Comme toujours à Londres, la scène culinaire est en ébullition ; pour preuve, elle a accueilli ces derniers mois de très jolies tables, entre cuisines philippine, grecque, française, britannique, bistrotique et plus encore. On vous emmène à la découverte de ces récentes adresses qui font parler d’elles outre-Manche. Suivez le guide !
Le Henri, ouvert en juin à Covent Garden
À l’Henrietta Hotel, ouvert en 2017 dans le cœur vibrant de Covent Garden, le restaurant a été entièrement repensé ce printemps. C’est désormais sous un nouveau nom, le Henri, que se déploie la table de ce boutique-hôtel tenu par l’Experimental Group. Au programme du Henri, lancé au mois de juin 2024 ? Une nouvelle carte, une nouvelle ambiance, et un nouveau chef. Celui-ci n’est autre que le britannique Jackson Boxer, qui signe là sa seconde collaboration avec l’Experimental Group (après le Cowley Manor Experimental). Le chef, qui s’est taillé par ailleurs un solide profil médiatique outre-Manche, a pensé pour le Henri une carte franco-britannique, bien exécutée et nostalgique à souhait (les plats, nettement français et évocateurs des bistrots, ont un twist British plus ou moins discret, selon). En starter, ne ratez pas les pieds de cochon frits, revisités à l’anglo-saxonne. Les entrées, elles, font la part belle au jambon de Paris, aux carottes râpées, ou encore, à l’artichaut (servi comme à la maison, avec ses feuilles à tirer une à une), et sa sauce moutarde, œuf et anchois. En plat, le canard à l’orange se pare d’olives vertes et de feuilles de menthe – pour le côté anglais- ; c’est bon et bien fait. En accompagnement, la purée aux herbes est de belle consistance ; mais ce sont les frites, façon allumettes, cuites dans de la graisse de canard, que l’on retiendra. En dessert, le riz au lait convainc moins, mais son dulce de leche, lui, remporte les suffrages. Côté décor, les lieux se font élégants et feutrés ; avec leurs tables en marbre et lumières tamisées. Conclusion ? On passe un joli moment chez Henri ; à cheval entre la France et l’Angleterre.
Le Bar Jackie à Soho, au boutique-hôtel Broadwick Soho
Ouvert en novembre dernier, au rez-de-chaussée du tout récent boutique-hôtel Broadwick Soho, le Bar Jackie ne manque pas d’allure. Et pour cause ; sa déco est signée par le décorateur Martin Brudnizki, bien connu pour ses intérieurs signature au style flamboyant. Au Bar Jackie, celui-ci a pensé une salle colorée et pop, agrémentée d’une terrasse donnant directement sur la rue. Du côté de l’assiette, l’Italie dans toute sa splendeur présente ses plats aux portions plutôt bien calibrées. Le rapport qualité/prix est bien, surtout pour une adresse qui se trouve en plein Soho, quartier ultra touristique (et souvent plutôt cher) s’il en est. Les plats sont simples, de bon aloi, et le cadre, plaisant. En entrée, on choisira les asperges au chèvre et hazelnut, tandis qu’en starter, on retiendra le trio d’arancini aux champignons et mozzarella. En plat, les lasagnes Nduja au canard braisé se démarquent, notamment pour leur petit côté relevé ; tandis qu’en dessert, le tiramisu ou la brioche au hazelnut sont les options gourmandes à retenir. Pour finir, on conseillera de prendre le café (ou le cocktail) à l’étage, sur le rooftop de l’hôtel ; il s’appelle le bar Flute, et son décor, envoûtant, se prolonge par une élégante terrasse.
Au Claridge’s, la brasserie chic qui a remplacé la table de Daniel Humm
C’était la grande ouverture de la fin 2023 ; la brasserie du palace The Claridge’s (en lieu et place de l’ancien restaurant Davies and Brook du chef étoilé Daniel Humm) est désormais la table principale de cet hôtel iconique de Londres, où Churchill notamment avait ses habitudes. Le nom de cette nouvelle table ? Le Claridge’s Restaurant, tout simplement. On y trouve une partition bien pensée, qui coche toutes les cases attendues du genre de la brasserie ; à savoir, une déco à la fois chic et décontractée ; un service soigné et attentif, mais qui laisse respirer le client ; des nappes d’une blancheur impeccable ; et des banquettes confortables. Partout, des gerbes de fleurs achèvent de ponctuer le décor ; tandis qu’au plafond, caissons et vitraux rythment les lieux. Côté carte, on retrouve là encore ce qu’on est venu chercher : des classiques de la brasserie parisienne, réconfortants et bien faits, qui fleurent bon la capitale française et ses bistrots allurés. En entrée, le velouté de pois est un bain de fraîcheur, rehaussé de touches de menthe bienvenues. En plat, on optera pour l’agneau des Cornouailles, fondant à souhait, servi avec une croquette goûteuse et ses petits pois ; tandis qu’une purée crémeuse est joliment présentée dans sa cocotte Staub miniature. En dessert ? On suggère le vacherin ou le « baked Alaska », qui se partage à deux. Seul bémol de l’adresse : son prix, qui tire forcément vers le haut. Mais c’est le Claridge’s ; et c’est iconique…
Donia, la table philippine aux belles saveurs et excellent rapport qualité/prix
C’est la bonne surprise de Kingly Court, ce food court très bien situé, par ailleurs certes sympathique, mais food court tout de même (comprendre : avec tout ce que cela peut impliquer de culinairement décevant). Justement : Donia est une table inattendue, l’embellie d’un food court par ailleurs habituel. Ouverte fin 2023, et située à quelques pas d’Oxford Street et de Regent Street, l’adresse sait s’y prendre pour régaler les convives. D’ailleurs, les grands titres de presse britanniques ne s’y sont pas trompés, qui ont tous encensés cette table, au bon rapport qualité/prix côté carte, et à l’ambiance animée. Le décor, simple mais de bon aloi, laisse la vedette à l’assiette. En entrée, ne ratez sous aucun prétexte les croquettes ‘adobo’ aux champignons ; elles sont réjouissantes. Accompagnez-les de pandesal, ce petit pain philippin ici servi avec un beurre aromatisé, de couleur vert tendre. En plat, le lechon (cochon de lait) et sa sauce au foie et poivre est réussi, et visuellement attirant ; mais c’est surtout la sauce du poisson du jour, aux notes de noix de coco, qui est irrésistible. Il faudra accompagner le plat retenu, certes de riz basmati, mais surtout, de patatas parfaitement frites. En dessert, n’hésitez-pas : c’est le Ube choux, un grand classique de la cuisine philippine, qui fait fondre son monde, lui et sa pâte à choux toute violette. Et puisque décidément, l’adresse fait tout bien, le mocktail à retenir est celui à la fraise, citron vert et basilic. On ressort de chez Donia le sourire aux lèvres.
Le Joséphine Bouchon, nouvelle table de l’étoilé Claude Bosi
Troisième nouvelle adresse signée Claude Bosi en moins d’un an, le Joséphine Bouchon a ouvert ses portes en mars 2024, et s’est d’ores et déjà taillé une jolie réputation. Situé dans le quartier cossu et résidentiel de Chelsea, il s’agit, comme son nom l’indique, d’un bouchon lyonnais, agrémenté de plats de brasserie. Non content d’avoir décroché deux étoiles d’un coup à sa récente table du Peninsula London, le chef lyonnais signe là un retour aux sources, puisque ses propres parents tenaient en leur temps un bouchon à Lyon. Le menu propose tout ce que les bouchons et brasseries ont à offrir, le tout assorti d’un décor élégant, français, et conforme à l’ambiance bistro/brasserie. Optez sans faute pour la soupe à l’oignon en entrée : elle est impeccable. En plat, le gratin dauphinois l’est tout autant, qui se savoure jusqu’à la fin ; et en dessert, les bugnes sont le point final clôturant parfaitement un beau déjeuner. Côté service, il est plutôt diligent, tandis que l’ambiance est animée, voire joyeuse. Une adresse sûre, avec ses plats du jour et autres formules en prime – hélas un peu éloignée des lieux touristiques et/ou bien reliés en transports en commun.
Les autres tables du moment à suivre à Londres ; le Oma à Borough Market, Cocochine à Mayfair, Michel Roux Jr à Soho…
Puisqu’il faudrait plusieurs articles au moins pour recenser toutes les tables intéressantes du moment à Londres, on vous résume ici les autres adresses à retenir de la capitale anglaise. Commençons par The Cocochine, à Mayfair ; cette table ouverte courant mars est le premier opus personnel de Larry Jayasekara, l’ancien chef exécutif du Pétrus (l’une des tables étoilées de Gordon Ramsay à Londres, ndlr). Le décor est soigné, puisque le chef a ouvert en partenariat avec un galleriste fameux de Londres ; et la cuisine, basée sur les nombreux voyages du chef, natif du Sri Lanka. Fort de plusieurs espaces, la carte se fait flexible à l’étage, au comptoir ; ménageant aux clients la possibilité de commander ce qu’ils ont en tête et ce dont ils ont envie, plutôt que ce qui est au menu. Dans les autres sensations du moment, la table Oma à Borough Market met les critiques culinaires d’outre-Manche d’accord ; il s’agit d’un restaurant grec (mais d’inspiration plus large, entre turque et levantine), devant lequel une file d’attente interminable s’étend régulièrement. Au menu, brochettes de calamars (tout droit venus de Gallicia), houmous, babaghanoush, labneh, poisson cru et autre gratin spanakopita (particulièrement réussi) avec son pain malawach, accueillent l’heureux client qui aura réussi à décrocher une réservation – ce qui fut, dans notre cas, assez long. L’adresse s’articule autour de deux espaces ; le bar au rez-de-chaussée, Agora, et la partie restaurant à l’étage, plus chic et moins bruyante. Visez la terrasse, qui surplombe Borough Market ; l’ambiance y est inimitable. On y déjeune dans le brouhaha et l’effervescence de ce marché couvert très couru de Londres. Dans les autres ouvertures récentes qui font parler d’elles, notons aussi l’abc kitchens par Jean-Georges Vongerichten, ouvert en avril ; il s’agit là de la seconde table londonienne du fameux chef français, qui tient déjà depuis plusieurs années le restaurant Jean-Georges au Connaught. Pour abc kitchens, le chef éponyme s’est allié cette fois à l’hôtel The Emory, nouvel opus de luxe du quartier de Knightsbridge. Le décor est réussi, entre design et oeuvres d’art colorées ; tandis que côté plats, le légume est à l’honneur, et la qualité des ingrédients, omniprésente. On y passe une jolie soirée, agrémentée par un service ultra dynamique. Autre nom connu à avoir tout juste ouvert une nouvelle table à Londres, Michel Roux Junior ; le chef franco-britannique signe depuis le mois de mai le restaurant Chez Roux au Langham, autre palace londonien où il a déjà tenu plusieurs tables. Voilà qui consolera – au moins en partie- les fans de feu Le Gavroche, le restaurant iconique des Roux, récemment fermé définitivement. Enfin, Jamie Oliver a quant à lui ouvert son premier restaurant post-faillite, en décembre 2023 ; située dans le quartier de Covent Garden, cette table présente un décor plutôt seyant, tandis que la carte truste les classiques de la cuisine du monde (salade césar, tourte au lapin et poulet, scotch eggs, pâtes en tout genre, côtelettes d’agneau, mousse au chocolat et panacotta). Enfin, pour les aficionados d’Afternoon teas, la nouvelle offre du Lanesborough, élégant palace de Knightsbridge, témoigne d’un glamour joliment pensé ; centrée autour du thème de la série « La Chronique des Bridgerton », la formule soigne visuel et mise en scène, le tout sur les accords du pianiste résident. Les scones, eux, sont impeccables.
Le bar du moment : le Three Sheets Soho
Finissons par un bar – Londres étant, après tout, la capitale européenne de la mixologie. Au Three Sheets Soho, nouvelle itération du bar Three Sheet (premier du nom, et qui a été classé à la 19e place du 50 Best Bar), l’ambiance est bonne ; et la carte, bien étudiée. Cette nouvelle version du Three Sheets est probablement plus vibrante que sa grande sœur, située dans un autre quartier, plus sage ; mais comme elle, elle est tenue par Max et Noel Venning. À Soho, l’établissement est petit mais chaleureux ; ouvert en mars, il dispose lui aussi de son cocktail signature en bouteille, le French 75, un mélange de gin et de Chardonnay, le tout mâtiné de citron et d’eau de fleur d’oranger. Connu aussi pour son martini, le Three Sheets Soho veille à soigner ses classiques, toujours revisités. Côté food, Three Sheets Soho propose également un court menu, fait de sandwichs américains (qu’on a goûtés et appréciés), de burgers et de croquettes. Le tout se situe dans un dédale de rues donnant sur les plus animées de Soho ; où l’ambiance est vibrante tous les soirs de l’année !