Le nouveau temple montpellierain de la gastronomie s’est officiellement dévoilé au grand public le 3 juillet dernier. Déployées sur trois étages et pensées autour de deux grands espaces, soit le Food Court, cet antre qui fait la place belle à la « cuisine de rue » et du monde, et le Rooftop, destiné à accueillir des soirées festives à compter du mois de novembre, ces halles alimentaires épousent la grande tendance européenne qui entend transformer le concept de « food court » en « food hall ». Soit, conserver l’âme du marché couvert traditionnel, déclinant toutes les familles gustatives de food court dans leurs allées, tout en y intégrant des notions d’éco-quartiers ou de villages alternatifs dotés d’espaces de co-working et de startuppers ou encore des fermes urbaines et des villages artisanaux.
Spécialistes du Net et commande en ligne
Ces halles privées, qui viennent s’intégrer au Marché du Lez, sont le fruit du concepteur Alexandre Teissier. Entouré d’un pool d’investisseurs, ce globe-trotter dans l’âme a injecté six millions d’euros dans la construction de ce marché couvert aux 2 250 m², où se déploient une quarantaine d’artisans (fromagers, poissonniers, maraîchers, etc.) et quatre restaurants qui arborent à leur carte les meilleurs produits du terroir local, régional et international. A leurs côtés, deux espaces dotés respectivement de 22 et 8 posts sont dédiés au coworking, représentant un écosystème où entrepreneurs, collectifs, artistes et commerçants de la région, spécialistes du 2.0 et des réseaux sociaux, contribuent à insuffler une synergie créative. Sans oublier l’espace dédié aux brocantes et à l’artisanat d’art, pour nourrir les faims culturelles, et les 30 écrans installés pour la retransmission de matches à destination des amateurs de sport. Pensées en mode connecté, ces halles disposent également d’une plate-forme de commandes en ligne et de ses services de livraison de façon à limiter les files d’attente et à encourager la vente à emporter.
Lisbonne, ville la plus inspirante
C’est en voyageant et en observant ce qui se fait dans ce genre nouveau un peu partout en Europe (seulement 80 food court sont recensés sur la planète) qu’Alexandre Teissier a puisé son inspiration : Markthal à Rotterdam, Foodhallen à Amsterdam, Borough Market à Londres, mais surtout Mercado da Ribeira à Lisbonne. Soit, le « food hall » européen le plus important en matière d’offre food court et de marché couvert, une référence dont toutes les villes devraient s’inspirer dans l’avenir selon ce promoteur à la tête de Gaïa Promotion. Un lieu qui a vu émerger à ses côtés le quartier LxFactory, un ancien site industriel réhabilité à coups d’implantation de bars, de restaurants et autres boutiques tendances, et qui s’apprête à compter parmi son voisinage un espace de coworking de 35 000 m², semblable au plus grand nid de start-up mondial que représente la Station F à Paris.
La France encore en phase d’amorçage
Rentré de son tour d’exploration, Alexandre Teissier est convaincu que les halles d’aujourd’hui et de demain ne doivent plus se cantonner au seul registre de l’alimentaire, mais bien proposer des activités culturelles et des services connectés, passant ainsi du statut de « Food court » à celui de « Food hall ». En France, le concept n’en est encore qu’à ces balbutiements. La première à s’être révélée dans le genre est Bordeaux, au sein de ses halles de Bacalan, suivie par Marseille et ses halles de la Major. Sinon, force est de constater que rien ne s’inscrit dans cette mouvance, si ce ne sont de petits lieux disparates dépourvus d’identité emblématique. Pourtant, Alexandre Teissier en est convaincu : la France se dessine incontestablement vers une accélération de ses « Food hall », chaque métropole étant vouée à en compter au moins deux d’ici à cinq ans.