Le monde des paysans, de l’agriculture intéresse de plus en plus. Après avoir été longtemps dédaignés, oubliés, les paysans artisans de la terre reviennent furieusement dans l’actualité. Enfin. C’est un homme d’affaires qui donne un coup de pouce à cette indispensable ressource de la vie économique et sociétale française.
Xavier Niel, qui a été critiqué pour des initiatives précèdentes, finance l’ouverture d’une école gratuite destinée à former les futurs chefs d’entreprises agricoles. L’essentiel n’est-il pas d’avoir des idées, de se bouger et de faire bouger de donner à ceux qui choisissent les métiers de la terre, une formation en accord avec le monde d’aujourd’hui ? Nos paysans doivent être connectés comme tout le monde, maitriser le digital et les réseaux, gérer, choisir de produire, d’installer une agriculture responsable en réponse aux demandes du monde d’aujourd’hui, des consommateurs d’aujourd’hui qui souhaitent une traçabilité totale. Xavier Niel a l’ambition d’installer entre labourages et pâturages, le plus grand campus agricole au monde pour former en vallée de Chevreuse, au coeur du Parc naturel, exactement à Lévis-Saint-Nom (Yvelines), les jeunes qui ont choisi de faire ce qui va être le métier de demain, celui d’agriculteur.
Xavier Niel, renifleur d’idées et initiateurs de projets, autodidacte, une formidable succès story, fondateur de Free, considéré en 2014 par Capital, comme le »deuxième entrepreneur incarnant le mieux l’innovation » derrière Bill Gates et en 2017 désigné par Vanity Fair comme « le Français le plus influent du monde à l’étranger », s’implique de plus en plus dans le monde agricole.
Imaginez un joli petit village idéal où il fait bon vivre entre terre et ciel, avec en ligne d’horizon d’immenses chasses, un château du XVIII ème et un vaste domaine, Le Domaine de la Boissière qui s’étend sur 600 ha, de terres cultivées en céréales, de bois et de forêt, racheté en 2019 par un couple de Parisiens non pour y mener la vie de château transformé en place discret et feutré mais pour y installer un projet agricole. Audrey et Xavier Alberti sont les nouveaux propriétaires du domaine. Ils comptent mener ici « une vie paisible ». Elle est l’ex-conseillère agriculture d’Emmanuel Macron à l’Élysée après avoir été la déléguée générale de Vin & Société, et aujourd’hui… elle veut devenir agricultrice. Lui est PDG des Collectionneurs (anciennement Châteaux & Hôtels collection). Le devenir du domaine et son activité nouvelle viennent d’être révélés après un an de silence. Le domaine sera le cadre d’une école unique au monde, une école d’agriculture gratuite, joliment baptisée Hectar. Dès septembre prochain, l’école sera en mesure d’accueillir 2000 étudiants. A la tête de ce projet, une responsable, Audrey Bourolleau-Alberti, ex-conseillère agriculture d’Emmanuel Macron, et un financier Xavier Niel, le milliardaire trublion patron de Free, qui élèvent dans ses écoles 42 des milliers de spécialistes du digital, du web, qui est de plus en plus impliqué dans le monde rural, dans le secteur de l’agriculture et de l’alimentation. il est présent pour financer les recherches sur la viande cellulaire car il est grand défenseur de la cause animale et a pour ambition de faire décroître la consommation de viande. Nous avons lu dans Capital que » Lors d’une rencontre avec l’Association des journalistes économiques et financiers, en janvier dernier, le fondateur de Free donnait quelques explications sur son retour à la terre : « J’ai eu des grands-parents agriculteurs et éleveurs, mais ça ne se transmet pas dans l’ADN. J’ai aussi deux enfants de 18 et 20 ans, qui me montrent à quel point la société change : l’un deux a arrêté de manger de la viande à 16 ans, ça m’a interpellé ».
En attendant l’ouverture, les vieux bâtiments se refont une beauté et une identité, les salles de cours, ateliers et laiterie sont en travaux mais est déjà arrivé un troupeau de 27 vaches normandes qui attendent paisiblement la rentrée pour produire devant un public d’étudiants du lait et des fromages. Les terres elles vont se reconvertir en bio et seront les jardins d’étude des élèves, in situ. Ils n’auront qu’à faire quelques pas pour être au jardin, au potager, à l’étable…
Superbe projet, petite ombre au tableau, le programme de l’enseignement n’a pas été dévoilé et la crainte des agricultures et des éleveurs enfle. Ils redoutent que celui qui a initié avec le journaliste Hugo Clément le référendum pour les animaux, et est l’un des actionnaires de la première usine française de substituts végétaux de viande ne fasse passer l’intérêt financier avant l’intérêt humain. Le porte-parole de la Confédération paysanne parle lui de « foutage de gueule ». Mais ce que nous espérons, c’est que cette école fera que les agriculteurs qui définissent et dessinent l’agriculture de demain, grâce à la digitalisation seront moins isolés car la technologie est un allié sûr de l’agriculture et de ses acteurs.