Sécheresse tout l’été, fortes pluie à l’automne, il n’en faut pas plus pour plonger le département de la Drôme et ses départements limitrophe dans une baisse de production assez importante de truffes pour cet hiver. À tels points que les prix flambent en cette période, jusqu’à + 50 % pour ces fêtes de fin d’année, de belles truffes qui se vendaient normalement autour de 800/900 euros le kilo se négocient cette année entre 1200 et 1500 euros auprès des restaurateurs.
La sécheresse et les fortes pluies de l’automne ont endommagé les truffes. Alors que les récoltes ont commencé, les producteurs ne peuvent que constater la chute vertigineuse de leur volume de production, et ils sont contraints d’en répercuter une partie sur les prix.
La catastrophe annoncée arrive. Les trufficulteurs du sud de la Drôme subissent les conséquences de la sécheresse record de cet été, et ne peuvent que constater l’effondrement de leur production. « Avec la sécheresse que nous avons eue, je pense qu’on sera à -60% de la production en volume à la fin de la saison », a précisé à l’AFP Hervé Jardin, le président du syndicat truffe noire Tricastin-Pays de Grignan-Enclave des Papes (dans le sud de la Drôme) et administrateur à la Fédération française des trufficulteurs (FFT). 50 tonnes de « tuber melanosporum » ou truffe noire se vendent chaque année sur le territoire.
La nouvelle saison de récolte de truffe s’est ouverte le 15 novembre et doit se clore le 15 mars prochain, mais pour l’instant, « les volumes ne sont pas là », déplore M. Jardin en écho des premières remontées de chiffres de producteurs de la région. Que ce soit sur les marchés à Grignan (Drôme), Villefranche (Rhône) ou encore à Lyon, le spleen des professionnels est palpable. « Des collègues pleurent en disant: on n’a rien », témoigne à une journaliste de l’AFP le trufficulteur drômois Bernard Fragnol, derrière son stand sur un marché de Lyon. Il propose ses truffes noires, qu’il a dû arroser « tous les jours au goutte à goutte à cause de la sécheresse ».
Son prix ? 130 euros les 100 grammes, un montant plus élevé que d’ordinaire pour compenser le manque à gagner du volume de production. Bernard Fragnol n’est pas le seul à être contraint de hausser les prix. « A la vente au détail, on est cette année entre 1.200 et 1.400 euros le kilo vu la rareté des truffes sur notre secteur contre 800-900 euros à la même période avec normalement un pic à 1.000 euros à Noël », explique encore Hervé Jardin. « Comme on a environ que 10% des trufficulteurs qui peuvent arroser, l’impact est très direct sur notre secteur », ajoute-t-il.
Les professionnels expliquent la catastrophe par la sécheresse prolongée de l’été, mais aussi par un décalage de la pluviométrie avec « 400 mm d’eau » tombés de septembre à décembre, soit « une saisonnalité de pluie d’une année normale». Ces fortes plus ont endommagé 80 à 90 % des truffes, qualifiées « pas jolies, pas matures ou pourries » pour certaines à leur récolte.
Le redoux a fait également sortir des leiodes, de petits coléoptères « qui font des trous dans les truffes », précise M. Jardin qui compte sur le retour du froid en janvier et février pour les voir partir et pour compléter la maturation des truffes. En 2021, plus de 40 tonnes de truffes noires ont été produites en France qui compte près de 8.000 trufficulteurs dont 1.000 environ dans le sud drômois.
Source Afp