« C’est un rêve qui devient réalité », confie Paul Marcon quelques minutes après sa victoire « une pensée pour toute ma famille, à mon père bien sûr ».
Paul Marcon en rêvait depuis toujours, il a gagné avec son équipe le Bocuse d’Or. Il est le meilleur chef au monde ! Les fées qui se sont penchées sur son berceau l’ont doté de qualités, en plus il porte un nom Marcon, et un prénom Paul, hérité du grand Paul Bocuse. La légende racontée par son père Régis dit que Paul est né neuf mois après un diner à Collonges, chez Paul Bocuse. Paul est « né du BOCUSE D’OR »… ce soir-là Monsieur et Madame Marcon fêtaient à l’Auberge du Pont de Collonges, le BOCUSE D’OR que Régis venait de remporter.
Paul a 29 ans et c’est débordant de combativité, de volonté et de discrétion qu’il a entrepris de passer toutes les épreuves de sélection qui l’ont amené avec son équipe à Lyon, en ce mois de janvier. Pour la finale de la 20 ème édition du concours qui voit s’affronter 24 équipes, mais une seule équipe sera gagnante, celle de Paul Marcon, celle de la France qui a bousculé au classement les équipes nordiques. il y a 30 ans, en 1995, Régis le papa remportait le concours, aujourd’hui c’est le fils digne fils de son père qui monte sur la plus haute marche du podium.
Paul Marcon : un petit garçon né dans une cuisine ou tout au moins au plus près. Depuis toujours son meilleur terrain de jeu est au côté de son papa, de son frère, dans les cuisines les cuisines du restaurant, les différentes salles où il a vu son papa évoluer à Saint-Bonnet-le-Froid – une famille, la famille Marcon qui conjugue à tous les temps gastronomie, vins et champignons.
Dans la famille Marcon , on demande le père, Régis Marcon, grand chef étoilé, cueilleur, ramasseur- chef humble et sincère, qui travaille en famille, depuis toujours. Il a repris l’hôtel-restaurant-pension créé par sa maman. Très vite, les prix tombent et les étoiles s’accrochent… Brillamment secondé par sa femme et son fils Jacques qui le rejoint en 2004. Jacques Marcon prend brillamment la relève du père, avec la même sensibilité, la même générosité, la même passion pour ce métier et cette terre natale. Le même amour pour ce terroir où il est né et qui l’a vu grandir. Il a su se faire un prénom et dirige désormais les cuisines familiales, rejoint aujourd’hui par son frère… Paul. Ensemble, ils mènent avec passion pour leur métier et amour de leur terroir, les fourneaux de cette belle maison, entre le Velay et le Vivarais. Le chef Jacques Marcon avait rejoint l’équipe de France en tant que coach officiel de la candidate Naïs Pirollet pour la finale du Bocuse d’or à Lyon.
Paul Marcon voit récompenser des années et des mois de travail, de concentration de remise en questions de doutes et d’espoirs, de « j’y crois »,de moments de réflexion, de moments d’impatience et de stress, de questionnement, de prise des risque, de rêves de gagner, de monter sur la plus haute marche, des heures consacrées uniquement à la préparation du Bocuse.
Lundi matin à Lyon. le ciel est gris, des gouttes dansent sur le sol mais n’empêchent pas la foule d’accéder à l’enceinte qui abrite Le Sirha Lyon. Nous gagnons vite le « chaudron », non nous ne sommes pas dans un stade mais dans cet espace magique où se déroulent les concours, où battent les coeurs de milliers de supporters, de concurrents, de journalistes et photographes, de coachs et de jurys venus des quatre coins du monde.
Il faut se faufiler, se faire une place pour mesurer l’ampleur du phénomène concours, sentir battre son coeur encore plus vite quand résonne les hymnes nationaux et les cris d’encouragement des chauffeurs de supporters qui reprennent d’une seule voix les noms de leur chef et les hymnes nationaux. Devant nous, l’équipe de France et le chef Paul Macron. Le Bocuse il en connait toutes les subtilités,.
Sera t-il le grand vainqueur ? Il peut le faire assurément, il peut battre les équipes danoise, norvégienne… Soutenu, porté par des supporters chauffés à blanc, passionnés et confiants qui pendant des heures d’épreuves vont partager leur enthousiasme et leur fureur de voir gagner leur champion.
Aujourd’hui, après les 18 mois de préparation intensive, d’entrainement, sous les encouragements du public, de chefs français, d’élèves d’écoles hôtelières, de sa famille, de sa brigade, de supporters, la team France menée par le coach technique, vit, partage une aventure humaine hors du commun, une épreuve mettant en scène professionnalisme, maitrise des produits et des gestes, capacité à respecter le temps et les ordres…
L’équipe est elle sensible au bruit qui règne dans la salle, aux encouragements ou n’entend-elle que le chronomètre qui trotte dans la tête pour exécuter en 4 heures 40, 280 minutes, 16800 secondes un plat mettant en scène le céleri, le maigre et le homard, et 5h30, 330 minutes, 19800 secondes et autant de battements de coeur pour préparer un plateau autour du chevreuil, du foie gras et du thé. Des heures d’attention, de concentration pour sortir deux plats d’exception jugés par 24 chefs, plats pensés et réfléchis pour apporter la victoire. La brigade se sent portée par les encouragements des supporters, de la famille des amis et de parfaits inconnus.
Après des moments de haut vol, de nervosité, de stress et de concentration, ce 28 janvier, la victoire salue un chef, une équipe soudée autour de Paul, de Camille Pigot, sa commis, et du chef Meilleur Ouvrier de France Christophe Quantin. Tous solidaires pour présenter une remarquable proposition, un menu déroulant les deux thèmes imposés : Plat à l’assiette : Maigre confit au beurre d’arêtes, cœur de ragoût de pinces et médaillon de homard / Sabayon de homard au champagne / Jus de céleri rôti et huile de Cazette® & Duo de céleri sur un plateau : céleri branche en dentelle, pomme verte et Chartreuse & céleri rave « tourné » cuit en croûte de sel, champignons, céleri rave en gelée
Plateau : Selle de chevreuil rôtie « à la broche » farcie au foie gras – Filet de chevreuil, écailles de champignons – Sauce gibier infusée aux poivres et mélilot – Tourte croustillante d’épaule de chevreuil braisée au vin rouge, foie gras, champignons sauvages – Coing et pomme « Mundi » acidulée dans l’esprit d’une Tatin – Raviole bicolore, champignons et amandes – Consommé de chevreuil infusé au thé noir Assam Mokalbari
« Beaucoup de fierté, beaucoup d’émotion. C’est la récompense d’un travail de deux ans, même plus », confie Paul Marcon. « Aujourd’hui, j’espère qu’on fait briller tous les yeux des cuisiniers, et des cuisiniers en devenir de France »
« C’était ciselé, c’était propre, c’était net. Il n’y a rien d’autre à dire hormis : bravo », a souligné Davy Tissot, président du Comité international d’organisation du Bocuse d’Or et vainqueur avec la France en 2021.
Jérôme Bocuse, président du concours, a remis la précieuse statuette au chef auvergnat et à sa commise, Camille Pigot, également sacrée meilleure commise de cette édition.
Nous laissons la dernière confidence à Régis Marcon, fier et ému : « Il y a de l’émotion. On ne le retrouve que dans cette compétition. Pour un papa c’est incroyable », défendant au passage sa « cuisine de partage, car on aime les gens ». « c’est incroyable. C’est son rêve depuis depuis qu’il est enfant. Et voilà, ça se concrétise avec beaucoup, beaucoup, beaucoup de travail » a-t-il déclaré, « J’ai vu qu’il aimait la cuisine, mais je ne l’ai jamais poussé. Et après il a commencé ses premiers concours et tout ce qu’il a enduré derrière, pendant deux ans. Ce soir, je ressens d’abord une libération pour moi, parce que deux ans, c’est long pour le papa, aussi long que pour le candidat » . Il y a 30 ans, je gagnais, ça a mis un focus sur notre village et là, regardez, ils sont tous là et tous à Saint-Bonnet en train de nous attendre »