Sur la saison 2016-2017, encore loin d’être terminée, plus de 10 000 plaintes ont été déposées, contre 600 en 2015-16, assure le président de la fédération hôtelière CEHAT.
Plus de 90 % des plaintes sont fausses
Selon lui, en Espagne plus de 90 % de ces plaintes, présentées par des sociétés spécialisées qui promettent aux plaignants des indemnisations de plusieurs milliers de livres, sont fausses.
Et les Britanniques, les visiteurs étrangers les plus nombreux en Espagne (16 millions en 2016), sont pour l’essentiel les auteurs de ces plaintes.
Selon l’Association britannique d’agents de voyage (ABTA), depuis trois ans, le nombre de plaintes à l’étranger a augmenté de 500 %. Et le phénomène touche d’autres destinations, comme la Turquie.
100 000 millions d’euros de réclamations
En effet, la loi de défense des consommateurs au Royaume-Uni est si protectrice qu’elle n’exige aucun certificat médical prouvant la maladie et accorde un délai de trois ans aux plaignants pour déposer leur plainte.
Selon les hôteliers espagnols les sociétés spécialisées dans le traitement des plaintes démarchent ouvertement les clients aux abords des complexes touristiques en leur proposant un service gratuit. Et selon la fédération hôtelière, la valeur totale des réclamations d’indemnisations a atteint déjà 100 millions euros.
Fini les accords à l’amiable
L’ABTA a pour sa part lancé une campagne « Stop sickness scams », « Arrêtez la fraude sur les maladies », en se plaignant du fait, qu’à terme, ces escroqueries seront payées par tous, car elle finiront par renchérir le prix des voyages.
Jusque-là, les hôtels espagnols passaient des accords à l’amiable, pour éviter de longues et coûteuses batailles judiciaires devant la justice britannique. Mais ils ont dit « basta ». En mai, ils se sont réunis avec l’ambassade britannique en Espagne pour tirer la sonnette d’alarme.
Le ministère des Affaires étrangères du Royaume-Uni a ensuite émis une mise en garde aux voyageurs pour les prévenir que les fausses plaintes pouvaient déboucher sur des poursuites pénales.
Les hôtels espagnols contre-attaquent en justice
La police a aussi arrêté en juin un Britannique séjournant dans l’île de Mallorca, aux Baléares, soupçonné d’avoir tenté d’encourager des touristes aux abords des hôtels à déposer de fausses plaintes. Un deuxième homme est visé par la même enquête, ouverte après une plainte du complexe touristique Club Mac à Puerto Alcudia, dans le nord de l’île.
Le cabinet d’avocat représentant ce « resort » a fourni un épais dossier de preuves à la police, après avoir travaillé avec des détectives privés.
Des photographies et documents montraient comment au moins un millier de vacanciers britanniques ayant séjourné dans les trois hôtels du complexe avaient déposé des plaintes douteuses pour de supposées intoxications.
Ainsi, le registre des consommations au bar d’un homme qui a accusé l’hôtel d’avoir ruiné ses vacances « tout inclus »» en raison de son intoxication… affichait la bagatelle de cent gin-tonics pendant son séjour.
La police envisage d’autres arrestations dans cette affaire, la plus grande enquête menée en Espagne sur ces pratiques. Si cette tendance se poursuit certains complexes touristiques menacent de ne plus vendre de paquets « tout compris », aux Britanniques, préviennent sur leur site les agents de voyages du Royaume-Uni.