Lisez l’article du magazine Le Point signé T. Danancher.
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» Allez, ma belle, encore un petit effort ! » Yann Ménard encourage Traviata, son percheron blanc de 9 ans, pour l’ultime aller-retour du matin à travers les sillons de la parcelle où il fait pousser du basilic. Il est 9 heures, et le soleil cogne fort sur Cogolin. Voilà quarante-cinq minutes que le paysan-maraîcher, planté derrière sa décavaillonneuse, ne fait qu’un avec son cheval de trait, une jument de 800 kilos, pour retourner la terre afin de maîtriser l’herbe poussant au bord de ses cultures.
Dans son Jardin de la Piboule – « peuplier » en provençal –, Yann Ménard fait grandir depuis 2011 plus de 200 variétés de fruits et légumes. En ce début d’été, l’enfant de Saint-Tropez, qui a commencé sa journée à 5 h 30 et l’achèvera à 19 heures, récolte dans ses serres ouvertes et en plein air ses tomates coeur de boeuf, green zebra, rose de berne, ses courgettes trompettes, violon, striée de Naples, ses haricots verts beurre, plat, dolique, ses aubergines, ses patates douces de Cogolin, ses melons charentais, ses gigerines, une espèce de pastèque à confiture… « Ici, nous n’avons pas de réfrigérateur, impossible de tricher ! Tout est ramassé à l’aube pour être écoulé dans la foulée », lâche le garçon de 36 ans au teint hâlé.
Une agriculture naturelle
Ses pépites choyées sur 4 hectares se retrouvent à des prix ultra-raisonnables …/… en vente directe à la propriété, sur les étals des marchés de Cogolin et de Sainte-Maxime, et en Amap …/…
Et atterrissent aussi sur les tables des grands chefs. À commencer par celle d’Arnaud Donckele. « J’ai eu un vrai choc en goûtant ses produits. J’ai retrouvé l’émotion de mon enfance dans la ferme de mes grands-parents paternels en Seine-Maritime », confie la toque 3 étoiles Michelin de La Vague d’or, à la Résidence de la Pinède, à Saint-Tropez.
Le secret de Yann Ménard ? Il prend racine dans le sol sablonneux de son potager, qu’il foule toujours pieds nus. « J’arrive à sentir sa respiration, son humidité, sa chaleur pour tirer le meilleur de sa fertilité », glisse celui qui a notamment travaillé auparavant dans les vignes de Pétrus en Gironde et d’Ott dans le Var. Prônant l’agriculture naturelle et la permaculture, il n’utilise aucun pesticide, disperse du fumier et du bois broyé, sème des engrais verts, décompacte au tracteur, dynamise son eau sur du cristal de roche et protège les insectes régulant les ravageurs. « Je veux laisser vivre pleinement la nature. » Cette dernière le lui rend bien en enfantant des trésors.