Venezuela face à la catastrophe alimentaire… les habitants adoptent la débrouille pour cuisiner

  Encore une population victime d’une idéologie qui mène à la pauvreté et à la débâcle humanitaire. Ça va très mal au Venezuela depuis que le prix du pétrole a baissé, les supermarchés sont vides, ainsi que les pharmacies. Il y a pénurie d’électricité, et de plus en plus de pillage et d’émeutes. Sans compter l’épreuve de force entre l’opposition et le Président socialiste Maduro qui n’a pas su gérer le pays. 

Il n’y a jamais eu diversification de l’économie. Les différents gouvernements et les classes dominantes se sont répartis la rente pétrolière. La politique économique est un désastre. Il n’y a pas d’importations, les denrées de première nécessité se font rares, les prix des produits encore disponibles sont très élevés, et ils augmentent avec la pénurie.

Les revendeurs de produits alimentaires de mèche avec la police sont les premiers à mettre la main sur les denrées pour ensuite les vendre au double du prix qu’ils ont payé. Les denrées n’arrivent pas car très souvent partagées et réparties parmi les membres des milices chavistes.  Les milices chavistes s’attaquent impunément à la population et contribuent  à la grande violence qui règne notamment à Caracas, la capitale. 

À partir du moment où Maduro a pris le pouvoir, le prix du pétrole est tombé, alors il n’y a plus d’argent pour entretenir le clientélisme et la politique populiste. Le gouvernement Maduro est en train de perdre auprès des plus pauvres, ceux qui l’ont toujours appuyé jusqu’ici, ceux qui avaient perçu Chavez comme un sauveur qui allait les sortir de la misère. Maintenant, il y a des manifestations contre Maduro dans les bidonvilles.

Au Venezuela, une cuisine de la débrouille pour contourner la crise

Il n’y a plus de farine de maïs, ingrédient essentiel des fameuses « arepas », crêpes typiques du Venezuela  … Qu’importe, on y mettra de la betterave! Face à une crise qui n’en finit pas, les habitants du pays sud-américain ont appris la débrouille.

Alors que ces crêpes y sont aussi indispensables que le pain dans d’autres pays, Margarita Monge, couturière de 65 ans, a dû apprendre à contourner les graves pénuries alimentaires frappant le Venezuela, dont l’économie s’est effondrée avec la chute des cours du pétrole, sa principale richesse.

Désormais, elle cuisine « avec ce qu’il y a »… Pour remplacer la farine, elle glisse dans sa recette de la patate douce ou des carottes. Ces arepas nouvelle version « sont délicieuses! » s’exclame Margarita, qui vit à Ocumare, à 70 kilomètres au sud de Caracas.

D’autres y mettent du manioc, du potiron ou de la betterave. Car comme elle, beaucoup de Vénézuéliens adaptent leurs plats traditionnels -souvent à base de riz et de haricots, ces derniers étant désormais hors de prix- face aux rayons vides des supermarchés, dans ce pays qui importe quasiment tous ses aliments.

Depuis deux mois, un groupe Facebook réunit ceux voulant échanger des recettes avec des ingrédients alternatifs. Il compte déjà 74.000 membres. « Cela a été comme lancer une allumette sur un tas de feuilles mortes, ça a pris très rapidement car nous sommes tous dans la même situation », raconte l’un des créateurs du groupe, Richard Hernandez, 58 ans.

La pénurie d’aliments au Venezuela -mais aussi de médicaments- atteint un niveau dramatique: 80% sont manquants selon l’institut Datanalisis, ce qui crée une « angoisse collective », explique M. Hernandez, dont l’initiative veut apporter un certain « soulagement ».

Avec un peu d’ingéniosité, « on se rend compte qu’on n’a pas à dépendre des produits industriels », les plus difficiles à trouver. L’autre créateur du groupe Facebook, Vladimir de Chelminski, 37 ans, admet que désormais, pour « bien manger au Venezuela », il faut « ou beaucoup d’argent, ou beaucoup de créativité, ou faire la queue pendant six heures » face aux magasins.

Même en trouvant l’ingrédient que l’on cherche, il faut encore affronter la pire inflation au monde, à 180,9% en 2015. Selon le Fonds monétaire international (FMI), elle s’envolera à 720% cette année.

Le président socialiste Nicolas Maduro attribue le problème à la chute des recettes pétrolières et à une « guerre économique » menée par les milieux d’affaires et l’opposition pour le déstabiliser. Et il nie que la population ait faim, rappelant que l’an dernier, le pays a reçu une distinction des Nations unies pour ses efforts dans ce domaine.

Fin 2015, le ministère de l’Alimentation assurait qu’en 16 ans de pouvoir, le chavisme (du nom de l’ex-président Hugo Chavez, 1999-2013) a réduit de 84,4% la proportion d’habitants ayant faim. La crise a pourtant bien modifié le régime alimentaire des Vénézuéliens: entre 2014 et 2015, la consommation de poulet a chuté de 80 à 69% chez la population, celle de viande a baissé de 75 à 60%, selon une enquête réalisée par plusieurs universités du pays.

Et 12,1% des personnes interrogées avouent ne plus faire que deux repas -voire moins- par jour. Selon l’Observatoire vénézuélien de la santé, en moyenne chaque habitant a perdu trois à cinq kilos cette année, souligne le nutritionniste Pablo Hernandez.

Margarita, qui ne mange pratiquement plus que des légumes, en a perdu 12. Il y a un mois avec son mari, elle s’est contentée pendant trois jours de jus de corossol, un fruit exotique dont elle a un arbre dans son jardin.

« On ne trouvait rien, on n’avait pas d’argent », se rappelle-t-elle.

Sur internet, des recettes originales émergent: pour remplacer le café, on propose une infusion de farine grillée. Pour oublier qu’on n’a plus de lait, on remplit le biberon d’eau de riz. On peut, enfin, cuisiner des épluchures de banane qui ressemblent presque à de la viande.

Plutôt que de se désespérer de la situation, Vladimir de Chelminski salue cette inventivité : « Beaucoup de recettes françaises sont nées en temps de guerre, faites avec ce que l’on trouvait. C’est la même chose ici, on est en train d’inventer une nouvelle gastronomie vénézuélienne. »

Afp

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