Nouvelle année, nouveaux livres que « La poule sur un mur » s’impatiente de plumer et feuilleter.
2016, Béatrice de Vigier a visité des poulaillers de grands chefs, de talents reconnus et en devenir, de maitres de plume et de poêle. Avec curiosité et appétit, avec la furieuse envie de partager avec vous coups de cœur, livres lus page après page, recettes testées et approuvées. Oui c’est vrai elle n’a pas eu le temps de lire tout ce qu’elle voulait, une jolie pile de livres à dévorer l’attend.
2017, ils seront lus et chroniqués tout comme les feuilles de gourmandise, de confidences , de recettes, à venir et à paraitre.
Belle année nouvelle, riche de plumes et de feuilles, à vous tous, passionnés lecteurs de livres de cuisine, curieux de food, gourmands et gourmets.
Début d’année follement théâtrale. Béatrice de Vigier a succombé au maitre du surréalisme et du scandale, au plus gourmand et au plus fou des marquis, DALI, avec le somptueux livre réédité « LES DÎNERS DE GALA ». Livre fou qui unit l’art et la cuisine, qui confirme que la cuisine la grande est de l’art.
L AUTEUR
Salvador Dalí, nom de baptême, Salvador Galo Anselmo, nom complet Salvador Domingo Felipe Jacinto Dalí i Domènech, marquis de Dalí de Pubol, né à Figueras en 1904. Comme Vincent van Gogh, il nait après la mort d’un jeune frère ainé et hérite du même prénom…
A 6 ans il voulait être cuisinière… à 7 Napoléon ! Très tôt, il s’intéresse à la peinture, aux peintres et tout naturellement peint quelques toiles et écrit dans quelques revues d’art. 1921, il est accepté à l école des Beaux-Arts de Madrid mais en seulement un an ses excentricités et son indiscipline lui ouvrent la porte de sortie de l’école. De conseils de discipline en jours de prison, de rencontres avec Miro et Picasso, Salvador Dalí s’occupe en créant des décors et costumes pour… Garcia Lorca.
1929, il rencontre les surréalistes à Paris. Il est reçu dans les soirées parisiennes de Bunuel Magritte, Cocteau…, il les invite à Cadaquès, rencontre Paul Eluard et tombe follement amoureux de la femme du poète, Gala. Ensemble ils vont vivre scandales et gloires du maitre, triomphes et déclarations époustouflantes comme « la seule différence entre un moi et un fou, c’est que je ne suis pas fou ». Ils vont, inséparables et éperdus d’amour, de bals en soirées, de fêtes en consécrations, d’expositions en extravagances. Entourés d’une cour d’artistes et écrivains, tous là au service de Dali, le grand. Le maitre peint des décors de théâtre, crée des costumes, marche avec allure et élégance sur le chemin de sa fabuleuse réussite.
Dali entre au musée Grévin, est reçu à l’Institut de France, fait par le roi d’Espagne marquis de Dali et de Pubol peu après la mort de Gala en 1982. Le marquis Dali se retire à Figueras pour y mourir. En 1989.
Dali est mort mais laisse derrière lui une œuvre fascinante considérable. Sa vie fut un tourbillon de créations, honneurs et scandales, entre tradition classique et innovation vertigineuse. Célébrés, fêtés lors de diners époustouflants mettant en scène l’appétit orgiastique du maitre et la création gastronomique.
On connaissait le peintre, le sculpteur, le costumier, le graveur, le cinéaste. Dali se révèle un onirique auteur gastronomique gastronome.
LE SUJET – DALI, GALA ET LA NOURRITURE –
Plaisirs & gout. De diners mondains, de banquets fastueux aphrodisiaques. Vérités et vanités de grands diners où sexe et nourriture, extravagance et scandale, génie et décadence se côtoient.
Le livre DINERS DE GALA confie les folles élucubrations gourmandes surréalistes d’un génie follement gourmand, les diners d’un grand d’Espagne qui recevait le monde de l’art et de la culture à sa table pour déguster les plats les plus fous aux noms les plus fous . Des diners qui obeissaient à des codes bien précis dictés par le maitre, DALI, des diners déclarations d’amour à sa muse, sa femme, son amour, sa passion, sa reine Gala, qu’il avait « enlevée » à un autre maitre.
Tout le monde connaît son nom, Dali, et au moins une de ses œuvres, personne n’ignore les montres molles coulantes comme des camemberts.
Dali. Personnage turbulent et fantastique, totalement extravagant, brillant, talentueux, bonimenteur, érudit, curieux, exhibitionniste. Artiste provocateur de génie, à son arrivée à New York en 1934 il n’hésita pas à s’exposer avec un portrait de Gala entre deux côtelettes d’agneau, négligemment posé sur son épaule.
Véritable clown de scène et de vie. Porteur de bonnes manières qu’il bousculait à l’extrême, imbu de son génie, paranoïaque, délirant, provocateur, jouant d’ humour,« était impressionnant par son regard et son port de tête. Il était altier mais amusant, ne se prenait pas au sérieux ». Dali porte effontement une moustackhe en croc, piqué à son maitre Velasquez. Vivait dans le luxe et la luxure, adorant les jolies femmes, consommant des jeunes éphèbes, jouisseur mystique… Mais se cache derrière cette folie un grand travailleur acharné, maitre de la technique, grand connaisseur des maitres du passé qui l’ont fortement inspiré, un véritable artiste, peintre, sculpteur, écrivain, poète, un amoureux éternel, célébrant la vie et l’amour avec une manière unique, Inimitable.
Un génie qui adorait la nourriture, la célébrait de façon loufoque avec des œuvres choquantes comme celle mettant en scène une Citroën suspendue au plafond avec une saucisse catalane…
Dali dévorait les ousins par douzaines, vénérait le pain qu’il a mis au centre d’une de ses œuvres célèbres « La corbeille de pain » en 1945. Il joua l’audace et l’exagération en arrivant à une conférence précédé d’une baguette de 12 mètres. Autre permanent de ses œuvres, l’œuf au plat, mais sans le plat ! les homards, écrevisses qui habitent les toiles mais jouent aussi les cache-sexes, chapeaux extravagants. Entre rêve et désir!
LE LIVRE paru en 1973, réédité en 2016
320 pages & quelques 2000 grammes luxueux.
Couverture dorée pour un livre dont l’auteur, fou du chocolat Landin, en tournicotant ses moustaches disait qu’ il « doit transformer l’art de manger en extase horlographique »
Un livre avec des recettes oui, des illustrations oui, des photos oui de ses œuvres et de sa vie, livre d’art assurément. Livre de cuisine oui, il fourmille de recettes de celui qui clamait « la beauté sera comestible ou pas ».
12 chapitres fous d’élucubrations, de délires, de couleurs et d’authentiques recettes gastronomiques illustrées, présentées sur un ton superbement surréaliste, aux noms fous follement « daliesques ». Les têtes de ces chapitres sont illustrées par des détails du Jardin des Délices, de Jérôme Bosch.
1 les caprices pincés princiers ou les plats exotiques les d’un homard chéri dont gala adorait s’afflubler en bijou ou ornement de tenue fors de diners de gala
2 les cannibalismes de l’automne ou plus simplement œufs et produits de la mer
3 les suprêmes de malaises lilliputiens ou entrées
4 les entre-plats sodomisés ou les viandes
5 les spoutniks astiqués d’asticots statistiques ou l’admiration de Dali pour les escargots et les grenouilles
6 les panaches panachés ou les poissons et crustacés traités avec panache
7 les chairs monarchiques, gibiers et volailles
8 les montres molles demi-sommeil ou souvenirs de camembert délicieusement coulant, recettes à base de porc
9 l’atavisme désoxyribonucléique ou les légumes
10 les « je mange Gala » les recettes aphrodisiaques, une vibrante declaration d’amour et de desir
11 les pios monoches ou entremets et desserts
12 les délices petites martyrs ou le bal des hors d’oeuvres.
LES RECETTES
136 recettes « vouées aux plaisirs du goût », réalisées par des chefs des années Dali , recettes surréalistes par des chefs étoilés de grandes tables que fréquentaient Dali et Gala, La Tour d’argent, Maxim’s, Lasserre, Le Train Bleu.
Des recettes simples, des plus complexes mais toutes réalisables. Oui, tout simplement! avec des produits accessibles ou de luxe. Et un placard solidement fourni.
A table! Pourquoi ne pas oser un plat extrait du menu servi en 1971 à Persépolis au shah d’Iran et à ses invités, comme « Le paon à l’impériale » ou « Les oeufs de cailles aux perles de Bandar Pahlavi« , recette dans laquelle les grains de caviar, 30 grammes par personne, roulent sans compter sur une tartelette. Ou les plus discrètes « Écrevisses péruviennes« et le simplisme « Gratin de céleris ». A suivre, « Timbale de mouton aux poireaux » ou « Buisson d’écrevisses aux herbes des Vikings« . « Purée d’Aphrodite ». Au dessert » Les tétons de Vénus »
LE PHOTOGRAPHE – ILLUSTRATEUR – PEINTRE – DALI
Des toiles, des dessins, des photos, des tabeaux, des illustrations par le maitre lui-même
Qui mieux que Dali pouvait representer ses rêves et délires?
LES +
Un chef d’œuvre de plus pour le maitre et pour Taschen
Un livre pour tous les jouisseurs de la vie. A éviter pour les « disciples de ces peseurs de calories qui transforment les joies d’un repas en punition car ce livre est trop vivant, trop agressif et bien trop impertinent » pour eux,
Ce livre a remporté le grand prix Figaro du livre gourmand 2016.
Un livre de cuisine, d’art et d histoire car il nous plonge dans une cuisine d’une magnificence royale, d’un autre temps où les chefs ne passaient pas à la télé, restaient dans leurs cuisines au service de la grande cuisine, dressaient des assiettes avec des mises en scène raffinées, opulentes comme des natures mortes.
LES DÎNERS DE GALA – DALI
EDITIONS TASCHEN – 49,90 €