Le magazine CHALLENGES les met face à face et les oppose … lisez ci-dessous ou cliquez sur le LINK pour retrouver l’article original.
D’un côté le très discret Michael Ellis, directeur international du Guide Michelin, de l’autre, l’ex-ambassadeur Philippe Faure, fils de Maurice Faure et président de La Liste. Analyse du rapport de forces.
Qui sera le meilleur défenseur de la gastronomie française ? Les ambitions rivalisent pour donner le ton du bon goût. Comme tous les ans, la publication du livre rouge, le « Michelin » comme le nomment les gastronomes, a fait l’objet d’une impressionnante couverture médiatique le 9 février. L’événement a permis d’apercevoir celui qui en est le directeur international depuis près de six ans, le très discret Michael Ellis, qui a la haute main sur les 29 éditions, le guide France et les 28 guides étrangers.
Ce Franco-Américain, Insead de 58 ans, a parfaitement réussi à maintenir intacte l’influence mondiale du guide malgré l’appétit de nouveaux acteurs et l’explosion des commentaires sur Internet. Mais cet ex-directeur commercial de la division cyclomoteurs des pneumatiques Michelin est avant tout le patron d’une maison d’édition qui se débat pour continuer à vendre du papier alors que les lecteurs trouvent les informations gratuitement sur le Web. Certes, il a développé des sites et des applis, et mise sur les ventes de guides aux grands comptes, telle la récente édition « Lyon et sa région » cofinancée par la métropole lyonnaise, mais si l’influence reste forte, les recettes sont menacées.
Palmarès quasi scientifique
Face à cette situation, des gastronomes se sont mobilisés derrière l’ex-ambassadeur Philippe Faure. Cet énarque de 66 ans est le fils de Maurice Faure, ancien maire de Cahors et figure de la « gauche cassoulet ». Sponsorisé par les pouvoirs publics, soutenu par les grands chefs français et approuvé par des critiques gastronomiques parisiens, ce Super Dupont de la bonne bouffe a créé « La Liste ». Mission : rétablir la place de la France, mère des normes, des notes et de la table dans son rôle de Mecque de la gastronomie.
En établissant tous les ans une liste des 1 000 meilleurs restaurants du monde, à partir d’un algorithme qui compile notes de guides et avis de clients, il apporte une réponse quasiment scientifique aux palmarès fantaisistes, sinon truqués, qui couronnent génies méconnus et chefs approximatifs. Solennelle et impartiale, sa Liste, qui a désigné Guy Savoy comme le meilleur restaurateur du monde en 2016, veut remettre de l’ordre. Mais elle risque aussi de gêner la séculaire suprématie du Michelin.