Le château Latour vient d’annoncer qu’il venait d’obtenir sa certification en agriculture biologique. C’est la dernière étape d’un long processus. L’aventure a débuté en 2009 avec de premiers essais en bio sur une vingtaine d’hectares à Pauillac (Gironde). En 2015, la famille Pinault, actionnaire majoritaire, a donné son feu vert pour lancer la certification en bio sur l’ensemble du domaine, soit 93 hectares dans le Médoc, bordant l’estuaire de la Garonne. Trois ans plus tard, le château vient de l’obtenir pour la récolte 2018, ce qui représentera quelque 300.000 bouteilles.
En 2018, les rendements étaient de 24 hectolitres par hectare contre 33 à 35 en moyenne les autres années. « Cette baisse est liée au mildiou et à la sécheresse, pas forcément au bio », estime Hélène Génin, qui pilote la direction technique de ce prestigieux domaine.
Moins de traitements au cuivre et au souffre – Avec le passage au bio, le travail des sols est amélioré grâce aux chevaux, aux engrais verts ou encore aux mycorizes (champignons), tout comme la lutte contre l’érosion et la biodiviersité (plantation de haies, abris pour les chauves-souris…). Le château Latour a également baissé les doses de souffre et de cuivre, dont l’utilisation a été prolongée en novembre par l’Union européenne pour sept ans mais limitée à 4kg par hectare et par an contre 6kg auparavant.
« L’idée est de descendre de 4 kg à 3 ou 3,5 kg, en adaptant la dose au besoin de la parcelle et en ciblant bien les parties de la vigne qui en ont besoin. Cela va être difficile. Aujourd’hui, je traite toutes les parcelles de la même façon », explique le directeur technique.
Profiter de l’expérience bourguignonne – Une partie du vignoble, soit 54 ha, est déjà en biodynamie, ce qui « permettra de rééquilibrer la plante et de réduire les doses de cuivre », selon cette oenologue. « Pour passer l’ensemble de la propriété en biodynamie, c’est une question de temps et de matériel », estime-t-elle.
Pour se former et être conseillée, l’équipe technique du château Latour a fait appel à un consultant bourguignon, échange avec les acteurs locaux et a visité des exploitations viticoles en Bourgogne.
« Il faut beaucoup échanger. C’est l’expérience des uns et des autres qui va nous aider à progresser », souligne Hélène Génin qui a commencé sa carrière au château Latour en 2001 comme stagiaire. Parmi les sept propriétés du groupe Artémis Domaine, quatre dont le château Latour sont certifiées bio et parmi les Grands crus classés 1855, une douzaine sont en agriculture biologique ou en conversion.