Le journaliste Stéphane Méjanès a publié un long texte dénonçant l’omettra qui règne dans la profession et faisant un appel à un » #metoo de la gastronomie « , il indique aussi avoir eu échos que l’agence de presse MEDIAPART a diligenté une enquête qui risque de faire beaucoup de bruit dans le monde de la restauration gastronomique.
Retrouvez son texte ci-dessous –
» [AVANT LA TEMPÊTE] – Je ne sais pas vous, mais pour moi, il est de plus en plus difficile de poster ou de contempler des photos de piscines turquoises, d’enfants joyeux, de paysages sublimes, de pique-niques bucoliques et d’assiettes colorées.
Comme si de rien n’était. Les révélations annoncées d’une enquête de Mediapart vont provoquer une immense déflagration dans le monde de la gastronomie. Déjà lourdement frappé par la crise sanitaire, ce microcosme autocentré va devoir affronter ses démons, regarder en face le mauvais sort réservé à tant de femmes en cuisine, vivre enfin un #metoo trop longtemps retardé par la somme coupable de l’histoire, de la tradition, de la fatalité, du silence, de la peur et de l’impunité.
Ça bruisse de rumeurs, des faits sont murmurés, il est question de harcèlement, de coups, de viol. Des noms circulent, et pas des moindre. Il y a des gens qui savent et d’autres qui croient savoir. Il y a ceux qui ne veulent rien voir et ceux qui pensent que le temps est venu. Chacun attend le moment où « ça va sortir » au grand jour, avec effroi ou délectation, les uns pour fanfaronner sur l’air de « je le savais », les autres pour dénoncer « les tribunaux populaires ».
Nous avons tous entendu des histoires sur untel ou untel, plus ou moins graves, plus ou moins anciennes, vraies ou fausses, difficile de savoir. Faute de preuves, de plaintes, de procès, par négligence et par lâcheté sans doute, nous n’avons rien fait, ou pas grand chose. Avec son vocabulaire guerrier, sa brigade et son coup de feu, avec son virilisme flamboyant, ses horaires impossibles et son économie fragile, le restaurant est considéré comme un lieu de tensions inévitables, une cocotte-minute dont la soupape peut exploser à tout moment, autorisant tous les excès. Pourtant, ici pas plus qu’ailleurs, rien ne justifie d’y maltraiter qui que ce soit, d’y commettre des délits punis par la loi.
Nous avons collectivement permis que cela arrive, que cela perdure. Nous devons collectivement mettre fin à ces agissements. Il faudra beaucoup d’engagement, de fermeté, mais aussi d’empathie et de mesure. Pour entendre les victimes, les soutenir, les accompagner. Pour que les coupables bénéficient de procès équitables, pour qu’ils comprennent et ne recommencent plus.
Ne glissons pas une fois de plus la poussière sous le tapis, jusqu’à la prochaine fois. Ni policiers ni juges, soyons juste humains, profondément humains, pour que la table reste le lieu de la commensalité, de la générosité et du partage, de l’égalité et du respect. »
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Le règne de la dénonciation à tout va. On voit que certains en font un fonds de commerce. Pour info, prévenez ce "monsieur " qu'il n'y a pas que les femmes qui sont maltraitées en cuisine