Deux univers qui ont connu les affres des fermetures, confinements d’une crise sanitaire qui a tout boulversé sur son passage, a mis à l’arrêt fourneaux et caméras, chefs et acteurs. Beaucoup ont profité de cette retraite imposée car n’étant pas considérés comme essentiels, pour réfléchir sur leur métier, son avenir, et repense leur ART, ces deux arts , le 7ème et le 8ème qui sont à part entière indissociables de la culture, de la vie. Dans une salle de cinéma comme dans une salle de restaurant, on est spectateur d’une création qui se joue en quelques minutes mais qui a nécessité des heures et des mois, des années de réflexion, de recherches, d’essais pour aboutir à ces instants précieux d’émotion, de bonheur qui chahutent intensément, furieusement le quotidien.
Ci-dessous, le chef Thierry Marx et sa madeleine de Proust…
Brigitte Bardot sui se déchaine en dansant dans « Et Dieu créa la femme » de Roger Vadim, Al Pacino campant « Le Parrain » de Francis Ford Coppola, la merveilleuse Meryl Streep bouleversée d’amour et de passion dévoilant sans filtre des sentiments « Sur la route de Madison », Catherine Deneuve terriblement énigmatique et lumineuse « Belle de Jour », plats de Alain Passard, d’Eric Frechon ou de Yannick Alleno, sublimes trompe-l’oeil de Cédric Grolet ce sont des vues animées ou pas, colorées, qui se fixent dans notre mémoire, des images qui racontent l’histoire d’une idée, d’un projet, d’une réalisation, d’une mise en scène , d’une mise en assiette. Les mêmes sentiments nous agitent, les mêmes couleurs qui nous touchent et chamboulent nos sens.
Un grand chef et un metteur en scène sont portés par la même recherche du beau, les chefs savent qu’avant de déguster on regarde la mise en scène d’une assiette, comme on regarde les images qui se succèdent devant un écran de cinema. Les supports de projection sont différents, mais devant une assiette et un écran ce sont les mêmes interrogations, les mêmes joies, les mêmes doutes qui habitent tous ces passeurs d’émotion, de plaisir. Les liens entre les deux univers sont forts et Anne Martinetti a tourné dans les casseroles, convié des chefs à témoigner sur leur définition de l’image, le rôle d’ l’image dans leur profession, les souvenirs de salles de cinéma, leur rapport à l’émotion. Cette émotion qui guide tous les artistes, de la cuisine ou de la caméra, pour toujours repousser les limites de leur expression et partager avec des spectateurs-dégustateurs ces moment de grâce et de culture qui nourrissent notre sensibilité. Comment ne pas fondre devant « Le festin de Babette », « Ratatouille »…
En partant du constat que la cuisine et le cinéma ont beaucoup d’ingrédients en commun : la fabrication d’un produit élaboré, un travail d’équipe, une finalité de plaisir à offrir à autrui, et surtout, un chef, la réalisatrice Anne Martinetti a concocté un documentaire où de grands chefs étoilés interroge le cinéma, et les réalisateurs évoquent les films autour de la cuisine qui les ont marqués, » L’aile ou la cuisse », Le Grand Restaurant », » Au Petit Marguery »… Un dialogue riche et gourmand émaillé d’extraits de films dont certaines scènes cocasses ont fait le tour du monde… Dialogues gourmands et rencontres cinématographiques entre les chefs Christian Etchebest, Thierry Marx, Christophe Felder, Pierre Gagnaire, Hélène Darroze, Guy Savoy et des réalisateurs, Fred Cavayé, Daniel Cohen, des journalistes, Esérelle Payani, Ava Cahen…
La réalisatrice Anne Martinetti a confié à Télé 7 jours : « Les chefs sont la plupart du temps extrêmement cinéphiles, et ils ont un goût de l’image qui se concrétisent dans la création de leurs plats. Les cinéastes, qui ont tourné des films autour de la gastronomie, ont eux une appétence particulière pour ce sujet. Il y a en réalité beaucoup de points communs, comme la construction d’une histoire, qu’elle soit à table ou à l’écran« . Thierry Marx l’assure « Un plat n’est pas une succession d’ingrédients, ça ne marcherait pas. Il faut un storytelling, que je vous raconte que le bœuf que j’ai acheté vient d’un petit boucher, qui est lui-même allé le chercher chez un petit paysan. Il y a une dramaturgie du plat, il faut créer un univers. Le chef est un metteur en scène, afin que les ingrédients jouent un rôle et composent un plat qui donnera de la mémoire à l’éphémère« .
Pour les fondus du goût et du cinéma et les autres – rediffusion Jeudi 3 juin à 12h23, dimanche 13 juin, lundi 14 juin, vendredi 18 juin sur Ciné+ Emotion,