Vendredi – Le jour hésite à se coucher et la nuit à tomber lorsque nous arrivons au Futuroscope. Avec délicatesse, les étoiles envahissent le ciel. Faire-part céleste du thème de la journée qui nous attend le lendemain. « Le Trophée des futures étoiles de Joël Robuchon ». Devant l’Arena fun Xperiences, pose pour la postérité des chefs, élèves, organisateurs, héros de la première édition de l’un des événements qui va éclairer les 30 ans du Futuroscope, « Les futures étoiles de Joël Robuchon ».
Samedi – 9 heures et des poussières. Sur le Futuroscope le soleil brille intensément, les cascades chantent, les oiseaux volent d’arbre en arbre. Ambiance douce et sereine pour la première d’une manifestation qui ambitionne de s’installer dans l’avenir « Le Trophée des futures étoiles de Joël Robuchon ». Rendez-vous à la Table d’Arthur. Des élèves aux tabliers immaculés s’entretiennent avec leur coach, écoutant les derniers conseils et propos rassurants. Des élèves avec le cœur le palpite. Le stress monte.
Côté étoilés, les chefs sont heureux de se retrouver. Tapes sur l’épaule, embrassades. 10 pour un jury prestigieux. Des étoilés, des MOF d’ici & d’ailleurs. Le Président du Trophée, l’enfant du pays, les accueille chez lui! Il y a Gilles Goujon, Président du jury, arrivé in extremis mais à l’heure, toujours débordant d’humour et de joyeuse humeur. Philippe Gobet venu de Lausanne, Dominique Bouchet qui a atterri la veille de Shanghai. Christophe Cussac promène son tablier immaculé et son sourire. Michel Trama brille par ses deux étoiles et ses remarques pointues qui remuent et agitent les pensées sous les toques! Eric Bouchenoire, Richard Toix venu en voisin. Benjamin Le Gal, Nestlé Professional France. Noël Gutrin, oeil coquin et moustache au garde-à-vous,chef du Parc du Futuroscope. Nicolas Bre, responsable qualité. Guillaume Gomez est … excusé, retenu à l’Élysée.
Le public enthousiaste de parents, professeurs et formateurs décidés à mener leurs poulains sur les premières marches du podium s’agglutine entre box et jardins. Il est presque 10 heures. Les équipes Bac pro des 8 lycées. Kyoto (Poitiers), Saint-Joseph-l’Amandier (Saint-Yrieix-sur-Charente), Les Grippaux (Parthenay), Jean-Monnet (Limoges), Biarritz Atlantique (Biarritz), Périgord-Campus-Dordogne (Boulazac), Gascogne (Talence) et Parc de la Francophonie (La Rochelle) se mettent en place dans leur box. 8 équipes de 3 élèves de terminal pro, leur professeur de cuisine et le coach de leur choix (Chef, Meilleur Ouvrier de France, étoilé local) qui vont réaliser 2 plats à partir de produits régionaux sélectionnés par Joël Robuchon. Un ballet incessant s’installe. Toques et tabliers tournent et virevoltent. Au même moment les élèves de seconde bac pro préparent le déjeuner cocktail qui sera servi aux invités.
10 heures sonnent à la grande horloge du temps. Joël Robuchon déclare ouverte la compétition. Toutes les dix minutes, un lycée se lance dans la course aux premières marches du podium.
Deux épreuves à maîtriser et à gagner, le plat de viande, le thème imposé est la selle d’agneau accompagnée de trois garnitures au choix parmi celles-ci : échalions du Haut-Poitou, asperges des sables des Landes, aillet, pomme de terre de l’île de Ré, tomate de Marmande, sarriette, févettes, haricot mais du Béarn, piment doux du Pays Basque.
Deuxième épreuve, le dessert, dressé à l’assiette, il intégrera un ingrédient de la Nouvelle-Aquitaine au choix des candidats (fraise du Périgord, Angélique de Niort, Safran du Loudunais, piment d’Espelette, chocolat…).
Et au milieu de cette agitation fébrile, un chef, le plus étoilé des étoilés, poitevin, gamin du coin, venu présider ce concours gastronomique, JOEL ROBUCHON CHEF PLANETAIRE, INTER- PLANETAIRE.
Chef de cœur et chef de chœur de femmes et hommes de cuisine, Joël Robuchon connaît bien le Futuroscope. C’est la troisième fois qu’il accompagne le Parc pour célébrer un anniversaire. Il était là il y a 10 ans pour les 20 ans avec une joyeuse bande de 20 chefs de la région qui avaient avec humour et talent réalisé des recettes à la manière de Joël Robuchon. Il y a 5 ans Joël Robuchon a relevé le défi de réaliser la plus grande purée au monde, une tonne et quelques dizaines de kilos de pomme de terre pour inscrire le record au Guiness.
Sur ses terres, Joël Robuchon est heureux entouré de ses amis d’ici, le directeur du Futuroscope, l’ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, le chefs Michel Trama ou Richard Toix venus en voisins, Gilles Goujon, Dominique Bouchet venus d’ailleurs.
Joël Robuchon est ému, très ému. Il est né pas très loin d’ici, dans une ancienne cordonnerie minuscule, si petite qu’il a fait ses premières nuits dans une corbeille. Très vite le « gamin » de Poitiers a développé une ambition et une volonté hors du commun, « être le premier ». il a su joué des obstacles et des épreuves, abandonner son rêve d’être archi. Il est devenu apprenti au Relais de Poitiers. Une bonne étoile s’installe au dessus de sa tête. Il croise des grands chefs, des compagnons. Auprès de ces hommes de bonne volonté il apprend le souci du travail très très très bien fait. Commence une longue route d’honneurs et de récompenses.
1974 : devient chef au Concorde La Fayette – 1976 : sacré meilleur ouvrier de France – 1978 : prend la direction du restaurant de l’hôtel Nikko – 1981 : ouvre le Jamin, son premier restaurant qui en trois ans va rafler trois étoiles ! – 1990 : sacré « Cuisinier du siècle » par le Gault&Millau – 1994 : ouvre le « Joël-Robuchon », le meilleur restaurant du monde pour le Herald Tribune – 1996 : prend sa retraite et fait de la télévision – 2003 : premier Atelier à Tokyo…
Depuis, les étoiles brillent. 31 étoiles dont cinq fois trois étoiles. Les ouvertures se succèdent dans le monde. Les Ateliers ouvrent et vont ouvrir à une cadence infernale. Joël l’enchanteur avance sans regretter le passé, avec ce souci chevillé à l’âme et au cœur de transmettre, former, soutenir. En 2019, Joël Robuchon prévoit l’ouverture à Montmorillon (Vienne), dans le site à l’abandon de la Maison-Dieu, un ancien monastère-hôpital du XIe siècle, d’un Institut international Joël Robuchon, une école de cuisine haut de gamme, associée à la prestigieuse Ecole hôtelière de Lausanne, en Suisse. « Un projet qui me tient très à coeur », dit-il. Douceur et émotion enveloppent désormais le chef et cela lui va fort bien.
Un rêve passe !
Le show continue. Les élèves s’activent dans leur box, drivés par des coachs attentifs, sachant manier en même temps la rigueur et l’encouragement. 8 boxes où ça chauffe, ça touille, ça découpe.
Le temps est compté. Ils sont tous dans les temps pour présenter tour à tour leurs réalisations. La seule équipe de filles – lycée Jean Monnet, Limoges – est furieusement soutenue par le public. Les chefs goûtent, commentent, notent, échangent leurs impressions, photographient, re-goûtent, sans laisser rien voir de leur jugement.
12 heures. Cocktail. 14heures 30 reprise de la compétition, deuxième épreuve, le dessert. Fraise, chocolat, noix, angélique sautent dans les blenders, sur les planches et dans les assiettes.
16 heures 30. On pose tout. On respire, on souffle, on pleure! C’est fini pour les élèves, c’est l’heure des délibérations pour le jury. Longues minutes d’attente dans l’impatience et l’angoisse. Tabliers et toques sont tordus, écrasés entre les mains qui ont tant façonné depuis le matin. 1
17 heures. Quelques discours. Le Président de Région, Alain Rousset, est très heureux de cette manifestation. Tout comme Dominique Hummel, Président du Directoire du Futuroscope « le parc d’attraction où on mange le mieux » et Michel Bernardaud, partenaire, Président du Directoire de la célébrissime maison de porcelaine de Limoges. et ... Joël Robuchon qui se souvient avoir vu nâitre, éclore, le Futuroscope à quelques maîtres de son établissement… eu aujourd’hui est dans le futur avec son projet d’Institut international , à quelques kilomètres à vol d’oiseau du Futuroscope. Il connait l’importance et l’urgence de la transmission, du partage et regrette « les chefs disparus avec un savoir dont personne n’a pu profiter. »
Enfin les prix! Sur la troisième marche, Le Lycée Kyoto de Poitiers. 2 ème, Lycée de Gascogne et le premier l’École Hôtelière du Périgord!
La tension est tombée, larmes et sourires . ils repartent tous les bras chargés de cadeaux . Les gagnants ont la surprise de remporter une semaine de stage dans les cuisines… de l’Elysée, aux côté de Guillaume Gomez..
L’autre GG, Gilles Goujon offre un diner dans son établissement « L’Auberge du Vieux Puits » à Fontjoncousse, aux éléves et à leurs professeurs.
Un somptueux gâteau est avancé. Il brille de mille feux follets, il affiche des montages de chocolat pour célébrer les 30 ans du Futuroscope.
À l’année prochaine, même lieu, même heure?
LE FINAL EN IMAGES