18, C’est le nombre de préconisations que va présenter ce mercredi le Cese pour réduire les addictions au tabac et à l’alcool en France. Mais c’est particulièrement sur la consommation d’alcool que les rapporteurs vont mettre l’accent. « Nous voulons qu’il y ait une conformité entre les discours et les politiques publiques qui sont réellement menées. Aujourd’hui la loi Evin a été totalement détricotée. Il faut davantage de cohérence de la part du gouvernement », estime Marie-Josée Augé-Caumon, co-rapporteure du texte et présidente du Caarud Montpellier, un centre de prévention des addictions. Ces préconisations du Cese feront l’objet d’une présentation et d’un vote en séance plénière ce jeudi à partir de 14h30.
Parmi les préconisations très concrètes du Cese, instaurer un prix minimum des boissons alcoolisées vendues dans les lieux de fête. « Dans les lieux de fête, les boites de nuit, les discothèques, des prix très bas sont pratiqués pour inciter à la consommation, et même souvent des bouteilles gratuites, offertes en cadeau. Ce n’est pas possible, il faut un prix minimum de vente ».
Promue par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’instauration d’un prix minimum par unité de boisson alcoolisée est expérimentée depuis le mois de mai dernier en Ecosse. En France, mi-avril, une trentaine de médecins – des addictologues, hépatologues, pneumologues avaient réclamé que soit mis en place un prix minimum par unité d’alcool autour de 50 centimes d’euros, afin de diminuer les consommations excessives d’alcools bradés et de mauvaise qualité.
Interdire la publicité pour l’alcool près des lieux d’éducation et instaurer
Parmi les préconisations, le Cese demande aussi au gouvernement de faire voter une interdiction de la publicité pour les boissons alcoolisées près des lieux d’éducation et de formation, notamment les collèges et les lycées. Il réclame aussi que les professionnels de la filière des boissons alcoolisées soient exclus de l’élaboration des politiques publiques en matière de prévention, « comme c’est le cas pour tabac ».
Si le tabac et l’alcool font partie des produits les plus réglementés, leur pratique demeure néanmoins très répandue et trop souvent addictive. « Aujourd’hui, il est crucial de lutter contre ce qui correspond respectivement aux première et deuxième causes de mortalité évitable en France », rappelle Marie-Josée Augé-Caumon qui estime que « les freins sont dus au lobbying des alcooliers ».
Un plan national de prévention des addictions adopté discrètement en décembre
Annoncé depuis près de 10 mois et plusieurs fois reporté, le gouvernement a finalement dévoilé hier, mardi 8 janvier, dans un simple tweet, son plan de mobilisation contre les addictions.
« Imposer un prix minimum de l’alcool dans certains lieux et pas dans d’autres est compliqué pour des raisons techniques » a expliqué la ministre de la Santé, Agnès Buzyn.
« Nous sommes très déçus par ce plan qui a été adopté en décembre en toute discrétion », se désole Marie-José Augé Caumon. Elle regrette qu’ »aucune mesure forte comme l’instauration d’un prix minimum n’ait été prise », et qu’aucune taxe sur les « prémix » contenant du vin, comme le « rosé pamplemousse », n’ait été instaurée.
« Nous avons pris des mesures de hausse de taxes sur les cocktails dans le dernier projet de loi de finances 2019. Mais, imposer un prix minimum de l’alcool dans certains lieux et pas dans d’autres est compliqué pour des raisons techniques » a expliqué la ministre de la Santé… « J’ai deux cibles prioritaires dans mon plan d’action contre l’alcool, les femmes enceintes, qui ne doivent prendre aucune goutte d’alcool pendant la grossesse, et les jeunes. Dans ce plan de prévention, j’ai une série de mesures qui visent à mieux accompagner les jeunes face à l’alcoolisation » a ajouté la ministre.
L’abus d’alcool est responsable de 49 000 décès par an. Il est la première cause de mortalité prématurée, la première cause de mortalité chez les 18-25 ans, et la seconde cause de mortalité évitable.