La Fête de la vache nantaise est un rassemblement sociétal. Pendant trois jours, au Dresny, en plein cœur de ce milieu rural très dynamique, un public nombreux, d’origine sociale et géographique diversifiée se déplace pour vivre un moment singulier.
Ce rendez-vous atypique et sans doute inclassable permet au plus grand nombre de venir à la rencontre de ceux qui ont déjà engagé leur transition écologique et économique. L’idée récurrente de cette fête est de proposer des solutions simples et applicables par tous, de façon à ce que cette transition soit engagée massivement et de façon irréversible.
Les rencontres formelles ou informelles durant la manifestation avec des professionnels agricoles, des acteurs des métiers de l’alimentation et les élus des collectivités territoriales permettent d’espérer une autre vision de l’agriculture et que les solutions proposées puissent inspirer les choix et les politiques futures.
L’ambiance festive facilite les échanges et bouscule les préjugés. Ceux qui veulent changer le monde vont essayer pendant ces trois jours de convaincre les autres pour agir au quotidien et répondre à l’urgence écologique et construire un autre équilibre économique…
Carlo Petrini – Président et fondateur du mouvement Slow Food est né en Italie en 1949. Journaliste, sociologue et critique gastronomique, il écrit sur le vin et la nourriture dès 1977, et contribue à des centaines de périodiques italiens et à d’autres publications à travers le monde. En 1986, il fonde Slow Food, réponse à l’ouverture d’un Fast Food, Piazza di Spagna à Rome. Le mouvement Slow Food est engagé en faveur d’une approche différente de la gastronomie. Il propose une redécouverte de traditions culinaires authentiques et des plaisirs de la table, avec l’ambition de donner le statut de patrimoine mondial à la nourriture et au vin de qualité. Aujourd’hui, le mouvement existe dans plus de 150 pays et compte plus de 100 000 membres et sympathisants. En 2004, il crée l’université des sciences gastronomiques, aujourd’hui fréquentée par des étudiants du monde entier.
Carlo Petrini a reçu de nombreux prix et distinctions, dont celui du Concours international de vins et spiritueux à Londres, le Prix Sicco Mansholt de Hollande, un doctorat honoris causa en anthropologie culturelle de l’Instituto Universitario Suor Orsola Benincasa de Naples, un diplôme honorifique de l’Université du New Hampshire, et le Prix Eckart Witzigmann science et médias de l’Allemagne. Il a été nommé « Innovateur » dans la liste Time Magazine des héros européens 2004.
Carlo Petrini est un visionnaire qui travaille à améliorer l’agriculture et les questions d’alimentation à l’échelle planétaire. En 2013, Le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) le récompense « pour sa contribution exceptionnelle dans le domaine de l’environnement et du développement durable » avec le prix Champion de la Terre.
Le chef Michel Bras a découvert la Fête de la Vache nantaise, à Plessé, ses acteurs combattent l’alimentation issue des multinationales.
Interview du chef Olivier Roellinger pour le quotidien Ouest france
C’est la première fois que vous venez à la Fête de la Vache nantaise, à Plessé ? – OR –C’est la première fois et c’est ce qui est tout à fait étonnant. Moi, Breton de Cancale, je n’avais pas connaissance de cette fête. Alors que je suis dans des manifestations au Pérou, en Italie, en Inde… Et dans la « Grande Bretagne de coeur » comme je l’appelle, ne pas savoir qu’il se passe un événement comme celui-ci tous les quatre ans pose question. C’est mon ami Michel Bras qui, à Nantes Forum l’année dernière, rencontre Laurent (N.D.L.R. : président de l’association organisatrice). Et simplement à travers le message dans les yeux de Laurent, il comprend qu’il y a quelque chose de très important et de passionnant qui se passe à travers cette fête. Michel nous appelle, Pierre Gagner, Michel Troisgros et moi-même, parce qu’on est un peu comme les quatre mousquetaires, ça fait près de quarante ans qu’on est ensemble. Il nous dit : « Il faut que vous veniez. ». On est là et on est sur le cul.
Pourquoi « êtes-vous sur le cul » ? – OR – À cause de ces 1 500 bénévoles qui s’investissent dans le collectif, vers la qualité, vers une forme de solidarité à travers le sujet majeur de notre époque, l’alimentation. Chacun doit se fédérer par rapport à ces monstres que sont ces multinationales, qui veulent imposer une alimentation au monde. Chacun doit apporter sa pierre en fonction du maillon où il se trouve. Nous, les cuisiniers, on est le dernier des maillons. Mais si nous ne le faisons pas, si nous ne sommes pas les premiers de cordée, qui va le faire ? Pendant vingt ans, vingt-cinq ans, il faut le reconnaître, on a vécu dans une tour d’ivoire. On avait nos clients, nos collaborateurs, nos producteurs qu’on ne voulait surtout pas partager. Mais on ne se préoccupait pas de ce qui se passait dans la rue, dans les cantines, dans la vie de tous les jours, de chacun.
Qu’est-ce qui vous a marqué ? – OR –L’université paysanne me touche beaucoup, comme la sincérité des hommes et des femmes qui organisent cette fête. La dimension culturelle par rapport à un territoire aussi, bien sûr, mais surtout la dimension économique, car chacun doit trouver un modèle économique et pouvoir en vivre, on n’est pas dans un monde de Bisounours. Ici, le monde de l’élevage, qu’on tend un peu à pointer du doigt, trouve un nouveau souffle.