Lisez ci-dessous le reportage :
Face au Covid-19, les professionnels du tourisme sont très inquiets en Poitou-Charentes. Un tiers craignent de faire faillite, par exemple, dans les deux Charentes.
32% des hôtels et restaurants des deux Charentes risquent de fermer définitivement à cause de la crise du Covid-19. Voilà la conclusion d’une étude des Chambres de Commerce et d’Industrie, relayée par l’organisme Charentes-Tourisme.
Les établissements touristiques font face, depuis plus de trois semaines, à un arrêt brutal de leur activité, alors que devait justement débuter la saison touristique avec les vacances de printemps, depuis samedi. C’est « catastrophique », tranche Charentes-Tourisme. Surtout en Charente-Maritime où le tourisme est le premier secteur économique (près de 20.000 emplois, 1 milliard 900 millions d’euros de chiffre d’affaire, premier département préféré des Français en nombre de nuitées l’été).
Beaucoup me disent : on arrête, ce n’est plus possible pour nous
Aujourd’hui, les restaurants, les cafés, les hôtels manquent de trésorerie. Difficile pour beaucoup de payer leurs salariés. C’est pourtant ce que le leur demande l’Etat, en attendant le chômage partiel, dont la procédure s’avère chaotique : « à peine 50% des entreprises ont eu les codes leur permettant de demander l’indemnisation », explique l’organisation professionnelle UMIH en Charente-Maritime. Difficile aussi de continuer à payer les charges.
Les emprunts garantis par l’Etat : une charge supplémentaire
Et les emprunts proposés par le gouvernement, garantis par l’Etat, ne sont pas une solution idéale. D’abord parce qu’il faudra les rembourser, alors que les entreprises étaient déjà fragilisés par des mois de Gilets Jaunes et de grèves – ce qui risque de handicaper les investissements, les réparations éventuelles, les embauches… « C’est une charge supplémentaire que ne pourra pas absorber mon entreprise, c’est une évidence », témoigne ainsi le chef Frédéric Milan, qui tient la Quincaillerie à Montendre dans le sud de la Charente-Maritime. Et qui s’inquiète pour les salariés et leur famille : « si je mets la clé sous la porte, comment vont-ils faire ? »
Ces emprunts ne sont pas une solution idéale, ensuite, parce que la procédure est lente : selon l’UMIH, aucune somme n’a encore été versée par les banques sur les comptes des professionnels concernés.
Pire encore : 30% des entreprises n’ont pas obtenu l’accord de leur banque, parce que leur situation n’était pas suffisamment bonne avant la crise. Elles, risquent la faillite pure et simple. Le médiateur de la Banque de France qu’elles saisissent les oriente souvent vers le Tribunal de Commerce pour une procédure de sauvegarde. « Beaucoup me disent : on arrête, ce n’est plus possible pour nous », témoigne la Rochelaise Stéphanie Leclerre, la présidente de l’UMIH en Charente-Maritime.
Seule solution : que les assureurs indemnisent la perte d’exploitation grâce à l’état de catastrophe naturelle
Elle insiste, comme tous les professionnels du tourisme : la « seule solution », c’est la déclaration de « catastrophe naturelle sanitaire ». Les professionnels ne cessent de le demander au gouvernement. « C’est la seule chose qui va pouvoir faire que nos entreprises survivent », prévient Stéphanie Leclerre. Parce que cela permettrait aux assureurs d’indemniser la perte d’exploitation.
« Comme au moment de la tempête Xynthia », se souvient Stéphanie Leclerre, qui avait été frappée de plein fouet dans l’hôtel-restaurant de la plage d’Aytré qu’elle tenait avec son mari. Ces procédures sont rapides, les assureurs peuvent débloquer des fonds immédiatement, ce qui donne de l’oxygène aux entreprises.
Mais ces garanties sont toujours liées à des dommages aux biens. Et surtout, les sommes sont colossales : les assureurs les estiment à 50 milliards d’euros. Et le gouvernement a préféré créer un « fonds de solidarité » que les assureurs « vont abonder à hauteur de 200 millions d’euros », répond Matignon à la question de la Sénatrice de Charente Nicole Bonnefoy.
Seule lueur d’espoir : que les Français, lorsque les grandes vacances finiront par arriver, choisissent de rester en France. Et en Poitou-Charentes en particulier. Charentes-Tourisme ne veut retenir qu’un chiffre pour garder un semblant d’optimisme : « 85% de la clientèle de la Charente-Maritime est française ».
Voir les commentaires (2)
Une solution envisageable: vendre des avoirs que les clients changeront en venant manger après le confinement
Excellente solution , je le ferais Bravo