Restaurateur toulousain tué à Marrakech : » Je ne peux pas faire mon deuil sans savoir qui a tué mon frère «
Son frère, Pascal, a été sauvagement frappé à coups de pioche dans son sommeil à Marrakech avant de décéder plus tard à l’hôpital Rangueil de Toulouse. Arnaud Foltran revient sur ce drame ayant touché cette famille de restaurateurs toulousains, installée depuis 20 ans au Maroc.
Le 18 février dernier à Marrakech, la sordide agression d’un restaurateur français, Pascal Foltran, 50 ans, à son domicile, ébranle les 30 000 expatriés français de la ville rouge. La mort quinze jours plus tard à l’hôpital de Rangueil de ce Toulousain, qui avait monté l’un des restaurants branchés du chic quartier de Guéliz il y a quatorze ans avec son frère, reste sans suspect, ni mobile. Encore très éprouvé par le brutal décès de son frère, Arnaud, 44 ans, qui a sollicité avec sa belle-sœur et ses parents le concours des avocats montalbanais Maîtres Jean-Lou et Charlotte Lévi pour les assister face à la justice marocaine, demeure toujours perplexe sur les raisons de ce meurtre et surtout l’absence d’interpellation.
Vous souhaitez témoigner d’abord pour rectifier certains faits sur cette agression qui ont pu être publiés ?
J’ai été meurtri de lire dans la presse marocaine à sensation que ce crime pourrait avoir un lien supposé avec notre établissement. Nous vivons au Maroc depuis 20 ans, nous avons ouvert le Kechmara en 2004 et ici il n’y a jamais eu ni filles, ni drogues. Rien dans la vie de mon frère ne peut laisser à penser qu’il s’agit d’un règlement de compte ! Je ne crois pas un seul instant que ce meurtre a un lien avec notre business.
Cette agression a toutefois de quoi interroger ? Pourquoi un SDF toxicomane va mortellement frapper votre frère durant son sommeil alors qu’il peut quitter les lieux en volant ce qu’il trouve ?
C’est une question qui nous hante tous et en premier lieu ma belle-sœur qui a assisté à l’agression, et qui a cru aussi avec ma nièce de 5 ans que son heure était venue.
Que vous a-t-elle raconté ?
Quand je suis arrivé, la police est déjà sur les lieux, ma belle-sœur a donné l’alerte. Un homme est entré en fracturant une fenêtre vers minuit. Il monte à l’étage, et se rend directement à l’étage dans la chambre de mon frère et de ma belle-sœur. Là, il l’a frappé avec une pioche. Les blessures au crâne sont béantes.
Comment votre belle-sœur a pu échapper au meurtrier ?
Elle lui propose de l’argent, ce qui permet d’abord d’arrêter les coups. Elle parvient à descendre, non sans être violemment empoigné par le tueur armé d’un couteau. C’est là qu’elle a réussi à s’échapper dans la rue pour appeler au secours. Elle a des hématomes au visage et des ecchymoses au bras. Elle a vraiment senti sa vie en danger.
Qu’a-t-elle dit sur le meurtrier ?
Le profil d’un SDF édenté, qui sent fortement la colle, une drogue que sniffent ici de nombreux marginaux vivant dehors. Ma belle-sœur a pu avec ses détails donner un portrait-robot.
La police ne l’a toujours pas arrêté ?
C’est ce qui nous surprend. La police marocaine, avec ses méthodes, obtient toujours des résultats. Un crime dans le royaume ne reste jamais impuni. Une centaine de personnes ont été confondues. En vain. De plus, ils ont retrouvé sur les armes les empreintes et l’ADN du tueur : c’est pour cela que l’on ne comprend pas…
Ce crime a bouleversé la communauté française de Marrakech ?
Cela les a bouleversés, le Kechmara est un des lieux de rendez-vous des expatriés. Mon frère était connu et respecté. J’en connais qui ont fait le choix de quitter la ville, et même le pays.
Et vous ?
À long terme, je ne pourrais pas rester dans un endroit où il se passe ce genre de crime. Gérer seul le Kechmara n’a plus de sens sans mon frère aîné. Je ne peux toutefois faire mon deuil sans savoir pourquoi et qui l’a tué.
Les avocats reçus par le procureur général
À Marrakech, Mtres Charlotte Lévi avec sa consœur Majda Loukili du barreau de Meknès, ont rencontré le procureur général et son premier substitut saisi de l’affaire. «Ils nous ont confirmé que de nombreuses investigations sont diligentées en vue d’interpeller l’auteur. Ils sont aussi déterminés à élucider le mobile toujours obscur de ce meurtre. Les autorités judiciaires sont particulièrement conscientes de l’émoi causé par ce crime d’une violence inouïe pour la communauté française de Marrakech, la plus importante de la cité.»