C’est à partir des images de protection de la préfecture de police de Paris et de la téléphonie que les policiers de la sûreté territoriale sont remontés jusqu’à ce comédien musicien. Valentin B., 31 ans, soupçonné d’être impliqué dans l’incendie du restaurant La Rotonde, brasserie parisienne prisée du couple présidentiel, a été mis en examen et écroué samedi soir pour dégradation du bien d’autrui par un moyen dangereux pour les personnes et placé en détention provisoire. Le 18 janvier, le feu s’était propagé à la terrasse fermée du restaurant avant de rayonner vers l’extérieur. L’incendie avait été rapidement circonscrit. Une information judiciaire a été ouverte.
L’intermittent du spectacle est également soupçonné d’une tentative d’incendie survenue le 9 janvier à l’extérieur de ce même établissement du quartier de Montparnasse (6e arrondissement) où le candidat Macron avait fêté sa qualification pour le second tour de la présidentielle en 2017 face à Marine Le Pen. La tentative d’incendie avait alors échoué.
Valentin B., originaire de Dax (Landes), est inconnu des services de renseignement, et n’a qu’une seule inscription à son casier judiciaire : un antécédent routier. En garde à vue pour « destruction volontaire par incendie », le comédien a usé de son droit au silence, comme le prévoit le code de procédure pénale.
Détenteur d’un baccalauréat de sciences économiques et sociales, le jeune homme a suivi un cursus universitaire dans un Institut d’études politiques (IEP) de province avant de s’orienter vers le théâtre. « Monté » à Paris, il y a une dizaine d’années, le jeune homme a suivi les cours dramatiques du professeur Jean-Laurent Cochet. Depuis, il avait joué un petit rôle dans le film « Voyoucratie », sorti en 2015.
« Il se cherchait, explique un proche, joint par Le Parisien – Aujourd’hui en France ce dimanche. Mais c’est un garçon réfléchi, je le vois mal dans ce type d’action. » Valentin B. aurait confié avoir participé à toutes les manifestations de Gilets jaunes, selon une source proche du dossier. Touchant 800 euros par mois avec un loyer à 700 euros dans le 1er arrondissement, l’intermittent du spectacle supportait mal cette situation précaire. L’artiste s’est-il radicalisé comme certains Gilets jaunes au fil des manifestations ? A-t-il été influencé ou entraîné dans une action qui l’a dépassée ?
Le laboratoire de la préfecture de police de Paris, ayant effectué les relevés dans le restaurant incendié, a mis en évidence des traces d’accélérant, qui aurait pu permettre au feu de se propager plus rapidement. Le 18 janvier, le – ou les intrus – avait cassé une vitre de la terrasse au rez-de-chaussée puis avait mis le feu. Depuis, le restaurant La Rotonde, engagé dans des travaux, n’a pas rouvert et une quarantaine d’employés sont au chômage technique.