Lundi un air de fête enveloppait la soirée du Fooding. Une soirée flamboyante sous le signe des faims de nuit, qui a conjugué fricots, mixo et disco… pour des lendemains qui mangent ! Ils étaient là les inconditionnels de la bonne bouffe, tous les authentiques meneurs, auteurs et acteurs du Fooding, rassemblés autour d’un belle chose faite de mots et d’images, de pages et gourmandes, un guide, le guide, celui qui en 228 pages, quelques centaines de grammes délicieux et 500 adresses dresse un bilan des nouveautés dénichées par les inspecteurs et inspectrices du guide, des petites souris curieuses et averties qui ont voyagé aux quatre coins de la France, pris des chemins de traverse, découvert des adresses, des tables, des commerces de bouche de caractère. Des pépites, des artistes, des nouveaux, la nouvelle garde de la restauration, affranchie des codes, délivrée, libérée, branchée furieusement, moderne absolument, décalée, audacieuse, qui cuisine sans complexe et sans chichi pour le plaisir de cuisiner, partager. Une cuisine exécutée par de jeunes talentueux trublions qui écrivent et racontent service après service la nouvelle cuisine qui bouscule, dérange parfois mais se vit dans la joie et la belle humeur, se déguste avec appétit, grande faim et large soif !
Et les élus, les primés sont aux quatre coins de la France, en campagne, en bord de mer, en province et… à Paris. Les trois premiers établissements – Le Doyenné, Oiseau Oiseau, Jones – sont dirigés par « des chefs stars de la bistronomie parisienne, partis dans des régions différentes de la France », explique à l’AFP Christine Doublet, directrice générale adjointe du Fooding. « C’est inspirant (…) Ils font revivre des endroits qui étaient endormis », souligne-t-elle.
Meilleure table : Le Doyenné, Saint-Vrain –
Les chefs James Edward Henry et Shaun Kelly récoltent enfin le fruit de plusieurs années de labeur au potager de la ferme Le Doyenné. Et flattent désormais, en pleine Essonne agricole, leur remarquable production sous une monumentale charpente encadrée par une rutilante verrière.
Fooding d’amour : Oiseau Oiseau, Préaux-du-Perche – Cocorico !
Sven Chartier, le prodigieux chef de feu Saturne, s’est définitivement envolé de la capitale pour faire son nid dans le Perche. Où il a pondu Oiseau Oiseau avec son inséparable Marianne, une table alimentée par leur potager et les producteur·rice·s alentour, et le parfait service de son frère Nils.
Fooding d’amour : Jones, Paris –
La recette de Jones pour continuer de peser dans le game malgré les années ? Réinventer ses fourneaux au gré des toqu(ad)es… Cette fois, le radieux rade de Florent Ciccoli s’encanaille avec l’italo-cuistot Riccardo Ferrante et le maître-jajas Damien Lacour, qui mettent leurs tripes et quelques billes dans l’affaire.
Meilleur country pub : The Presbytère, Heugueville-sur-Sienne
Ça s’encanaille de l’autre côté du portail ! Après avoir converti Paris à la néocuisine british, Edward Delling-Williams se retrousse désormais la Manche dans une auguste bâtisse du Cotentin qui accueillait jadis le clergé du coin. Soit une imposante gastro-gargote au minimalisme monacal, où il communie avec d’exquis produits sous bande-son garage.
Meilleur esprit d’équipe : Restaurant L’Idéal, Marseille
Alcôves, plafond poutré, tables nappées… La néotaverne de Julia Sammut, postée juste en face de sa géniale Épicerie L’Idéal, caresse la faune marseillaise dans le sens de la Botte ! Du trattoriesque jusque dans les créas du chef Aurélien Baron, convoyées par l’impeccable Jérémy Nguyen.
Meilleur café de village : Jour de Fête, Valennes – Grosse sensation à Valennes, petit bourg du Perche sarthois : un cool resto-épicerie-boulangerie, imaginé par Raphaële Yon-Araud, où tout est maison et bio, à commencer par la verdure choyée par sa fille Maud. Pour mettre en musique ? C’est Adèle, la sœur de Maud, qui s’y colle, relayée en salle par Étienne Legrand.
Meilleure glutennerie : Maison Arlot Cheng, Nantes – À l’ombre des Machines de l’île, Chin-Jy Cheng et Pierre- Antoine Arlot reçoivent toute la journée sans se lasser dans leur lumineuse Maison. La mise ? Un espace boulange alignant les meilleures miches de la ville, exposées sur un comptoir filant, et un coin cantine où la cheffe Louise Dumas met en orbite l’ordinaire nantais.
Meilleur sophistroquet : Regain, Marseille – Regain d’espoir kiffatoire au Camas, avec le super repaire des copains Sarah Chougnet-Strudel (aux fourneaux) et Lucien Salomon (aux goulots). Une coquette tanière exhibant des murs vert sapin, un comptoir bois-zinc et une cour arborée, où la cheffe envoie des assiettes fortiches qui donnent envie de balancer des pourliches.
Meilleur frit style : Reyna, Paris – La cuisine philippine siège en majesté à la cour de Reyna ! La cheffe Erica Paredes a installé son micro-château manillais dans un ancien troquet en croûte, ripoliné comme un boudoir partagé par Marie-Antoinette et une startup de la Silicon Valley (béton brut, murs rose poudré, banquettes sucrées), pour un régal royal.
Meilleur bistrot : Bistrot des Tournelles, Paris
À l’ancienne ! Édouard Vermynck entretient une délicieuse nostalgie bistrotière dans ce rétroquet coincé entre les places des Vosges et de la Bastille (carrelage cimenté, comptoir en marbre, caisse enregistreuse centenaire), où s’envoyer les plats fantastiquement tradis de Geoffroy Langella.
Meilleure buvette : Ritournelle, Dinard
Face à l’une des plages de Dinard, les braqueurs de quilles Miléna Cugny et Benjamin Joinville en ont pris pour dix piges dans l’ancienne maison à colombages du gardien du parc de Port-Breton, dont ils ont endossé la concession. Résultat ? Un barav’ à l’immense terrasse et caveranda, où prendre un bon coup de jus.
Meilleur antidépresseur : Soces, Paris
Vous reprendrez bien un peu de mer ? Sur les hauteurs de Belleville, le riant cap’tain Kevin Deulio a accosté Soces, chic cambuse à moulures, parquet patiné et cuisine-verrière, où le chef Marius de Ponfilly fricote avec tout ce qui lui passe sous la main : poiscaille, crustacés, coquillages et oursins.
Meilleure cave à manger : Chéri Bibi, Biarritz
C’est toujours l’amour chez Chéri Bibi, gargote en or massif bichonnée autrefois par Fanny et François Lemarié, désormais sous la coupe de la tire-bouchonneuse Augustine You et du cuisinier Adrien Witte. Lesquels enjaillent leur monde avec des vins plus vrais que nature, et des assiettes bourrées de bons produits de la baie.
Meilleur petit luxe : Le Bistrot de Cancale, Cancale
Le clan Roellinger étend ses filets dans la baie de Cancale ! Amarré à la plage de Port-Mer, point de rafiot mais un bistrot aux accents Art déco signé Christophe Bachmann, flanqué d’une terrasse très classe où grailler les plats de Maxime Belloir servis par Chloé Guillemois – tous deux échappés du Coquillage.
Meilleur lèche-doigts : Yegg, Perpignan
De la street food qui décoiffe ! Installé·e à un bout de comptoir ou sur un mange-debout à l’extérieur, on cède à une déferlante de burgers si régressifs qu’on s’en lèche les doigts jusqu’à plus faim. Des créations phosphorées par Alexandre Domerg et Thibault Reverdy qui renouvellent le genre, soigneusement colportées par leur complice Eva Fèvre.