La quotidien Local Ouest-France était à ses côtés.
Seul chef « deux étoiles » du Morbihan, Jean-Paul Abadie a concocté, samedi soir, ses derniers plats dans son restaurant l’Amphitryon. À 59 ans, dont 43 en cuisine(s), le Lorientais entend désormais « vivre comme tout le monde ».
À raison de deux services quotidiens, 260 jours l’an et pendant 43 ans, « j’ai dû en faire des dizaines de milliers », comptabilise Jean-Paul Abadie (22 360 selon sa grille de calcul !).
Le seul 2 étoiles du Morbihan
Samedi soir, « c’était un service un peu particulier, car le dernier », soufflait le chef de l’Amphitryon, un des trois restaurants bretons, le seul du Morbihan, récompensé de deux étoiles au guide Michelin. Qu’il a d’ailleurs restituées au guide rouge fin octobre.
La der des ders
Pour la der des ders, l’Amphitryon à la sauce Abadie affichait complet. Le chef de 59 ans s’étonnait des réservations de personnes qui lui étaient étrangères alors « que je connais les trois-quarts si ce n’est pas la totalité de ma clientèle. Ça sent le coup fourré de la part de mon personnel »…
Il avait concocté pour l’occasion « un menu collector car composé des recettes qui ont marqué l’Amphitryon et avant cela l’Hôtel du Centre à Hennebont, que j’ai tenu jusqu’en 1983 ». Un menu que « je n’ai même pas écrit. Tout était dans ma tête ».
Et dans l’assiette des 35 privilégiés, tout a commencé par « une dînette de saveurs de coquillages de la ria d’Etel » qui précédait « une huître plate au vermouth et caviar servie tiède », recette élaborée en 1998. Suivaient « un baluchon d’araignée au caramel de tomates » (1983), un « Cache-cache » (1987) puis un « club sandwich » (2002) de Saint-Jacques et truffe.
« Homard à la mode des vieux »
Après ces mises en bouche, place au « bar à la vanille » (2004), au « homard à la mode des vieux » sauce au vin rouge et marmelade de kumquats (1990) et enfin un « pigeonneau arabica » (2007). Enfin, les desserts : terrine d’orange en gelée (1986) et « petit chocolat grand cru à l’estragon » (2015)…
« Des occupations simples » – S’il était samedi « à 100 % au travail », Jean-Paul Abadie nourrissait déjà d’autres desseins : « Je suis plein d’envie et déjà celle de vivre comme tout le monde ! ». Car pour le chef, la retraite, « ce n’est qu’un mot, un trait d’union entre une vie professionnelle et une vie qui continue. J’aurai plus de temps pour ma famille, pour moi ». Il s’adonnera « à des occupations simples comme passer du temps dans le jardin ou aller à la pêche avec un copain ».
Et l’Amphitryon ? « Je suis très confiant quant à son avenir », en son sommelier Anthony Rauld désormais associé à Olivier Beurné, ancien chef étoilé du château de Locguénolé.
Dès demain lundi, ils proposeront trois menus à 29 €, 69 € et 99 €. « Ça va être un peu différent, le nouveau chef a beaucoup d’expérience, son style propre. Et si besoin, j’aurai beaucoup de disponibilité… »