce que tu as fait pour la gastronomie française, de Port-des-Barques à Paris, de La Rochelle à Bruxelles, de Madrid à Tel Aviv. Toi qui a été le premier à ouvrir des restaurants dans le monde, plus d’une dizaine déjà à l’époque, toi qui a été le premier chef à collaborer avec Air France. La transmission faisait partie de ton ADN. Pour preuve les ouvrages de référence que tu nous laisses dont le Larousse des poisson ou le lycée hôtelier de La Rochelle cher à ton cœur. Au banquet céleste ou tu retrouves tant d’amis, je t’imagine au passe ou de ta voix de centaure tu les gratifies d’un « envoie ! Envoie je te dis ! »
Hier encore j’avais à tes côtés , un chef, un mentor un ami. Mes pensées les plus douces vont vers Amina ton épouse, tes enfants, vos proches et ceux qui affectueusement passés par chez toi te qualifiaient d’un « papa » mais jamais en ta présence. Repose en paix Chef.
« 

Le journaliste Gilles Pudlowski a lui indiqué :  » 👨‍🍳Il était le Bocuse de la mer, mon menhir à moi. Conseiller au long cours, marin rochelais amoureux du grand vent et du bel océan, Jacques le Divellec accueillait chez lui, à deux pas des Invalides et de l’Assemblée Nationale, ministres et députés, mais aussi le tout venant des amoureux de la mer dans un cadre bleuté orné de marines de Corbassière. Assurément, le grand Jacques était un cas. Cas de longévité d’abord. A plus de quatre-vingt printemps, ce colosse breton néo-charentais, parisien depuis belle lurette, réussissait à être partout à la fois.🐠 – 🚄On l’a connu à Bruxelles, donnant des leçons de maintien marin au SAS Sea Grill – il concoctait à l’époque des repas tout saint-jacques et tout muscadet avec son copain Métaireau. On l’a revu en Crète, au Elounda Beach, donnant le « la » de la meilleure table hellène des côtes de la Méditerranée, imaginant un turbot en souvlaki ou des tzakizi de crustacés. Ce pigeon voyageur aux airs de thon géant, vite renfrogné, si l’on lui faisait une remarque sur sa brandade de morue pas fine (“ne me renvoie pas en apprentissage”, me dit-il un jour, en me serrant le col, car je l’avais taquiné en le comparant méchamment à un de ses élèves), avait été grand manitou conseilleur à Saint-Domingue ou à Madrid (la Villa Magna), sans omettre Jérusalem (le Hilton). 🦞 – 🐟Pédagogue surdoué, dégageant la sympathie d’emblée, il s’était fait comme personne l’apôtre de produits méconnus, les pistes – ces mini-calamars de Port-Vendres – comme le capitaine – ce savoureux poisson d’Afrique. Auteur de cent ouvrages sur la mer et ses richesses, il a imaginé un homard à la presse, usant d’une presse à canard, et une béarnaise de homard qui ont fait date. Je lui dois une visite homérique de Rungis de nuit du pavillon de la mer et chacune de ses explications était comme un poème. Il nous quitte aujourd’hui , paisiblement, à 91 ans. On te regrettera, grand Jacques ! « 

Voilà ce qu’a indiqué l’AFP :

« C’était un vieux monsieur […], mort de sa belle mort« , un chef « disruptif et audacieux« , a commenté ce vendredi Amina Yamgnane, l’épouse du chef Jacques Le Divellec, en annonçant son décès à l’âge de 91 ans.

C’est devant son restaurant que sera prise la photo de François Mitterrand avec sa fille Mazarine, dévoilant son existence au monde entier. « Ce n’est pas moi qui ai vendu la mèche« , s’insurgeait-il, avant de prendre sa retraite en 2013.

Une enfance au bord de la mer en Charente-Maritime – Né le 15 septembre 1932 à Paris, l’histoire de Jacques Le Divellec est liée à la mer : un grand-père marin au long cours, une enfance au bord de la mer en Charente-Maritime, terre à laquelle il est toujours resté profondément lié, ou encore un service militaire dans la marine.

En 1958, il s’installe à La Rochelle. Le yachtman obtient quatre ans plus tard sa première étoile au Michelin. Dès le début des années 70, à l’image des Bocuse, Guérard ou Troisgros, le chef parcourt le monde, grâce à son rôle de conseiller culinaire pour la chaîne hôtelière Hilton International. Ses voyages lui ouvrent de nouveaux horizons. Il découvre le gravlax, cette recette nordique de saumon cru préparé avec un mélange d’aneth, de sel et de sucre qu’il rapporte en France.

Un restaurant à son nom à Paris – En 1978, seconde étoile au Michelin. Sa renommée grandit et il décide en 1983 d’ouvrir un restaurant à Paris. Ce sera le « Jacques Le Divellec« , une façade bleue comme la mer sur l’esplanade des Invalides. Une table dédiée au poisson et aux crustacés – comme le homard à la presse – qui va devenir un des rendez-vous du monde politique.

Le restautant Le Divellec a été repris en 2016 par le chef Mathieu Pacaud.

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