Il ne s’agit donc pas d’orgie pâtissière, mais d’une pratique bien plus nocive. Notre pays n’échappe pas, actuellement, au détournement de ses cartouches de gaz pour ses effets euphorisants du protoxyde d’azote contenu dans ces cartouches.
» Aux abords des bars « on ne compte plus le soir le nombre de cartouches abandonnées près des trottoirs, la présence ostensible de telles cartouches dans les artères montre l’effet mode de la pratique…
La police nationale relate, d’ailleurs, que ses agents « trouvent régulièrement ce genre de bonbonnes aux abords des bars de la ville « , elle indique aussi, qu’elle n’a recensé à ce jour « aucun fait directement lié à la “consommation” de ce gaz « , mais aussi, et surtout, que » le produit n’est pas illicite puisqu’en vente libre « .
Pour mettre fin à cette situation, un député avait, en janvier, déposé une proposition de loi. Elle a été retoquée depuis. Huit sénateurs viennent de faire de même en ce début du mois d’avril. Ils préconisent, entre autres, l’interdiction de la vente aux moins de 18 ans, sur internet comme en boutique, de protoxyde d’azote et ce, quel que soit son contenant, cartouches pour siphon à chantilly comprises. Pour s’en assurer, les commerçants devront exiger que leur client » établisse la preuve de sa majorité « . Précision : le recours au » proto « , comme l’appellent ses adeptes, est de plus en plus répandu car il est facile d’accès et peu onéreux. Sur le net, par exemple, il est possible d’acheter des cartouches pour siphon à chantilly à 0,50 € pièce, voire à moins.
Parallèlement, les sénateurs réclament que l’inhalation de ce gaz – à l’aide généralement d’un ballon de baudruche – soit « punie d’un an d’emprisonnement et de 3 750 € d’amende » ou encore qu’une information sur ses risques soit « dispensée dans les établissements scolaires et à l’armée ». Et pour cause : ce produit psychoactif est particulièrement dangereux. » Ça te fait rire trois minutes et après, t’as mal au crâne… » , selon un étudiant.
Plus grave encore, le protoxyde d’azote, qui est utilisé dans le milieu médical pour ses propriétés anesthésiques et analgésiques, peut générer des brûlures, des troubles de la mémoire et du rythme cardiaque. « Répété à intervalles trop rapprochés et sans reprise suffisante d’oxygène, l’usage par inhalation fait courir un risque d’asphyxie » , souligne par ailleurs l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies dans l’édition 2019, publiée ce jeudi, de sa synthèse Drogues et Addictions, données essentielles.
L’Observatoire note, par ailleurs, qu’un décès a été signalé, à l’échelle du pays, au cours des trois dernières années à la suite d’une consommation « festive » de protoxyde d’azote. Pour prolonger le réveillon, un groupe d’amis avait organisé, le 1er janvier 2016, une soirée à Ventron, une commune vosgienne située à une trentaine de kilomètres de Thann. Au menu : alcool, cannabis et « proto ». Après en avoir inhalé, un Meurthe-et-Mosellan de 26 ans avait « été pris de rires avant de dire qu’il avait froid. Il est ensuite tombé à la renverse et a été pris de convulsions » , expliquait quelques jours plus tard Étienne Manteaux, le procureur de la République chargé de l’affaire. Une autopsie avait révélé que le jeune homme avait été victime d’un œdème pulmonaire massif, après que ses poumons se sont gorgés de plasma sanguin.