Ceux qui l’ont rencontré le décrivent comme le « type le plus cool dans la pièce ». Et pourtant, derrière cette posture calme se cache un entrepreneur zélé, qui multiplie les investissements en partant du principe que son talent, le rap, est plus « un moyen qu’une fin ». Jusqu’à devenir « le premier rappeur milliardaire », selon le magazine « Forbes ».
Jay-Z, quarante-neuf ans, a construit depuis plus de vingt ans sa carrière en s’emparant de ce qu’on daignait lui accorder. A vingt-cinq ans, alors qu’il peaufine déjà cette voix et ce phrasé qui le rendront célèbre, les maisons de disques refusent de le signer. Peu importe ! Il vend ses albums aux alentours des blocs d’immeubles du quartier de Marcy à Brooklyn. Puis, aidé de ses amis Damon Dash, Kareem Burke et de l’argent accumulé par les deals de drogue, il lance son propre label, Roc-A-Fella Records, avec un objectif : capitaliser sur son talent et revendre la firme à une plus grosse société.
Les spiritueux comme source de revenus
Le pari est réussi. Def Jam, célèbre label new-yorkais, reprend Roc-A-Fella Records, mais Jay-Z – Shawn Carter de son vrai nom – ne s’arrête pas là. Il ne souhaite pas juste obtenir l’argent du contrat et s’arrange pour en devenir le CEO pour poursuivre l’aventure.
Plus tard, en 2006, alors qu’un journaliste de « The Economist » interroge lepatron de la société productrice du champagne Cristal Roederer sur la popularité de sa bouteille chez les rappeurs, il affirme : « Que pouvons-nous faire ? Nous ne pouvons pas empêcher les gens de l’acheter. » Face à ce qu’il considère être un affront, Jay-Z, qui évoquait souvent la bouteille dans ses rimes, appelle au boycott et fait la promotion d’une petite marque concurrente dans son clip « Show Me What You Got » : les champagnes Armand de Brignac. La marque deviendra une référence chez les rappeurs et Jay-Z l’achètera pour 520 millions de dollars, en 2014, à l’américain Sovereign Brands…
En plus de vingt ans, le rappeur a ainsi multiplié les incursions dans des secteurs les plus divers, voire inattendus : outre Armand de Brignac et Tidal, le rappeur possède désormais une participation de 70 millions de dollars dans le groupe Uber, 100 millions de dollars dans le cognac D’Ussé, ainsi que des investissements dans l’immobilier, avec un domaine acheté 26 millions de dollars en 2017 dans l’East Hampton. Dernièrement, il est devenu le président et directeur artistique de la section baskets de la marque Puma. Ajoutez à cela des investissements dans l’art, d’une hauteur de 70 millions de dollars…