En Italie, une chose est sûre : on ne plaisante pas avec la cuisine traditionnelle. Pas de crème fraiche dans les pâtes carbonara, pas de gruyère dans les lasagnes, pas d’ananas sur la pizza… respecter les dogmes des recettes traditionnelles est primordial.
Toutefois, quelque chose vient tout juste de changer. Le 25 mars dernier, le pizzaiolo Franco Pepe, déjà élu meilleur pizzaiolo au monde, a gagné le prix » Plat de l’année 2019 » avec sa création “AnaNascosta”, un cône de pâte à pizza frite fourré avec de la fondue de Grana Padano, du jambon de Parme, de la poudre de réglisse et – devinez quoi? – de l’ananas !
Eh oui, le meilleur plat italien de l’année 2019 est une véritable provocation culinaire et aborde l’un des plus grands tabous de la cuisine italienne : la profanation américaine du bien aimé plat national : la pizza.
» J’étais à Hong Kong lorsqu’un journaliste m’a demandé si je pouvais imaginer une pizza à l’ananas, j’étais scandalisé, j’étais certain que si je proposais une pizza à l’ananas à mes clients, ils m’auraient traité de fou et l’a refuseraient. Mais l’idée me séduisait de plus en plus et quand je suis rentré en Italie j’ai voulu essayer. J’ai donc pensé de cacher le fruit dans un cône de pâte à pizza frite et de fines tranches de jambon, j’ai donc décidé de proposer le plat en ne donnant aucune explication à mes convives, la dégustation a provoqué une agréable surprise. Voici pourquoi j’ai pensé au nom “AnaNascosta”, ananas cachée. » a expliqué Franco Pepe –
Le comité Identità Golose qui a donné ce prix a expliqué le choix du plat de Franco Pepe comme Plat de l’année, en indiquant qu’au delà du gout et de l’exécution parfaite de la recette, c’est le message que le chef a voulu faire passer qu’ils ont voulu récompenser. Albert Einstein disait » qu’ il est plus facile de briser un atome que de briser un préjugé » et le chef Franco Pepe, en effet, a parfaitement réussi dans cette démarche en montrant à ses convives que la seule chose qui compte dans la gastronomie c’est le mariage des saveurs, sans préjugés ni diabolisation.
Par Lorena Lombardi