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L’Inde, deuxième producteur d’oignons au monde, fait face à une nouvelle pénurie. L’arrêt des exportations, décidée par le gouvernement pour mettre un terme à l’inflation des prix, pénalise une grande partie des pays de la région.
Cette année, en Inde, les deux périodes de récolte de l’oignon ont été perturbées. Au printemps d’abord, à cause de la sécheresse. Puis cet automne avec la mousson et ses pluies diluviennes – qui ont aussi perturbé le stockage et le transport. Résultat, une chute de la production et une flambée des prix : de 25 roupies le kilo en moyenne à 60 voire 80 roupies (l’équivalent de 1 euro).
Or en Inde, le cours du bulbe est un véritable indicateur économique. L’oignon, c’est un peu comme la baguette chez nous, on en mange tout le temps ! Doux et juteux, il est le deuxième légume le plus consommé après la pomme de terre. Frit à l’huile avec des épices, coupé en tranches avec du citron… on le trouve dans tous les plats, toutes les régions et toutes les classes sociales. Chaque famille en consomme plusieurs kilos par semaine.
Pour enrayer l’inflation, le 29 septembre, le gouvernement de Narendra Modi a interdit le stockage pour limiter la spéculation. Il a relevé les seuils d’importation, et mis sur le marché ses réserves stratégiques d’oignons, 50 000 tonnes. Evidemment, dans un pays d’1 milliard 340 millions d’habitants… ce n’est pas suffisant. Alors il a aussi et surtout interdit toute exportation vers les pays voisins.
Résultat : le Népal, le Sri Lanka, le Pakistan, la Malaisie et surtout le Bangladesh, premier client de l’Inde, ont du faire face eux aussi à une brusque montée des prix… entraînant des manifestations, parfois des émeutes…
Autant dire que tous ces pays sont furieux contre New Delhi, qui apparaît comme un partenaire peu fiable. Des limitations d’exportations ont déjà été imposées en 2010, 2014 et 2017..
L’oignon, un sujet politiquement sensible
La hausse des cours et la colère populaire ont même fait chuter un gouvernement : c’était en 1980, au profit d’Indira Gandhi, qui lors de ses meetings, brandissait des guirlandes d’oignons pour dénoncer l’échec de ses prédécesseurs sur le plan économique.
Il y a vingt ans, en 98, c’est le BJP, le parti nationaliste hindou, qui a perdu des élections locales à Delhi. Le parti de l’actuel premier ministre, Narendra Modi, qui veut donc éviter à tout prix que le même scénario se reproduise. D’autant que le pays connaît une période de très fort ralentissement économique, avec un taux de croissance au plus bas niveau depuis six ans.
Une crise qui va durer
Mais le revenu des agriculteurs, déjà en baisse, est impacté par les récentes mesures du gouvernement, et dans les campagnes, les paysans sont en colère contre Narendra Modi.
La crise risque donc de durer. Il faut un mois pour faire venir des oignons de fournisseurs plus importants comme la Chine ou l’Égypte, auprès de laquelle l’Inde et le Bangladesh cherchent aujourd’hui à s’approvisionner.
Et les agriculteurs, qui voient se prolonger la saison des pluies, s’inquiètent de la prochaine la récolte, prévue début 2020 : elle pourrait elle aussi connaître de grandes difficultés.