Un article du quotidien régional L’Est Républicain
Philippe Lebœuf, ce Vosgien devenu meilleur hôtelier du monde
Le directeur du Mandarin Oriental vient de passer quelques jours dans le massif des Vosges. Un retour aux sources bienvenu pour globe-trotteur de l’hôtellerie de grand luxe qui s’est construit dans un café de Remiremont.
Il est repassé devant de cette maison un peu ancienne voici quelques jours en revenant dans les Vosges. Tandis qu’il venait d’avaler 560 kilomètres en trois jours sur son vélo depuis Paris, Philippe Leboeuf a pris le temps d’immortaliser la façade de cet ancien bistrot, situé en bord de route, à Remiremont. Aujourd’hui fermé, le « Café Le Choisy » ne paye pas – ou alors plus – de mine. Il a pourtant peut-être révélé, du temps du « Café des sports », l’un des plus brillants hôteliers du monde. « Mon père tenait le bar, ma mère était en salle et ma grand-mère en cuisine », se souvient Philippe Leboeuf.
Des évocations de jeunesse qui suscitent de belles réminiscences vosgiennes. Les brimbelles, la cueillette de champignon, la pêche à la truite. Ou encore les grandes balades en forêt, les parties de volley. Et puis le vélo. C’est aujourd’hui le sport de prédilection du Vosgien, dans ses rares moments de détente. C’est dire s’il a savouré l’occasion qui s’est présentée en fin de semaine dernière pour une balade aux côtés de son frère Francis. Le destin tient finalement à peu de chose lorsqu’on a grandi au « Café des sports ». Café ou sport ? La restauration ou les stades ? La brillante carrière de Philippe Leboeuf aurait pu en effet l’amener vers le foot. La passion – et même plus – de son père Jacques qui a brillé sur les stades de Plainfaing au Thillot, en passant par Reims en semi-pro au contact de figures telles que Just Fontaine ou Roger Piantoni aurait pu ouvrir une voie. Mais le ballon rond, ce sera pour le cousin, Franck Leboeuf.
Le jeune Philippe hésite, lui, un temps à aller vers l’aviation. Il renonce et choisit finalement la restauration, poussé par sa mère. Il se forme à l’école hôtelière Illkirch-Graffenstaden, près de Strasbourg. Là encore, le système scolaire ne fait pas tout. C’est la volonté qui déplace les montagnes. Les notes d’anglais à oublier bien vite en cours n’empêcheront pas ce manager international de s’exprimer avec une aisance déconcertante depuis plusieurs décennies maintenant dans la langue de Shakespeare.
Le jeune Philippe Leboeuf prend ses ailes. À Paris, il commence au bas de l’échelle : employé en réservation, puis en réception. Avec déjà la conscience que la notion de service est primordiale. Et puis sa carrière va résonner avec les noms des plus illustres des palaces et de l’hôtellerie du grand luxe du monde entier de Paris à New York. En 2010, le Vosgien rejoint le Mandarin Oriental, un groupe prestigieux en développement qui compte aujourd’hui 31 hôtels ouverts.
En 2018, c’est la consécration. En novembre, Philippe Leboeuf devient « Meilleur hôtelier du monde », une sorte d’Oscar de l’hôtellerie décerné par le magazine américain « Hotels » qui récompense l’excellence dans un domaine aussi rigoureux que pointu, l’hôtellerie de grand luxe.
Que de chemin parcouru depuis cette enfance vosgienne pour celui qui se définit comme un « bac-1 » Et quel bel exemple pour ceux qui voudraient suivre cette voie. Avec la force de la détermination et d’amour pour son métier.
« Mon père tenait le bar, ma mère était en salle et ma grand-mère en cuisine »