Escapade lumineuse à Marrakech – Kasbah, Place Jemaa el-Fna, souks, cafés des délices et des épices…

Trois jours dans la ville rouge, la ville qui embrasse le coeur. Trois jours dans la capitale au grand coeur, à la lumière crue et tendre, rouge et or.

Un avion, quelques heures de vol et nous sommes au Maroc, pays de sable, de terre et de couleurs, le bleu de la nuit, le vert des palmeraies, l’ocre de la terre qui fait des maisons de dentelles et de briques. Un pays à l’hospitalité légendaire. Un royaume où se parle couramment la langue de la nature, où on laisse la nature entrer dans la vie. Un royaume aux mille mystères, aux expériences hors du temps, où sont preservés le silence, le temps, l’ombre et la lumière.

Marie-Ange Chiari de F&S dans la Médina

Nous voilà à Marrakech exactement. Marrakech nous ouvre les bras, dans une symphonie d’odeurs et de couleurs. Epices, palmiers, souk des teinturiers, jardins embaumant la fleur d’oranger, patios odorants : tout est là pour affoler les sens. Après avoir passé les remparts solides de pisé d’argile et de chaux, nous entrons dans Marrakech, nous attrapons l’esprit de Marrakech avec respect et bonheur, nous nous laissons percuter par le force vive de la ville rouge ville impériale, ville des artistes et des artisans.

La Place Jemaa el-Fna

Des kilomètres entre les labyrinthes des souks animés, entre ombre et lumière, et kasbah trépidante, palais royaux et tombeaux Saadiens, Jardins de Majorelle, Koutoubia et Menara, mosquées et marchés, des dizaines de bonjour, des minutes passées à négocier pour le plaisir d’échanger.

Des traversées sous le soleil de la Place Jemaa el-Fna grouillante de charmeurs de serpents et les dresseurs de singes, de diseuses d’aventures toujours bonnes et belles. Surfer entre les porteurs d’eau, les écrivains publics, les raseurs et « artistes » du henné. Se laisser envelopper par les épices qui volent dans un tourbillon d’arômes et de senteurs, les laisser enivrer par a coriandre et la menthe fraiches, les psalmodies langoureuses de femmes.

Les souks, la mélodie des épices. Se glisser dans le labyrinthe des souks, à la lumière tamisée où les sacs « meilleurs faux » bavardent acec les mains de Fatma, où les poufs à l’odeur forte de peaux nouvellement tannées se mélange au parfum de la fleur d’oranger qui a du mal à se frayer un passage dans cette armée d’odeurs et de parfums, où le vendeurs ne regardent plus les gazelles mais leur écran de téléphone. Se laisser surprendre par le chatoiement de soieries éclatantes, par les couleurs naturelles des tapis de laine, le design des boites de henné et les babouches multicolores. Croquer dans un pain doré qui sort du four, craquer pour les galettes croustillantes, pour les crêpes ou les cornes de gazelle, se désaltérer d’un thé brûlant ou d’un jus d’amande. Attraper au vol de la poudre de cumin ou de cannelle posant en pyramide, attendant de sauter dans un tajine ou un couscous.

Pain traditionnel dans la Kasbah
Toute la journée, les habitants amènent leur pain à cuire au four à bois du quartier

Le soir, quand le soleil disparait derrière les montagnes de l’Atlas, la place change de ton. Une autre scène s’installe, les terrasses bourdonnent, Marrakech devient un tableau vivant. Les terrasses se remplissent de conversations douces, les lanternes s’allument une à une, et la ville s’embrase d’une lumière chaude, presque irréelle. On pourrait croire que tout cela est fragile, qu’un souffle suffirait à le faire disparaître. Mais Marrakech résiste, fière et belle, avec cette arrogance discrète qui fait les grandes capitales du cœur.. S’installe la lumière de la nuit chaude et vibrante des lampes et des lanternes qui s’allument une à une, embrasent l’espace. La magie de Marrakech s’intensifie furieusement. La place inscrite au patrimoine immatériel de l’humanité par l’UNESCO vibre en rouge,or et noir. Conteurs, danseurs en transe, prêcheurs, voyants. La lumière de la nuit rythme les danses et les musiques qui animent la place unique au monde, où le passé avec les femmes et hommes en tenue traditionnelle de conteurs ou de porteurs d’eau dialogue avec le monde d’aujourd’hui qui porte t-shirt au nom des stars du ballon rond…

Les rues animées au centre ville

Si nous fermons les yeux, nous pouvons entendre, imaginer les caravanes fantomatiques, poussiéreuses, somnolentes qui arrivaient sur la place qui se transformait en campement. Les chameaux chargés d’épices et de soieries, de sel et d’or, quand les caravaniers se posaient, heureux et fiers d’avoir atteints Marrakech « fille du désert et de l’Atlas ». Les méharistes contaient les légendes du Maroc, leur traversée du désert, les tempêtes de sable dans le Sahara, et le soleil qui brûle les yeux, les villes traversées, Gardaïa, Colomb-Béchar, Ouargla, Tombouctou, Sijilmassa, Gao… Aujourd’hui les caravaniers ne sont plus, mais ils ont laissé leur empreinte de mystère et d’aventure.

Entrer dans les mosquées et les musées. Oser la Medina la plus grande du pays où se perdre est un bonheur… Se mettre à l’ombre de  la Koutoubia et de son minaret qui culmine a 77 mètres. Rêver devant les murs de terre et les grosses portes cloutées qui cachent des riads somptueux avec patio enchanteur, fontaines murmurantes, végétation luxuriante.

Des riads qui comme les murailles dressent leurs murs ocre, jettent leur ombre, se penchent sur la terre ou les pavés de toutes ces petites ruelles, ces venelles qui savent se faire étroites pour ne laisser passer que des motocyclettes, des ânes ou des carrioles, les habitants et ouvriers qui enlèvent les gravas d’un tremblement de terre qui a blessé la ville, relèvent les mille murs menaçant de tomber, de finir en poussière. Dans la media et dans la casbah, les murs se montent, mille et un riads se font et se refont.

Derrière leurs portes cloutées ouvragées, le silence et le mystère, la sérénité et la mélodie s’installent. Tout n’est que chuchotement et murmure.

Le street art anime les murs, les couleurs explosent pour donner des conseils et réveiller les ocres discrets.

Trois jours de rencontres, d’enfants qui courent dans les rues, de collégiens rieurs, de lycéennes en blouses blanches, de calèches et de carrioles qui vont et viennent , de boulangers qui 24 heures sur 24 font cuire le pain des familles du quartier, de vendeurs de grenades et de figues prêtes à exploser de saveurs, d’odeurs de sardines qui grillent sur le kanoun, de pâtisseries trop sucrées mais si bonnes. Trois jours de restaurants, de goûts et de sourires, de crêpes à mille trous, de baghrir, au petit-déjeuner, promesses douces de croiser mille visages, de découvrir mille curiosités, mille éclairs de soleil sur la pierre ocre, de vivre mille instants partagés, d’écouter mille chuchotements, d’être touché par mille éclats de beauté, mille parfums de fleur d’oranger et de coriandre, de jasmin et de cuir, milles fleurs de bougainvilliers, mille régimes de dattes, mille contes et légendes des mille et une nuits…

Nous avons adoré nous perdre dans Marrakech, dans la medina, sans plan mais avec mille invitations à toucher, sentier, goûter.

Trois petits jours à Marrakech et puis s’en vont. A très vite, nous reviendrons, nous repartons mais on ne quitte jamais Marrakech, elle a rempli notre mémoire et notre coeur. Nous reviendrons, nous ne résistons pas à l’exotisme exquis de la ville, entre océan jamais très loin et montagnes altières de l’Atlas, avec vue sur le désert et les dunes. Nous succomberons encore et encore au charme de Marrakech. Ville rouge, ville émotion. Nous repartons avec des serrements au coeur et des picotements au yeux, avec l’impression de quitter une amie, une amie lumineuse, précieuse qui aime les couleurs et les parfums, une amie merveilleuse.

Par Marie-Ange Chiari

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