La Foire Internationale de la Truffe Blanche d’Alba 2018 ne cesse d’attirer des centaines de visiteurs et passionnés de gastronomie de tous les coins du monde. Nous sommes tout juste à un mois de la fin de cet événement annuel, nous en profitons pour de continuer de faire mieux connaissance avec ce précieux champignon.
Food&Sens a décidé de vous faire découvrir l’une des pratiques les plus anciennes et les plus fascinantes : la chasse aux truffes en terre d’Alba. D’ailleurs, l’histoire à succès de ce prestigieux diamant culinaire se base surtout sur sa recherche. La nuit ou à l’aube, en fait, dans le plus grand secret, des dizaines d’hommes précédés de leurs chiens, marchent à travers la brume nocturne à la recherche des pièces les plus précieuses. Leurs techniques sur les meilleures pratiques de ramassage et les lieux les plus favorables à leur pousse se transmettent de génération en génération, elles font désormais partie intégrante de la culture la plus intime du territoire.
D’où l’idée du Centre National Italien de la Truffe de s’organiser pour certifier cette unicité et promouvoir la candidature de la » Recherche et extraction de la truffe blanche d’Alba » au patrimoine mondial immatériel de l’humanité de l’UNESCO, dans le domaine des « connaissances et pratiques concernant la nature et l’univers. »
Pour mieux comprendre, nous avons décidé de rencontrer Natale Romagnolo, il est untrifulau(en italien : chasseur de truffes) depuis 5 générations, à la tête d’une véritable institution Piémontaise. En plus d’être l’un des 4000 chasseurs de truffes enregistrés dans la région, Natale est également « jury de qualité « à la Foire Internationale de la Truffe blanche d’Alba. Il est aussi fondateur de la Casa del Trifulau, l’expérience touristique la plus prisée du Piémont qui offre aux gens non initiés l’excitation et les émotions d’une chasse aux truffes.
De bon matin nous arrivons à Costigliole d’Asti, c’est l’épouse de Natale qui nous ouvre la porte de la merveilleuse ferme avec vue sur les vignes de Barbera où l’expérience a lieu. Nous avons de la chance : la journée est parfaite pour une recherche de truffes, profitant du retard des autres invités,Natale nous offre un café le temps de nous raconter un peu de son histoire. Né en 1948 à Costigliole d’Asti, où il a passé toute sa jeunesse, il a décidé très tôt de quitter sa montagne et sa famille de chasseurs de truffe pour se consacrer à une brillante carrière en marketing à Milan.
Cependant, au fil des années, le besoin de revenir aux origines s’est fait de plus en plus fort, de retour à Costigliole d’Asti, il a décidé avec son frère Giorgio de rénover la maison de ses parents et de se consacrer enfin à la précieuse tradition familiale. Son but créer un lieu où il pourrait partager avec les autres sa passion pour la truffe. Jamais un choix ne fut aussi juste explique t’il.
Depuis, Natale a eu l’honneur de devenir l’un des fournisseurs officiels en truffes blanches de Paul Bocuse, d’être interviewé par un des meilleurs journaliste gastronomiques du New York Times, de travailler en tant que critique culinaire, de faire l’objet de plusieurs reportages et émissions de télévision, de devenir jury de qualité au salon de la truffe blanche d’Alba et de faire de sa « Casa del Trifulau » l’une des activités touristiques parmi les plus visitées du Piémont.
Pour nous, c’est un vrai plaisir de l’entendre raconter ses histoires, entre anecdotes, il nous montre des photos et des outils centenaires, nous nous sentons vraiment privilégié de pouvoir découvrir l’art de la chasse aux truffes avec un tel personnage.
Les autres invités arrivent une demi-heure plus tard, après nous avoir sincèrement raconté l’histoire et les caractéristiques de la truffe d’Alba, sa saisonnalité, l’environnement dans lequel elle nait, les produits de son terroir qui s’accordent avec, il aborde les secrets du métier de trifolao.
Natale– en compagnie de son inséparable chien Brio– nous emmène dans un merveilleux bois à quelques pas de sa maison. Le paysage est enchanteur : nous sommes entourés de chênes, de peupliers, de noisetiers, de tilleuls, de saules tandis qu’à l’horizon, au-delà de la silencieuse mer des vignobles du Monferrato, s’élèvent les Alpes.
Après quelques dizaines de mètres, le calme et la tranquillité dont on profite sont brusquement interrompus par Brio. Le chien commence à aboyer et à chercher frénétiquement le nez collé au sol. Il court, puis il s’arrête, jusqu’à ce qu’il commence soudain à creuser. Natale se précipite à côté du chien, il le caresse, le calme, puis commence à fouiller la terre avec une petite houe en essayant de ne pas gâcher le précieux trésor que le chien vient de trouver.
Avant même qu’on ne s’en rende compte, une merveilleuse trifula blanche est entre ses mains. Il caresse à nouveau Brio, le récompense, couvre le trou « pour permettre la formation de nouveaux corps fructifères » et nous montre avec un grand sourire son nouveau petit bijou, au fil des heures, en suivront deux autres pour un total de 42 grammes.
Nous rentrons juste avant midi. Nos émotions sont décuplées, pendant que nous profitons du panorama et du magnifique parfum du butin de la journée, Natale et sa femme nous préparent un délicieux apéritif à base de fromage, charcuterie, vin et bien sûr, truffe blanche.
Le bonheur de tout le monde est palpable, à table, à nos côtés, Natale sourit aussi. « Après tout – dit-il – la truffe est une histoire d’amour et l’amour, vous savez, il faut bien le partager. »
Par Lorena Lombardi