Jeudi , nous étions conviés au vernissage de l’exposition « Portraits » par Stéphane de Bourgies au Domaine de l’Hospitalet qui s’alanguit entre Narbonne et Gruissan, au coeur du massif de La Clape, entre vignes, chênes et pins d’Alep qui poussent vaillamment au bord de rochers de calcaire. Gérard Bertrand, le géant de la viticulture accueille du haut de ses deux mètres, à quelques centimètres près, avec bienveillance, chefs, amateurs d’art, photographes et amis. Tous savourent ce moment qui consacre l’histoire d’une rencontre, d’une découverte.
Gérard Bertrand est non seulement vigneron de haut vol, mais aussi un amateur d’art éclairé, il reçoit souvent en ses murs des expositions montées sur des coups de coeur et d’amitié, des rencontres et cette farouche volonté de partager son art de vivre.
Gérard Bertrand partage son goût pour les arts, concerts de Jazz et de variétés, performances d’artistes, l’art a toujours eu une place de choix au Château l’Hospitalet. Il est un beau chevalier de l’art de vivre, le seigneur du château de l’Hospitalet vit à deux cent à l’heure sa vie de vigneron et de chef d’entreprise, d’amateur d’art. Entre deux voyages, deux récoltes et deux dégustations, il partage sa passion pour la musique, la photo. Il organise chaque été un Festival de jazz dont la programmation de haut niveau attire amateurs éclairés et passionnés pour des soirées mémorables associant vin gastronomie/jazz en son domaine viticole. Revenons au vernissage de l’exposition « Portraits » de l’artiste Stéphane de Bourgies.
Au cours de la soirée, nous croiserons parmi les invités des chefs de la région comme Gilles Goujon, Franck Putelat, Pierre Augé, Jacques Pourcel, et bien sur le chef Laurent Chabert ( chef du Château de L’Hospitalet )…
L’artiste et le vigneron accueillent tout le monde avec élégance et sourire, une jolie ambiance règne, tout le monde est heureux de se voir et revoir et d’être là pour l’exposition « Portraits » de Stéphane de Bourgies. Le photographe est là, tout de noir vêtu, presque aussi grand que le maitre des lieux, aussi souriant, aussi abordable, avec le même regard malicieux qui voit tout et capte en quelques dixièmes de seconde le « portrait » de acteurs des conversations.
Stéphane de Bourgies ou l’Art du Portrait –
Portrait et interview – 21 portraits dont 5 de chefs sont exposés, des portraits qui rapprochent incontestablement des ces artistes de ces stars de ces chefs qui posent là, nous regardent et nous parlent avec ces regards. Nous pouvons plonger notre regard dans le leur, une proximité s’installe en ces face-à-face émouvants. Il y a des « gueules », des icônes, des vedettes, des idoles, des mannequins, de chefs d’entreprise, des femmes et des hommes souvent en mouvement qui se sont laissés approcher, capter, captiver par son style si personnel. Tout passe par des manières de jouer avec ses poings, de se tenir et par le regard révélateur des émotions, les expressions d’un moment éphémère saisi magiquement, artistiquement. Stéphane de bougies nous entraine dans un voyage intime dans le savoir-être de ceux dont il a tiré le portrait.
C’est uniquement pour Paul Bocuse qu’il se déplaça !
40 ans que l’artiste shoote, il a monté son studio en 1983 mais a commencé à 16 ans… Des années de portraits, des milliers de photos pour un homme qui dit « avec ses photos distribuer du bonheur », comme les artistes et les chefs et savoure sa chance d’avoir transformer sa passion en travail qui lui permet de faire des rencontres, de raconter des histoires touchantes. Un homme élégant qui dresse les portraits avec son regard particulier, singulier, bienveillant, voire affectueux, il dévoile l’intimité des modèles sans les « violer », car il sait gagner leur confiance en les recevant dans son studio (seul Paul Bocuse a eu le privilège de voir venir le photographe chez lui et installer un studio à L’Auberge de Collonges), leur offre un verre ou un café, patte gentiment, les installe si douillettement que les résistances tombent, que d’autres facettes de la personnalité se révèlent, tout simplement. Stéphane de Bourgies met en mémoire des visages et des corps, saisit rires et regards, n’afface pas les marques du temps , il éclaire ces marques-témoins d’une vie, d’une histoire, de parcours plus de vie cabossé plus ou moins, de gens qui ont dépassé les épreuves et connaissent aujourd’hui la réussite et la renommée.
Food&Sens – est allé à sa rencontre :
Food&Sens – C’est la première fois que vous vous posez entre Corbières, La Clape et le Littoral Catalan ? Quelle impression avez-vous ressenti en découvrant ce terroir ?
Stéphane de Bourgies – Étonné, impressionné par le massif, par le Domaine et par l’accueil de Gérard Bertrand et des équipes du Domaine de l’Hospitalet. Le « tapis rouge » a été déroulé, j’ai été accueilli merveilleusement bien, tout le monde me chouchoute, est aux petits soins pour moi. J’ai découvert un lieu et un homme, je connais mieux désormais Gérard Bertrand, l’élégant Gérard Bertrand. J’ai un plaisir infini à être là.
F&S – Vous avez photographié une multitude de stars et d’artistes français et internationaux, quel est le premier chef qui est passé derrière votre objectif ?
SdB – Jean-François Piège, il y a 11 ans. je ne fréquentais ni les palaces ni les étoilés. Un jour, Le Crillon m’appelle pour faire les portraits des différents acteurs de l’hôtel, de tous les métier, de la femme de chambre du troisième sous-sol, du directeur, de la directrice de com en passant par le concierge et le voiturier, le chef-cuisinier et le chef-pâtissier. Une galerie de portraits. J’ai monté un studio dans une des suites du grand hôtel, je réalisais 10 portraits par jour dont celui de Jean-François Piège – alors chef du restaurant « Les Ambassadeurs » – qui m’invite à déjeuner. Quelques jours après, un mercredi, il m’appelle, nous nous retrouvons au George V. Il me montre sur son téléphone, un portrait de lui et me dit « Qu’en penses-tu ? Tu peux faire mieux ? ». Il me donne rendez-vous pour faire la couverture de son livre qui partait le lendemain à l’imprimerie. En présence du directeur artistique de Flammarion, la photo est prise – le menton appuyé sur les poings – et c’est le début de ma longue aventure, ma belle histoire avec les chefs. Paul Bocuse m’appelle et je suis demandé pour faire des portraits de grands chefs pour un sujet sur le champagne… Je suis tombé dans le monde des grands chefs par hasard… C’est l’histoire d’une rencontre.
J&S – Aujourd’hui les chefs sont incontournables de l’univers médiatique, ils sont les nouveaux héros contemporains… pensez-vous que ce soit enfin la reconnaissance d’un univers trop longtemps considéré comme lié à l’artisanat et non à l’artistique ?
SdB – Les chefs sont aujourd’hui des stars, des artistes au même titre que l’étaient les rock-stars et les mannequins des années 80. C’est très bien. Ils sont des artistes-artisans. Ils travaillent comme des artisans et sont des artistes comme les autres. Tout cela a pu se mettre en place avec l’arrivée des réseaux sociaux qui permettent à un chef, à un patissier de se faire connaitre vite et partout. Une condition , la personnalité…du chef est importante pour percer.Les chefs n’ont pas volé ce cette reconnaissance, ce qualificatif d’artistes, ils travaillent tous depuis l’âge de 1′ ans, ils ont commencé par éplucher des tonnes de pommes de terre, et par leur travail et leur talent ont atteint les sommets. Ils ne doivent leur rang de star qu’à eux-mêmes. Et comme les artistes ils distribuent du bonheur ! Chapeau à ces femmes et à ces hommes artisans du bonheur, artistes aussi.
J&S – Vous avez eu derrière votre objectif des chefs pâtissiers comme Pierre Hermé, Christophe Michalak, Cédric Grolet pour les plus connus. Vous personnellement êtes-vous plus sucré ou plus salé ?
SdB – Les deux, je suis incapable de choisir, je ne peux résister à l’appel d’un dessert.
F&S -La pâtisserie sort de l’ombre grâce à ces jeunes chefs, issus d’une génération décomplexée et qui font tomber les codes… pensez-vous qu’il s’agit d’une mode ou que le phénomène s’installe pour longtemps ?
SdB – Mode, non une reconnaissance. Enfin est venu le temps de mettre en lumière les oubliés des cuisines, les pâtissiers de l’ombre dont on ne connaissait ni le nom ni le visage. aujourd’hui cette jeune génération décomplexée s’expose et s’affiche, utilise les réseaux sociaux qu’elle sait manier naturellement. En quelques secondes ils communique sur Instagram, partage des instants de vie, des moments de création, affichent leur création et leurs humeurs, sans complexe. instagram est un outil de com incontournable. Les réseaux sociaux d’aujourd’hui existeront-ils dans 20 ans, je ne sais. Peut-être un nouveau moyen de communication, un nouveau média aura vu le jour et balayé ceux que nous utilisons aujourd’hui.
J&S – Ces métiers de pâtissiers et de chefs de cuisine, laissent peu de place aux femmes – malheureusement encore, même si les choses évoluent – finalement vous avez photographié peu de femmes chefs, c’est un hasard, ou simplement parce que force est de constater que pour l’instant pas assez de talents émergent de ce secteur ?
SdB – Peu de portraits de femmes chefs, mais il y a peu de femmes chefs ! J’ai photographié Anne-Sophie Pic, Hélène Darroze, Adeline Grattard, Stéphanie Le Quellec et bien d’autres. Il en faudrait plus c’est évident. Mais depuis toujours dans les familles ce sont les femmes qui cuisinent, en mères nourricières, et dans les cuisines de restaurant ce sont les hommes… C’est un problème sociétal qui n’est pas prêt d’être réglé.
J&S – Vous avez réalisez une exposition de portraits de chefs pour le guide Michelin. Comment avez-vous sélectionné les chefs dont vous avez fait le portrait ?
SdB – Ce n’est pas moi qui est choisi mais le Michelin qui m’a commandé une série de portraits de chefs triplement étoilés, en noir et blanc avec le guide en… rouge. Tous les chefs qui ont posé ont toujours cette photo dans leurs établissement, en salle ou en cuisine.
F&S – Vous êtes très actif sur les réseaux sociaux, vous y faites partager votre quotidien professionnel, mais aussi vos loisirs, vos voyages, vos rencontres, vos amis… finalement c’est comme les portraits que vous faites, c’est du partage… finalement c’est l’envie d’aller vers l’autre qui vous anime encore aujourd’hui ?
SdB – j’adore Instagram, je partage sur instagram ma vie privée, ce que je choisi de montrer – et ma vie pro. C’est fou le nombre d’appels et de demandes que provoquent les photos postées sur les réseaux. Je partage comme dans la vie, instagram est un grand livre ouvert sur la vie, sur la vie de celui qui poste ce qu’il est. Je garde profondément ancré en moi ce besoin d’aller vers l’autre, de faire des rencontres, de partager, découvrir.
F&S – La question piège pour finir … quelle est votre table préférée à Paris ?… Et enfonçons le clou, quelle est votre pâtissier préféré, là aussi à Paris ?
SdB – J’adore deux chefs, Yves Camdeborde et Pierre-Sang Boyer. Mon pâtissier préféré… le grand enfant talentueux et gourmand de la vie et du bonheur qu’est Christophe Michalak. Des chefs avec personnalité.
Route de Narbonne Plage – 11000 Narbonne
Stéphane de Bourgies : « PORTRAITS » – Entrée libre 7j/7 de 9h à 19h – Du 18 septembre jusqu’au 5 février – exposition photos de Stéphane de Bourgies. Plongez dans son univers envoûtant au travers d’une série photos au format XXL de portraits d’artistes.
Stéphane de Bourgies : « PORTRAITS » – Entrée libre 7j/7 de 9h à 19h – Du 18 septembre jusqu’au 5 février – exposition photos de Stéphane de Bourgies. Plongez dans son univers envoûtant au travers d’une série photos au format XXL de portraits d’artistes.