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Le chef étoilé de Saint-Bonnet-le-Froid réagit sur l’annonce de la fermeture des restaurants en France samedi soir par le gouvernement pour limiter la propagation du coronavirus. Même si sa structure s’en relèvera, Régis Marcon reste conscient que tous les restaurants n’auront pas cette chance. Entretien.
Quelles sont les conséquences pour vous directement ce matin ?
Au restaurant la Coulemelle, nous étions complet avec 60 couverts ce dimanche midi. Au SPA nous avions 80 personnes aujourd’hui. Tout est annulé. Nous avons un système de réservations avec ce matin des personnes qui rappellent nos clients pour aujourd’hui et pour au moins les deux semaines qui viennent. Et après, au fur et à mesure, nous rappellerons chaque personne… C’est vrai que c’est énorme… Maintenant les gens sont conscients que ce sera fermé et que c’est pour santé publique.
Quelle sera l’incidence en terme d’emplois, de personnel, d’organisation chez vous ?
Nous avons une réunion dans l’après-midi pour tout mettre en place et voir comment nous allons nous organiser. Maintenant nous ne sommes pas les seuls. C’est tous les restaurants qui sont concernés. Il faut tenir compte de la santé publique avant tout. Le restaurant gastronomique ne devait ouvrir que la première semaine d’avril. Donc pour l’instant nous n’avons qu’une vingtaine de salariés et nous devions passer à presque une centaine avec l’ouverture du gastronomique. Forcément les contrats en CDD ne seront pas démarrés. D’autres seront en chômage technique… Le seul point qui restera ouvert à Saint-Bonnet-le-Froid, et nous y tenons, c’est la boulangerie « La Chanterelle » avec le pain.
Quel est votre état d’esprit ce matin ?
Nous ne sommes pas les seuls… Notre devoir de citoyen, c’est que si on a pu prendre à la légère à un moment ce virus, c’est fini. Il faut prendre tout cela très au sérieux et être très solidaires et combattre ce problème ensemble. Cela passe aussi pas nos comportements. Nous avons mis en place dès aujourd’hui des dispositions à la boulangerie. Il faut être très vigilant. Il faut essayer, c’est aussi notre métier, de rassurer les gens, de faire en sorte de garder le sourire, de se dire que ce n’est qu’un passage. On va y arriver. Ce n’est pas la guerre non plus. Mais il faut que toutes les précautions nécessaires soient prises.
Ce n’est pas seulement un coup dur pour vous mais pour l’ensemble des restaurateurs de Saint-Bonnet où la saison débutait à peine pour certains ?
C’est tout le village et c’est partout… C’est une situation inédite… Il faut s’accrocher. Pour les entreprises qui avaient des difficultés cela va être compliqué. Je pense que le gouvernement va prendre la mesure de tout cela. Ceux qui ont les épaules un peu plus larges vont pouvoir passer le cap. Mais forcément, il y aura un impact. Il y a tout un travail à faire. Par exemple, et même si nous ne nous lancerons pas là dessus car ce n’était pas notre clientèle, il faut voir la possibilité pour les restaurants de faire du « take away », de la vente à emporter, pour éviter le gaspillage. Je pense surtout aux restaurants en ville, avec une clientèle qui venait déjeuner le midi. Il faut voir comment cela peut se mettre en place. Cela permettra de travailler un peu et surtout de permettre aux gens de manger. Car il faut voir par exemple sur des chantiers où les ouvriers allaient au restaurant tous les midis, quelles solutions trouver pour qu’ils puissent manger et que le chantier ne s’arrête pas… J’espère que tout le monde va travailler en bonne intelligence là dessus.
Nous sommes aussi dans une situation un peu ambigüe avec des choses que l’on ne comprend pas. Par exemple dans l’hôtellerie, est-ce que nous aurons le droit d’ouvrir l’hôtel ? Pour nous ce ne sera pas intéressant car l’hôtel va avec le restaurant. D’autres pourront peut-être rester ouvert…