À lire ci-dessous ou via l’article de quotidien Le Parisien
…/… La gagnante de l’émission Top Chef 2013 a ouvert son premier restaurant dans le joli centre-ville de Pontoise (Val-d’Oise), en mai dernier. L’or Q’idée. Sa fleur préférée. Et des idées. Bien à elle. Après avoir officié pendant plus de quinze ans auprès de grands chefs, elle a choisi de prendre à son tour les rênes.
Mots choisis, regard franc, on sent une personnalité bien trempée derrière la silhouette fluette. Brindille aux yeux noirs, Naoëlle trace sa route. Elle est loin l’adolescente qui regardait avec envie les premières émissions culinaires de Cyril Lignac.
« Une compétition permanente avec soi-même »
Orientation vers la cuisine à 14 ans. Préapprentissage, CAP, BEP, Bac, s’enchaînent, fluides. « J’ai tout de suite adoré l’ambiance des cuisines, la hiérarchie, la rigueur, le dépassement de soi, ce côté militaire », glisse-t-elle. Une table, puis une autre. Dans l’Oise, d’abord, notamment au Dolce, à Chantilly. Puis aux côtés d’Éric Fréchon, triplement étoilé, aux fourneaux du Bristol, palace parisien. « Je pensais tenir deux ans, j’y suis restée dix », sourit la jeune femme de 35 ans. Elle gravit les échelons. « Une compétition permanente avec soi-même ». Réjouissant, mais épuisant.
Moral d’acier, telle une sportive de haut niveau, elle accepte un challenge de plus, en 2013. Celui de Top Chef. Et gagne. Dans les mémoires des téléspectateurs de l’émission de M 6, elle restera la Naoëlle, brillante et battante, prête à tout pour gagner. Si elle a été blessée par certaines critiques ? « Ça fait partie du jeu, on apprend à prendre du recul », élude-t-elle. Elle sort lessivée de l’aventure, mais avec un nom, connu du grand public.
« J’étais attendue au tournant »
Elle attend pourtant, avant d’ouvrir son restaurant. « J’étais attendue au tournant ». La jeune femme est du genre réfléchie. Elle passe alors quelques années dans les cuisines de Vente privée. Histoire de faire retomber la pression. Et enlever l’étiquette Éric Fréchon. « J’avais besoin de retrouver ma cuisine à moi, mes papilles. Pendant dix ans, son palais était mon palais, je cuisinais pour lui. » Puis elle se sent prête. Mais ce qu’elle visite à Paris ne lui plaît pas. Alors ce sera Pontoise, son département d’adoption, et terre natale de son mari Mathieu, sommelier qui officie à ses côtés.
Loin des palaces et des grandes tables de la capitale, elle s’y sent bien. Elle revendique une cuisine moderne. « Du volume, du raffinement, le voyage, les épices, les agrumes », décrit-elle, convaincue que « la cuisine, c’est comme la mode, elle doit évoluer en permanence. Les gens ne veulent plus de sauces, de ragoûts. Maintenant, c’est un trait d’huile d’olive, un filet de citron ». De la légèreté.
Depuis ses fourneaux, à travers la vitre, elle regarde sa salle, ses hôtes. Un habitué, qui raffole de sa langoustine. Une famille venue fêter un anniversaire. Ce client à qui elle a fait aimer le concombre. Son plaisir. Perfectionniste et exigeante, elle garde la main sur chaque assiette qui sort de sa cuisine.
Ses recettes, elle les élabore comme un scientifique dans son labo. « Les producteurs nous apportent de beaux produits et les sens parlent. On part d’une idée, et on retravaille sans cesse, raconte-t-elle. L’œuf à basse température, il a fallu une semaine pour trouver le bon dosage ».
Un compliment revient souvent, lors du tour de table en fin de service. Et elle l’apprécie particulièrement. « Beaucoup me disent ressentir qu’il y a une femme derrière l’assiette », sourit cette mère de deux garçons. Et comme la cheffe marche aux défis, elle s’est déjà fixée celui de décrocher un premier macaron l’an prochain.
…/… Le tout à des prix raisonnables : entrées et plats de 16 à 29 €, menu affaires le midi en semaine à 35 € entrée-plat-dessert. Menu dégustation en six services à 69 €. Service est charmant. Alors on pardonne aisément le manque de renouvellement de certaines parties de la carte.
L’or Q’idée, 14, rue Marcel-Rousier, Pontoise (95). Réservations sur lorqidee.fr ou au 01.34.35.47.10.