Si c’est bien la couleur de l’espoir et le symbole de la guérison, alors la planète a tout à gagner à se draper de vert. Une équipe de chercheurs de l’université de Zurich estime même que planter des milliards de graines serait un remède ultra-efficace contre les émissions de CO2 , responsables de l’emballement du mercure.
D’après leurs calculs, il y a suffisamment de place sur Terre pour planter des arbres capables d’absorber les deux tiers du carbone présent dans l’atmosphère. Cette étude a de quoi redonner une bouffée d’optimisme au groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) qui rend public ce jeudi un nouveau rapport alarmant, pointant notamment du doigt l’ampleur de la déforestation .
Souvent présentée comme le poumon vert de la planète, la forêt amazonienne est plus que jamais sous la coupe des forestiers. Surtout depuis que le nouveau président climato-sceptique du Brésil Jair Bolsonaro est arrivé au pouvoir. « En Amazonie brésilienne, 739 km2 ont été déforestés en mai dernier, soit l’équivalent de deux terrains de foot par minute, détaille Cécile Leuba, spécialiste des forêts à Greenpeace France. En juin, 920 km2 ont été rasés et en juillet, 2 254 km2, soit une hausse de 278 % par rapport à juillet 2018. »
353 millions d’arbres plantés en 12 heures
Pour certains scientifiques, la meilleure solution pour lutter contre les tronçonneuses est de multiplier les opérations de reforestation . D’après l’étude des chercheurs suisses parue dans la revue Science, 900 millions d’hectares de couverture arborée supplémentaires pourraient pousser sur Terre.
Ces forêts auraient selon eux la capacité d’absorber 205 gigatonnes de carbone, sur les 300 gigatonnes qui ont été ajoutées à l’atmosphère depuis la fin du XIXe siècle, et le début de l’ère industrielle. La moitié des zones ainsi reboisables, selon l’étude, se situent dans six pays : la Russie, les Etats-Unis, le Canada, l’Australie, la Chine et… le Brésil.
« Les gouvernements doivent prendre ceci en compte dans leurs stratégies nationales contre le changement climatique », estime l’auteur principal de l’étude Jean-François Bastin. Certains ont déjà pris les devants. À l’image de l’Éthiopie, qui a procédé le 30 juillet dernier à la plantation de 353 millions d’arbres en seulement… 12 heures !
Les autorités du pays espèrent avoir semé d’ici le mois de septembre près de quatre milliards de graines. L’Algérie aussi va s’y mettre en septembre avec l’objectif affiché de planter quarante millions d’arbres.
Couvrir la planète de forêts jouant le rôle d’aspirateurs de carbone n’est cependant pas une solution idéale pour l’association Oxfam, qui met en garde contre la disparition de terres destinées à l’alimentation. « Cette approche risque d’exacerber la faim et les accaparements de terres », met en garde Nicolas Vercken, directeur campagnes et plaidoyer au sein de l’ONG.
Pour Greenpeace, non plus, la reforestation n’est « pas une solution miracle » et il vaut mieux prendre le mal… à la racine. « La priorité des priorités est de mettre un terme à la déforestation, qui est responsable de 12 % des émissions de gaz à effet de serre de la planète, explique Cécile Leuba. À chaque fois que l’on brûle des hectares de forêt, le carbone conservé dans les troncs des arbres est relâché dans l’atmosphère et jamais une nouvelle plantation n’abritera autant de biodiversité que des forêts primaires. »
L’ONU l’a bien compris, et c’est pourquoi elle soutient d’un bout à l’autre de la planète les programmes visant à protéger la jungle des coupes rases. Les membres de la communauté de Dayak Iban de Sungai Utik, dans la forêt tropicale de Bornéo, ont ainsi reçu un prix du programme des Nations Unies pour le développement, parce qu’ils ont réussi à maintenir leurs arbres en vie. La sauvegarde de leur forêt communautaire a permis d’absorber plus d’un million de tonnes de carbone !