Le mois dernier, dans le cadre de la sixième édition de l’Atelier des Grandes Dames by Veuve Clicquot, le réseau qui célèbre les talents féminins de la haute cuisine, le guide Michelin Italie a décerné le prix Chef Femme de l’année 2021 à la cheffe Isa Mazzocchi, du Ristorante La Palta* de Bilegno, dans le département de Piacenza.
Isa Mazzocchi a été choisie par les inspecteurs Michelin « pour le lien qu’elle entretient avec son terroir et qu’elle valorise à travers ses plats. Sa cuisine, dans laquelle elle investit toutes ses énergies, sa ténacité et sa recherche constante de nouvelles techniques et de nouveaux goûts, lui permet de jongler entre passé, présent et futur, en embarquant ainsi les convives dans un voyage intemporel, fait de tradition et innovation.«
Son restaurant, qui tire son nom de ce qui en dialecte de Piacenza était le bureau de tabac de la ville, est né en 1989 – dans les locaux d’un bureau de tabac, bien évidemment – à l’initiative de ses parents qui n’avaient aucune expérience en cuisine. Avant de commencer à y travailler, Isa Mazzocchi a décidé alors de se former auprès de grands chefs tels que Georges Cogny, Gianfranco Vissani, Gualtiero Marchesi et Herbert Hintner.
« C’est grace au chef Cogny, d’ailleurs, que j’ai compris que j’avais une idée de la cuisine complètement erronée. Il m’a fait découvrir ce que c’était la vraie gastronomie. Ainsi, une fois revenue à Bilegno, j’ai pu proposer des plats plus élaborés que ceux auxquels les clients de La palta étaient habitués. J’ai commencé par des desserts simple comme les mousses et les bavarois, qui étaient des vraies nouveautés pour nous, pour ensuite continuer avec d’autres plats toujours plus recherchés. J’ai dû avancer petit à petit, c’est vrai, mais en regardant en arrière je me dis que ça a vaut vraiment la peine » a-t-elle déclaré après la remise du prix au journal italien Il corriere della sera.
Aujourd’hui, la chef Isa fait partie des seules 42 cheffes italiennes (197 dans le monde entier) à la tête d’un restaurant étoilé. Et à toutes les jeunes femmes qui veulent faire son métier – « les invisibles » – elle dit que « ce n’est pas un métier facile mais qu’il ne faut jamais se laisser abattre. » Elle a d’ailleurs avoué qu’au nom de son rêve elle a dû souvent supporter « des menaces, du chantage et même des claques sur les fesses » et qu’il n’a pas été facile de concilier son travail et sa vie privée de femme et maman, en consacrant aux deux choses le temps nécessaire. Mais, malgré cela, elle est arrivée à tout faire, et aujourd’hui, forte de son expérience, avec ses deux partenaires historiques – sa sœur Monica, maître de salle, et son mari Roberto Gazzola, sommelier – elle a décidé d’adapter les horaires de travail du staff de son restaurant. À La palta*, les cuisiniers et serveurs peuvent désormais profiter de l’un des deux repas à la maison, généralement le dîner, pour pouvoir consacrer du temps précieux en famille.
Audace, talent, courage… Isa Mazzocchi possède toutes les caractéristiques qui correspondent à la gagnante du prix de Chef femme de l’année Veuve Clicquot. Ce prix, créé en 2017 par le guide rouge en collaboration avec la maison de Champagne – dirigée, il y a deux siècles, par la veuve de 27 ans Nicole Barbe-Ponsardin – est en effet très proche de la cause de l’émancipation des femmes dans le monde de l’œnogastronomie et a déjà récompensé le travail de cinq grandes cheffes italiennes : Isa Mazzocchi, Caterina Ceraudo, Fabrizia Meroi, Martina Caruso et Marianna Vitale.