Balade Gourmande en Charentes, d’Angoulême à Jarnac

Par Dominique Homs-Vailhé

Très jolie région de France que les Charentes et les Charentes Maritimes, une belle occasion pour nous de vous y emmener pour de nouvelles découvertes gourmandes . Cette fois-ci nous n’irons pas de bel hôtel en bel hôtel mais tout simplement en Van aménagé de chez roadsurfer, le must du genre  ! Une balade itinérante qui offre beaucoup de liberté …une nouvelle façon de voyager gourmand.

Un voyage gourmand…en toute liberté ! (Photo DHV)

Jour 1

Après un arrêt matinal chez roadsurfer à Toulouse pour récupérer notre nouveau moyen de locomotion, au passage, facile à conduire, tout automatique, super bien équipé pour deux de préférence et que tout le monde admire, une première étape pour déjeuner aux portes de la ville rose : Le Best Western Domaine de Montjoie, la table du jeune chef Valentin Laevens y est fort sympathique et sans prétention . produits frais, au plus près du terroir …la cuisson du veau aveyronnais y est parfaite et les assiettes bien présentées ! Le parc de l’hôtel, un château XIXème est magnifique .

Pavé de veau, Déclinaison Carottes de Couleurs et Sauce aux Poivres Verts (photo DHV)
Saumon Mariné Ponzu (Photo DHV)

Angoulême: Ville de la BD mais pas que….

A Angoulême , les alentours du Musée de la Bande dessinée sont parfaits pour y stationner et même y dormir le long de la Charente. De là en navette direction les Halles d’Angoulême où nous attend Pauline Vivent pour un “food tour” angoumois . Cette jeune épicurienne a récemment crée avec sa maman Bénédicte Delan-Boutin, « Food Aventura »  pour faire découvrir la ville autrement mêlant comme dans nos balades Food&Sens, tourisme, produits et étapes gourmandes. 

Pauline, une épicurienne qui fait partager ses belles adresses (Photo DHV)
Le « ventre d’Angoulême » (Photo DHV)

 En guise d’apéritif nous commençons notre dégustation par des spécialités charentaises réalisées par Aurélie et Joris Dantony , bouchers charcutiers traiteurs au coeur du “Ventre d’Angoulême” les Halles ainsi nommées. La cagouille est un plat d’escargots, élevés en Charente et préparés ici avec une sauce à l’ail , mais réalisé d’habitude avec de la tomate et du lard fumé . Nous goutons ensuite le gros grillon, poitrine de porc confite sel et aromates et enfin un bon petit chèvre de l’eco-ferme de Lazuré trouvé à la Fromagerie Lamy. Une belle idée que d’emporter toutes ces gourmandises locales pour les déguster le soir sur les rives de la Charente. 

Cagouille et gros grillon (Photo DHV)

Direction le centre ville piéton non sans oublier de passer devant deux ou trois murs peints, normal nous sommes ne l’oublions pas au pays de la BD !

Un mur peint en hommage à Uderzo (Photo DHV)

La Cave “wine bar” est ici une institution depuis 20 ans , nous y dégustons un délicieux Pineau des Charentes, de Jean Luc Pasquet et même une goutte de Belle de Brillet de la Maison Brillet qui est un doux mélange de cognac et d’eau de vie de poire ! Avant d’attaquer le déjeuner nous passons devant la monumentale mairie édifiée à partir d’un ancien château comtal qui a vu naitre en ses murs (dans une des deux tours qui restent d’origine) Marguerite de Valois qui était la sœur de François 1er, Roi de France né à Cognac en 1494. 

Cognac + eau de vie de poire (photo DHV)
Dans cette tour est née Marguerite de Valois, soeur de François Ier (Photo DHV)

Parler de Poké bowl dans une balade gourmande ? Surprenant peut-être mais ceux de Mathilde Nargeot valent le détour. Cette charentaise végétarienne à ouvert son tout petit restaurant ALOHA POKE  après la crise sanitaire. Dedans c’est très mignon dehors très agréable dans une rue piétonne et ses Poké sont gourmands et composés le plus possible de produits frais locaux comme la truite de la pisciculture Bellet à Ruelle-sur-Touvre, les fruits et légumes de La cueillette des Garcin au marché , tout y est bon et l’on peux composer ses propres salades ou Poké bowl et les emporter aussi pour le diner.

Un Poké Bowl presqu’entièrement charentais ! (Photo DHV)
Mathilde Nargeot est aidée de sa maman en cuisine (Photo DHV)

Côté café-dessert ce sera à la Biscuiterie Lolmède , une adresse incontournable de la ville qui propose des macarons authentiques, des vrais à l’ancienne à base d’amandes entières et de  parfums naturels.  Une belle expérience proposée par Pauline qui a dans son jeune “catalogue” plein d’itinéraires différents !

The tea Time à Angoulême (Photo DHV)
Le château de La Rochefoucauld appartient à la même famille depuis mille ans (Photo DHV)

La Rochefoucauld-en-Angoumois : Quand la Charentaise devient “Fashion” 

Les littéraires se rappelleront sans aucun doute “Les Maximes” de François de la Rochefoucauld, un auteur illustre du mouvement du classicisme . De son histoire au delà de ses lettres, reste un château incroyable construit au moyen âge mais maintes fois remanié, toujours habité par la même famille depuis mille ans !

Olivier Rondinaud , un homme de combat qui a finit par relancer la charentaise familiale (Photo DHV)

Mais il y a ici une autre histoire à raconter , c’est celle de la famille Rondinaud , créatrice en 1907, de la fameuse Charentaise ! Oui oui , les pantoufles que Jacques Chirac portait le soir à l’Elysée, celles que porte la Grande duchesse du Luxembourg, la pantoufle que l’on trouve dans la boutique du MOMA à New York, et dans celle de l’Assemblée nationale, la pantoufle qui est dans la course pour rentrer au patrimoine immatériel de l’UNESCO…. une belle histoire de famille entrecoupée de difficultés économiques , revendue mais recrée aujourd’hui par Olivier Rondinaud, l’arrière petit fils du fondateur!. Dans ces ateliers pas d’ordinateur, pas d’informatique, juste quelques emportes-pièces, des rouleaux de lainage, de feutre de laine, et seize employés qui réalisent de leurs petites mains les 7 étapes pour créer une pantoufle .

Toute la charentaise est montée sur l’envers .Ici la semelle en feutre de Mazamet (photo DHV)

Avec une IGP, (Indication géographique protégée) ce qui est rare hors de l’alimentaire, la Charentaise Rondinaud est la seule et unique pantoufle originelle…de Charentes ! Olivier a de très nombreux projets et en particulier celui de créer un musée pour raconter l’histoire de cette pantoufle qui a vu le jour sous Louis XIV à Rochefort lorsque les vêtements des soldats étaient fabriqués en drap de laine. Les pauvres utilisaient alors les chutes de tissus pour fabriquer des pantoufles qu’ils glissaient dans les sabots!

L’histoire de la charentaise …(photo DHV)

La charentaise revient en force dans nos maisons, avec ses coloris actuels, très écologique, piquée et non collée et elle fait même le bonheur de certains chefs dont Olivier garde le secret ! 

Les charentaises vendues dans la boutique de l’Assemblée Nationale (Photo DHV)

Chocolat quand tu nous tiens ! 

Jean Pierre Letuffe dans ses ateliers …les mêmes que ceux de son père ! (Photo DHV)

Nous redescendons vers Angoulême pour atteindre Trois Palis ou nous avons un rendez vous gourmand avec Jean Pierre Letuffe , Chocolatier de père en fils depuis 1950. Dans ce petit village où l’on trouve encore, comme dans beaucoup d’autres en Charentes une très jolie église romane, se cache une chocolaterie presque comme celle de “Charlie” pleine de couleurs, de rubans, et surtout surtout de délicieux chocolats . Une spécialité ? Bien sûr les chocolats à la liqueur de cognac qu’il travaille en direct avec les vignerons.

Local: Le chocolat fourré à la liqueur de cognac (Photo DHV)

Jean Pierre achète une partie de ses matières premières chez Valhrona et en Belgique . Que du 75% pour ne pas casser les goûts. Tout est ici artisanal et les ateliers le prouvent, toujours équipés du matériel de l’époque du papa…pelles en cuivres, l’incontournable Berkel, même le fourneau affiche son âge ! Preuve que l’on n’a pas toujours besoin d’ordinateur pour faire de belles choses !  La Duchesse d’Angoulême est aussi,  parmi la cinquantaine de créations, une spécialité maison; des petits tubes de nougatine enroulés et fourrés de praliné, tout comme les Marguerites d’Angoulême faisant référence évidemment à Marguerite de Valois !  

Rose prépare le praliné pour remplir les duchesses (photo DHV)
Les marguerites de plusieurs parfums (Photo DHV)

Un vinaigre de chef ! 

Françoise et Philippe ont su créer un vinaigre d’exception (Photo DHV)

En remontant un peu nous voilà à Rouillac. Derrière une façade juste visible et une enseigne discrète: l’Atelier de conserverie et vinaigrerie de Françoise Fleuriet. Charentais d’adoption depuis plus de 35 ans, Françoise et Philippe se sont installés à Rouillac  suite à un coup de coeur pour une maison à vendre, certes un peu délabrée mais typiquement charentaise en pierre calcaire blanche de la région. Passionnée de cuisine et de jardin potager, cette lilloise décide de transformer sa passion en activité professionnelle . Tout en restaurant leur maison devenue aujourd’hui superbe, ils se lancent dans la fabrication de vinaigre de Pineau des Charentes .

Le Pineau devient vinaigre au bout de quelques mois dans ces anciens tonneaux de cognac (Photo DHV)

Dans leur cave,  les anciens fûts de chêne de Cognac  affinent un vinaigre blanc et rosé , unique aux saveurs parfumées que beaucoup de chefs apprécient en cuisine. Jean Sulpice, Gérald Passédat, la Maison Trois Gros …des parfums viennent s’ajouter comme les figues sèches, l’ail des ours, les fleurs de sureau … une variété qui offre de nouvelles possibilités de saveurs dans l’assiette.

Vinaigre et condiment aigre-doux (Photo DHV)

Françoise se sert aussi des légumes et des fruits de son jardin pour faire du Ketchup mijoté aux petits oignons et une sauce Barbecue…que du bon et l’accueil chaleureux nous a même incité à rester pour le café accompagné des mini-madeleines maison faites par Philippe ! 

Françoise mijote aussi des confits d’oignons (photo DHV)

Petit passage à la cave de la famille Roussille à Linars qui tient les rennes de son domaine depuis 6 générations. Cognac, et Pineau des Charentes à déguster …avec modération cependant ! 

Des bouteilles de Pineau en l’honneur de la BD ! (Photo DHV)

Le diner sera à Jarnac, pays de François Mitterand, au  Verre y Table chez Jean Charles et Agathe Boisumault . Certes on y boit de très bons crus sélectionnés par Madame mais l’assiette est elle aussi très agréable à déguster. Une jolie cuisine classique légèrement revisitée, de très bons produits locaux, du pain maison, et la mise en avant du terroir charentais.

La salle du restaurant est joliment reposante (Photo DHV)
Le pressé de foie mi-cuit, pineau des Charentes, crumble gourmand aux fruits secs, miel, mirabelles (Photo DHV)
Le maigre de nos côtes rôti, petits pois, coques, citron confit, émulsion de marinière au yuzu, tuile à l’encre de seiche
(Photo DHV)

Les desserts sont incroyablement copieux mais la jeune serveuse charmante et très souriante nous avoue que la clientèle adore …et particulièrement la tarte au citron qui est à la carte depuis l’ouverture du restaurant…il y a 10 ans ! 

La fameuse tarte au citron revisitée (Photo DHV)

 Après un tel diner nous rejoignons Saint-Même-les-Carrières d’où viennent la plupart des pierres blanches qui ont servis à la construction des châteaux et demeures des Charentes. Aujourd’hui fermées elle ont  été aménagée en aire de repos où l’on s’apprête à passer une magnifique nuit sous un ciel étoilé. 

Un très joli site pour une douce nuit ! (Photo DHV)
L’ancienne carrière de pierres calcaire est restée intacte (Photo DHV)

Infos: Charentes Tourisme www.charentestourisme.com

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